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Lyra : « L'international devrait peser plus de 50 % de l'activité en 2019 »
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Anton Bielakoff directeur général de Lyra Lyra : « L'international devrait peser plus de 50 % de l'activité en 2019 »

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Spécialiste de l'acheminement et de la sécurisation des flux bancaires et des paiements en ligne, la PME toulousaine Lyra affiche une croissance régulière et soutenue de ses activités et de ses effectifs. Pour Anton Bielakoff, son directeur général, c'est le fruit d'une stratégie basée à la fois sur l'innovation et le développement à l'international.

Depuis Labège, la PME Lyra, dirigée par Anton Bielakoff, développe ses propres solutions d'acheminement et de sécurisation des transactions online et offline — Photo : © Lyra

Le Journal des Entreprises : Quels sont les principaux axes d'innovation pour Lyra (55,7 millions d'euros de CA en 2017, 250 collaborateurs) ?

Anton Bielakoff : Comme pour beaucoup d'autres secteurs, l'expérience autour du paiement est aujourd'hui constamment repensée. Avec le digital, tout va très vite. Il faut être en veille permanente et savoir anticiper les tendances du marché. Paiement instantané, paiement sur mobile, tokenisation (sécurisation en ligne des paiements, NDLR)… Depuis quelque temps, la tendance est aussi de simplifier les parcours en ligne des utilisateurs pour leur permettre des paiements par cartes bancaires, par prélèvements, mais aussi par chèques-vacances. L'une de nos dernières solutions permet des paiements par tickets-restaurants dématérialisés. Nous travaillons actuellement sur des systèmes de paiement en ligne directement intégrés dans les chatbots de nos clients, ou via WhatsApp.

Quel est le défi majeur à relever pour se positionner en leader sur ces marchés ?

A. B. : Il n'y a pas plus international qu'Internet et pas plus régionales que les pratiques de paiement. En France, les particuliers privilégient les paiements par carte bancaire, en Allemagne ils préfèrent les virements. Les règles de paiement du e-commerce varient aussi selon les pays et les cultures. Dans de nombreux pays d'Afrique, les échanges sont encore très souvent réalisés en cash. Il faut mettre en place des systèmes souples d'échange de cash contre des cartes prépayées. Tout cela nécessite d'être présent sur les différents marchés internationaux, de rester en veille sur les mécaniques de paiement de chaque région du monde et de développer des solutions adaptées aux moyens de paiement de chaque pays.

D'où le choix de vous implanter un peu partout dans le monde ?

A. B. : Le groupe Lyra est en effet présent à l’international avec 10 filiales. Des implantations ont été concrétisées très tôt en Allemagne, en Espagne, en Algérie, mais aussi au Brésil dès 2004 et en Inde depuis 2007. Nous avons ouvert des filiales au Chili, en Colombie, au Mexique et depuis peu au Pérou et en Argentine.

En 2017, ces filiales ont réalisé à peine 30 % de notre chiffre d'affaires. Mais elles devraient peser plus de 50 % dès 2019, avec des taux de croissance particulièrement forts au Brésil et en Inde. Nous avons l'ambition de consolider très vite nos positions sur ces marchés. Le chiffre d'affaires du groupe s'est établi à 55,7 millions d'euros en 2017. Il devrait être de plus de 60 millions cette année et probablement passer le cap des 70 millions en 2019.

Et en Europe ?

A. B. : Notre dynamique de croissance devrait être amplifiée avec l'obtention en 2017 de l'agrément européen d'établissement de paiement, délivré par l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution. Cet agrément va nous permettre de saisir de nouvelles opportunités. Nous pouvons dorénavant proposer des contrats uniques aux e-commerçants et à nos banques partenaires, pour tous les moyens de paiement européen et adresser les marketplaces avec un nouveau service de collecteur de fonds. Les premiers projets-pilotes démarrent.

Comment tous ces projets se traduisent-ils en termes d'emplois ?

A. B. : Depuis sa création en 2001, le groupe Lyra maintient une croissance continue, tant au niveau du chiffre d'affaires que des effectifs. À mon arrivée en 2015, le groupe employait 145 salariés. Nous sommes passés en à peine trois ans à plus de 270 collaborateurs, dont 170 en France, avec un rythme de progression de l'ordre de 40 emplois supplémentaires chaque année, sur un marché particulièrement tendu.

« Le recrutement est toujours le défi n°1 des entreprises du digital. On ne forme pas assez de développeurs en France. »

Le recrutement est toujours le défi n°1 des entreprises du digital et c'est particulièrement vrai pour les PME. On ne forme pas assez de développeurs en France. Nous sommes prêts à développer des partenariats avec des écoles et des universités pour accélérer la mise en œuvre de nouveaux cursus.

La gestion d'une entreprise en hypercroissance passe aussi par une extension du site de Labège ?

A. B. : Nous avons fait le choix, dès l'origine de la société, de concevoir nos propres solutions et de maintenir et consolider nos équipes de développement en France. C'est l'une des clefs de notre réussite. Cela passe aujourd'hui par une extension de notre site de Labège, où le chantier de construction de 4 000 m2 de locaux supplémentaires a démarré début 2018, pour une mise en service prévue à l'automne 2019. Plus de 5 millions d'euros vont être investis dans cette opération conçue pour favoriser le travail en équipe et la conduite de projets collaboratifs.

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