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Ludilabel : « Le bouche à oreille d’aujourd’hui, c’est les réseaux sociaux »
Interview Toulouse # Biens de consommation

Sandrine Jullien-Rouquié dirigeante de Ludilabel Ludilabel : « Le bouche à oreille d’aujourd’hui, c’est les réseaux sociaux »

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Dans le centre de Toulouse, Ludilabel (22 salariés permanents, 60 l’été ; CA 2017 : 2,3 M€) conçoit, fabrique et vend des étiquettes personnalisables pour marquer les vêtements et affaires, principalement des enfants et des seniors. La dirigeante Sandrine Jullien-Rouquié est partie d’une idée simple pour développer un business florissant. Le marketing digital est une des recettes du succès de sa PME.

Pour sa dirigeante Sandrine Jullien-Rouquié, "la force de Ludilabel est de maîtriser toute la chaîne de A à Z, depuis la conception jusqu’à la distribution." — Photo : J. Jaulerry / Le JDE

Le Journal des Entreprises : Comment Ludilabel a-t-elle su dépoussiérer le concept de l’étiquetage ?

Sandrine Jullien-Rouquié : Notre produit en lui-même est innovant : des étiquettes autocollantes lavables en machine qui tiennent sur les vêtements, les chaussures, les objets. Elles sont plastifiées, ce qui leur donne une belle apparence, et l’on n’a pas plus besoin de repasser ou de coudre pour les fixer. D’autre part, notre offre se différencie des autres par son modèle 100 % numérique, avec une grande simplicité d’utilisation : en ligne, le client n’a qu’à choisir un design d’étiquette, sa couleur et le nom à imprimer dessus. La livraison se fait à J+1 en France. Nos design et illustrations sont actuels et régulièrement renouvelés pour coller aux tendances. Notre force, c’est de maîtriser toute la chaîne de A à Z, depuis la conception jusqu’à la distribution. Nous avons nos propres graphistes.

Le marketing digital est l’axe majeur de développement de l’entreprise. Comment êtes-vous organisé ?

S. J.-R. : Nous sommes à 100 % sur la vente en ligne mais nous compensons l’absence de contact humain en magasin par un service qualitatif de "chatbot" (robot conversationnel, ndlr), conseil téléphonique et même paiement par chèque (notamment pour la clientèle senior). Le bouche-à-oreille d’aujourd’hui ce sont les réseaux sociaux. Nous avons 190 000 fans sur Facebook, et donc une forte communauté à animer régulièrement. Nous sommes aussi à leur écoute : notre clientèle nous fait des suggestions de design intéressantes !

Il y a quatre personnes chez nous qui sont dédiées aux réseaux sociaux : un social média manager, un traffic manager, un assistant de communication (influenceur auprès des blogueurs, campagnes pub sur Google…) et un responsable de la communication digitale qui gère l’ensemble du budget communication et qui organise des partenariats - par exemple, un bon de réduction chez Ludilabel pour deux produits achetés chez un distributeur de vêtements pour enfants…

Vous avez signé des accords de licence avec les marques Disney, Marvel, Hello Kitty pour illustrer vos étiquettes. Est-ce lourd financièrement parlant pour une petite entreprise ?

S. J.-R. : Nous avons démarré avec Disney au bout d’un an et demi d’existence. Le ticket d’entrée est très élevé. Mais les dizaines de milliers d’euros que cela a représenté ont été amortis immédiatement et ont même été rentables. On a donc poursuivi et nous prévoyons de nouveaux accords. Nous avons aussi nos propres illustrations. Il nous faut sans cesse renouveler. Nous projetons de développer de nouvelles gammes de produits pour cibler d’autres marchés où l’étiquetage est nécessaire. Nous restons sur un cap de croissance à deux chiffres, au moins +25 % !

La perception de l'e-commerce diffère t-elle d'un pays à l'autre ?

S. J.-R. : Nous avons vite compris que, même en Europe, les cultures et habitudes d’achat sur Internet ne sont pas les mêmes d'un pays à l'autre. Par exemple, au Portugal, les clients utilisent une carte de débit, plus souvent que leur carte de crédit. En Belgique, on parle de "nominettes" plutôt que d’"étiquettes". Nous avons créé des sites web en français, anglais, espagnol et italien. Nous avons un site spécifique pour la Belgique, même si la langue est la même !

En ouvrant un atelier à Milan, nous voulions arriver à une livraison J+1 sur un marché qui représente 15 % de notre chiffre d’affaires. Et nous nous sommes rendu compte que le fait de vendre des produits fabriqués en Italie, c’était un vrai plus, car les Italiens sont très sensibles à cela. Nous venons de démarrer une opération de vente par Internet au Portugal. Si l’écho est bon, nous pourrions prévoir une installation en Espagne, qui rayonnerait sur toute la péninsule ibérique.

Toute la fabrication se fait sur le même site, au centre de Toulouse ?

S. J.-R. : Nos machines sont installées à l’entresol et les bureaux au-dessus. Le marketing, l’assemblage et l’expédition, les ventes, l’administratif, nous sommes tous à côté. Au vu de notre croissance, nous élargissons les murs en aménageant le fond de la cour de l’immeuble. Cela nous coûte plus cher que d’avoir un site de production en périphérie, mais c’est un choix positif : on fait des réunions hebdomadaires avec tous les chefs des postes et on gagne en réactivité et en compréhension des problématiques des uns et des autres. J’ajouterais que le fait d’être en centre-ville anime les équipes de création qui s’inspirent du tourbillon de la ville. Et, sur le plan du recrutement, on est plus attractif.

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