Medef Occitanie : "Nous attendons toujours le vrai plan de relance"
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Medef Occitanie : "Nous attendons toujours le vrai plan de relance"

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Sophie Garcia, la présidente du Medef Occitanie, était présente à Montpellier, le 20 janvier, pour un faire un tour d’horizon des urgences économiques du moment. En tant que co-présidente de la commission croissance et territoires au sein du Medef national, elle porte un jugement plutôt sévère sur le pilotage de la crise sanitaire, qui n’associerait pas assez les acteurs de terrain.

Sophie Garcia, présidente du Medef Occitanie — Photo : Medef Occitanie

Que pensez-vous du pilotage politique et économique de la crise sanitaire ?

"Je siège, avec les autres présidents de Medef régionaux, au bureau national du Medef. L’échelon régional est important pour avoir une vision de ce qui se passe sur le terrain, spécialement en Occitanie, une région très hétéroclite, qui compte 90 % d’entreprises de moins de 10 salariés côté Languedoc-Roussillon. Cette bonne articulation est majeure dans la crise que nous traversons, même si c’est difficile quand, depuis des mois, les décisions de l’Etat tombent sans prévenir et quand on nous demande de nous organiser en 24 heures. Regardez la situation des stations de ski : ne pouvait-on pas créer dans les territoires, comme l’Espagne l’a fait, une instance où siègeraient les représentants de l’Etat, de la Haute Autorité de Santé et les professionnels du ski ?

"L’Etat, à aucun moment, ne nous consulte en amont"

Je suis en communication permanente avec Carole Delga, présidente du Conseil régional d'Occitanie, et Etienne Guyot, préfet de région. J’observe toutefois que ce dernier est un pur exécutant : il est là pour faire le service après-vente des mesures imposées par l’Etat qui, à aucun moment, ne nous consulte en amont. Les ministres Bruno Le Maire et Elisabeth Borne répondent présents quand nous leur signalons des trous dans la raquette, mais seulement dans des consultations informelles, en bilatéral, avec le Medef ou les autres organisations patronales et salariales. C’est surtout sur les mesures de soutien que nous sommes écoutés. Mais nous n’avons toujours pas le comité de pilotage de la crise qui mettraient les acteurs de l’économie et les ministres autour de la même table".

Le plan de relance est-il adapté aux besoins des entreprises ?

"Le plan de relance a été seulement conçu pour les grands groupes, et les acteurs de la recherche, de l’innovation et de la transition écologique. C’est très bien, mais c’est du moyen terme. Tout fonctionne par appel à projets : l’Occitanie en a décroché une quarantaine, mais ce n’est pas avec ça qu’on va sauver l’immense majorité des entreprises, qui sont dans une situation catastrophique.

"Il existe des secteurs portés comme la santé ou le numérique, mais tout le reste est fermé"

Il existe des secteurs portés, comme la santé, le numérique ou l’innovation, mais tout le reste est fermé. Que se passera-t-il quand l’économie ne sera plus sous perfusion, comme elle l’est aujourd’hui avec des mesures, certes positives, comme le chômage partiel ? Au Medef, nous attendons toujours le vrai plan de relance. Nous en avons proposé une suite possible, qui agirait à la fois sur l’offre et sur la demande. Il faut partir de l’analyse de la situation actuelle où la consommation est à l’arrêt car les gens préfèrent épargner, et où les entreprises n’investissent plus car elles n’ont plus de visibilité. Il faut cibler l’économie présentielle, qui est si vitale dans un territoire comme le Languedoc-Roussillon".

Estimez-vous que les nouveaux outils financiers sont pertinents ?

"Le PGE (prêt garanti par l’Etat, NDLR) peut être rallongé mais les chefs d’entreprise doivent garder à l’esprit qu’ils devront le rembourser. Or les PME sont la tête dans le guidon, et peu d’entre elles s’en soucient encore. Nous recevons des signaux d’alerte envoyés par les experts-comptables qui nous indiquent qu’ils sont très sollicités sur les clôtures de bilan, mais pas assez sur les modalités de remboursement des PGE. Or les premières lettres des banques vont partir vers le mois d’avril. Si les grands groupes sont staffés pour étudier tous les scénarios financiers, ce n’est pas le cas des TPE-PME. Nous leur recommandons de garder le PGE sur leur compte par précaution, plutôt que de le rembourser tout de suite, car elles n’ont pas de visibilité. L’outil qui pourrait faire évoluer la situation de façon pertinente sera cette proposition visant à transformer les PGE en fonds propres ou quasi-fonds propres. Une prise de participation des pouvoirs publics a ceci d’intéressant qu’ils sont des partenaires patients, et qu’ils ont le pouvoir de rassurer les autres partenaires. Les premières mesures autour de ce dispositif devraient arriver en février. Il pourrait être déployé sur le terrain en lien avec des fonds privés, qui se sont déjà positionnés. Les partenariats entre public et privé sont bénéfiques car ils nous amènent à être tous solidaires".

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