Positionné entre les entreprises et leurs fournisseurs, le montpelliérain Logitrade (140 salariés, CA 2021 : 145 M€) permet aux premières, depuis sa création en 1994, d’externaliser leurs achats. Cette décision stratégique présente plusieurs avantages : gains de temps et d’efficacité, respect des normes qualité et du cycle de vie des produits, uniformisation des processus, etc. Mais en 2020, la crise sanitaire a bousculé ce schéma, les services achats ayant été arrêtés chez de nombreuses entreprises. "Nous sommes alors repartis d’une feuille blanche. Notre volonté était de réinventer notre plateforme en nous inspirant de la facilité d’utilisation d’un site d’e-commerce. Nous voulions aussi rendre le travail accessible à la maison pour les salariés de nos clients", décrit Agnès Damette, PDG de Logitrade.
Un flux automatisé en intégralité
Jusqu’ici, Logitrade devait s’adapter à la demande du client, et à sa capacité à développer des interfaces compatibles avec son système antérieur. La nouvelle plateforme, baptisée "BuyXSell", a totalement automatisé le processus d’achat. Fonctionnant avec tous les progiciels de gestion intégrés (ERP), elle couvre le flux d’approvisionnement en continuité, de la recherche du produit sur le catalogue (5 millions de références) à la demande de devis jusqu’à la facturation finale. "Tout le flux est poussé, il n’y a rien à faire pour le client. Seul le fournisseur va créer son compte sur la plateforme, écrire lui-même son devis, etc. Nous allions la souplesse d’un site d’e-commerce à la robustesse industrielle d’un processus de qualification des fournisseurs", insiste Agnès Damette.
Active depuis quelques semaines, la nouvelle plateforme, selon les remontées de terrain parvenant à Logitrade, permet à ses clients de gagner jusqu’à 40 % dans le temps de traitement des commandes. Mais surtout, elle aide l’entreprise montpelliéraine à s’ouvrir à un nouveau marché. En effet, Logitrade met à disposition de ses clients, à travers ce nouvel outil, un catalogue industriel négocié en amont : aux économies liées aux gains de temps s’ajoutent donc de réelles économies d’achat. "Notre offre touchait traditionnellement les grands groupes, car il fallait un volume d’achats conséquent pour que la décision d’externaliser ait un intérêt. Avec ce nouvel outil, nous allons toucher une nouvelle catégorie de clients, allant des ETI aux grosses PME", estime Agnès Damette.
Pari réussi pour la nouvelle gouvernance
À noter que le service fourni par "BuyXSell" concerne les achats de classe C (non récurrents, de faibles montants), portant sur des familles de produits tels que les pièces de maintenance, les pièces électriques ou mécaniques, les équipements de protection individuelle… Dans un contexte international marqué par une forte pénurie de composants électroniques, Logitrade s’appuie aussi sur une autre plateforme, nommée "BuyXtrade", et dédiée aux besoins en montage industriel. En rajoutant à son offre un outil conçu pour les achats non stratégiques et non prédictibles, Logitrade élargit donc sa surface commerciale, et table sur "une croissance à deux chiffres", avec un prévisionnel se montant à 150 millions d’euros en 2022. De quoi valider la stratégie mise en place en juillet 2021, quand le management de l’entreprise est devenu majoritaire au capital. "Toute l’équipe a fortement poussé pour que l’investissement dans les outils, et donc l’investissement en capital, se poursuive", souligne Agnès Gamette. Le pari semble en voie d’être gagné.