Pionnière mondiale en médecine depuis huit siècles, l’Université de Montpellier (UM, 51 000 étudiants, 16 facultés, 600 formations) reste tournée vers l’avenir, et notamment la médecine de demain. Elle a obtenu, en 2022, la plus grosse dotation (4 millions d’euros) parmi les 12 lauréats d’un appel à manifestation d’intérêt, lancé dans le cadre de France 2030 en santé numérique, pour son projet d’école sur le sujet. Dévoilant sa feuille de route pour 2023 et au-delà, elle ambitionne de former en cinq ans plus de 20 000 étudiants, professionnels de santé, et spécialistes aux nouveaux enjeux et pratiques du numérique en santé. "Il existe un vrai historique sur le sujet à Montpellier, avec de nombreux masters et diplômes universitaires créés depuis 10 ans. Mais un site de province doit avoir un marqueur fort et cette école, associée à notre projet d’I-Site, va consolider l’Université de Montpellier dans une filière d’avenir", affirme Philippe Augé, président de l’UM.
Cinq publics concernés
Baptisée ESNbyUM, l’école déploiera une offre, en formation initiale et continue, qui visera cinq publics. Car, en plus des étudiants et des directions de structures sanitaires et médico-sociales, le dispositif se veut ouvert et transdisciplinaire : il touchera aussi des professionnels possédant une culture en santé, comme des spécialistes du numérique ou des juristes, ainsi que les profils en charge de la réglementation et de l’évaluation de conformité en santé numérique. "Le Big Data, l’intelligence artificielle, la robotique ou la cybersécurité sont des réalités qui s’imposent au monde scientifique. Mais s’il existe des formations sur le sujet, elles ne sont pas encore assez suivies. Notre école aura pour mission de former massivement les futurs professionnels en santé, mais aussi les spécialistes du numérique, du droit ou du management touchés par la transformation profonde des pratiques que génère la santé numérique", annonce le Pr Maurice Hayot, directeur de l’ESNbyUM.
Conçue comme une école "hors les murs", l’ESNbyUM ne disposera pas d’un site dédié, mais impliquera la création de blocs de compétences intégrés, mis en œuvre dans les parcours de premier, deuxième et troisième cycles pour les étudiants, et en formation continue pour les professionnels inscrits. Pour la création de ces contenus pédagogiques, les premiers groupes de travail ont été formés en janvier 2023, tandis que les premiers formateurs de l’école seront eux-mêmes formés à compter de septembre prochain. L’ESNbyUM sera déployée à la rentrée 2024, avec 5 000 étudiants prévus en formation initiale. Parmi les métiers émergents auxquels l’école s’intéressera figurent notamment les scientifiques des données de santé, les ingénieurs cloud e-santé, les formateurs en application clinique, les experts en cybersécurité-santé…
Un consortium interprofessionnel
L’ESNbyUM dispose d’un budget total de 9 millions d’euros : à la dotation de l’État s’ajoute une aide de 600 000 euros versée par la Région Occitanie, qui veut faire de l’école le socle de son Pôle d’excellence en santé numérique, et un apport de plus de 4 millions d’euros par un consortium de 12 partenaires publics et privés. "Ce consortium associe des partenaires en amont et en aval, car nous sommes une université très professionnalisante. Il est logique qu’on s’occupe des besoins des employeurs", note Philippe Augé.
Outre l’Université de Montpellier, ce groupement de partenaires inclut des établissements de santé (CHU de Montpellier, CHU de Nîmes, Institut du Cancer de Montpellier), des écoles (IMT Mines Alès, Polytech Montpellier) et des instituts de formation (ergothérapeutes, kinésithérapeutes, infirmiers). L’ESNbyUM est aussi soutenue par le fonds de dotation Pfizer Innovation, ou encore des entreprises chargées d’apporter des ressources humaines et de l’expertise : la deeptech montpelliéraine Onaos, spécialiste de l’IA en santé, dépêchera des enseignants, tandis que Korian Academy, l’organisme de formation interne du groupe Korian, fournira des formateurs et des ingénieurs pédagogiques.
