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L’Excubateur, premier incubateur en milieu carcéral, lutte contre la récidive par l’entrepreneuriat
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L’Excubateur, premier incubateur en milieu carcéral, lutte contre la récidive par l’entrepreneuriat

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L’entreprise toulousaine L’Excubateur est le premier incubateur français en milieu carcéral. En lien avec l’administration pénitentiaire, elle entend faciliter la réinsertion des détenus en accompagnant leur projet entrepreneurial.

L’équipe de L’Excubateur : de haut en bas, Quentin Richard, responsable des opérations communication et digital, Maxence Buscato, cofondateur et directeur général, Anne-Sophie Moroni, cofondatrice et présidente et Vanessa Gary, responsable pédagogique — Photo : DR

Cofondé en 2019 à Toulouse par Anne-Sophie Moroni et Maxence Buscato, L’Excubateur, acteur de l’économie sociale et solidaire, est le premier incubateur français en milieu carcéral. L’entreprise, dont la création a été inspirée par le projet nord-américain Defy Ventures (réinsertion d'anciens prisonniers par l'entrepreneuriat essentiellement à New York et Los Angeles) avant de se structurer au sein de l’incubateur de Toulouse Métropole Première Brique, développe un programme de lutte contre la récidive par l’entrepreneuriat. Elle accompagne, à titre expérimental, depuis le début du mois d’août sa première promotion, sept détenus du centre de détention de Muret (Haute-Garonne) sélectionnés par L’Excubateur et le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) de Toulouse, et a pour vocation de s’étendre au plan national.

Bilan de compétences

Concrètement, L’Excubateur, qui a peaufiné son ingénierie pédagogique pendant la période Covid avec l’association Activ’Action, spécialisée dans l'accompagnement des personnes en recherche d'emploi, offre un bilan de compétences individuel à chaque détenu et dispense des ateliers collectifs d’1 h 30 autour de six thématiques : gestion du temps, du budget, des équipes, du réseau, de la communication et de la performance et de l’échec. Dans le cadre de ces ateliers, il fait intervenir un entrepreneur qui témoigne de son retour d’expérience en rapport avec la thématique abordée. “Ces interventions sont bénévoles, précise Maxence Buscato, le directeur général de L’Excubateur. Nous formons en amont ces chefs d’entreprise aux spécificités de la prise de parole auprès des détenus. Nous avons aussi la volonté de poursuivre cette dynamique d’engagement en créant une association qui rassemblera l’ensemble de nos intervenants." L’Excubateur assurera le suivi des anciens détenus après leur sortie. “Nous souhaitons nous positionner comme coordinateur du parcours entrepreneurial de nos bénéficiaires, poursuit-il. Nous rassemblerons l’ensemble des opérateurs pertinents du territoire sur la création d’entreprise (incubateurs, programmes de formation, financeurs…) et les opérateurs de la réinsertion sociale sur l’habitat-logement, la santé, le lien familial, le suivi administratif, des structures qui ne travaillent pas forcément en connexion aujourd’hui.”

Centre de formation

Depuis l'été 2022, L’Excubateur est aussi devenu un centre de formation agréé, à l’issue notamment d’un travail mené avec le cabinet D-cisif, basé à Muret. “Nous allons pouvoir former des opérateurs déjà présents sur les territoires, dans l’accompagnement à l’entrepreneuriat ou dans la prise en charge des publics placés sous main de justice, et leur fournir nos outils pédagogiques et numériques”, indique Maxence Buscato. Ceux-ci interviendront en prison, en vertu de contrats passés par l’entreprise avec l’administration pénitentiaire, et ils assureront l'accompagnement du détenu après sa sortie sur son lieu de résidence, moyennant un système de franchise ou de licence pour l’utilisation de ces outils. Ce modèle est en train d’être affiné au sein du programme Cité +, copiloté par la Région et l’agence Ad’Occ, auquel participe L’Excubateur, qui s’adresse aux entrepreneurs engagés dans la transition sociale ou environnementale cherchant à concilier objet social fort et efficacité économique. L’entreprise bénéficie pour l’heure de la subvention accordée par le dispositif Innov Emploi de la Région, qui est son principal financeur, et d’autres financements émanant de la Direction interrégionale des services pénitentiaires (Disp) et de l’Agence du travail d’intérêt général et de l’insertion professionnelle (Atigip) du ministère de la Justice.

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