Après la levée de fonds de 70 millions d’euros réussie en novembre 2021, l’éditeur et distributeur de jeux vidéo Plug In Digital (150 salariés, CA 2022 : 22 M€), basé à Montpellier, actionne la stratégie de croissance externe qu’il annonçait à l’époque. Il signe l’acquisition du studio de développement Celsius Online (80 salariés), basé à Paris et à Lille, en misant sur la complémentarité des deux entreprises. "Celsius Online s’appuie sur deux business models, dont l’un est tourné vers le grand public, et l’autre vers les éditeurs pour qui il développe des projets. Pour notre part, nous sommes orientés à la fois vers la distribution et l’édition. Nous les aiderons à passer un cap, en abordant des marchés tels que la Chine et des segments tels que les jeux sur PC, tandis qu’ils nous permettront de nous renforcer dans le Live Ops (format de jeux amenés à évoluer dans le temps, NDLR)", analyse Francis Ingrand, PDG de Plug In Digital.
Un nouveau poids lourd européen
Depuis sa création en 2004, Celsius Online a développé une douzaine de jeux, pour lui et pour le compte d’autrui. Sa production est orientée en majorité vers les jeux sur mobiles et "free to play" (d’accès gratuit). Au sein de Plug In Digital, la marque sera conservée et cohabitera avec les deux labels d’édition de l’entreprise montpelliéraine, baptisés "PID" et "Dear Villagers". "Celsius Online gère déjà plusieurs licences non négligeables, comme une licence Marvel ou encore Le Loup-Garou de Thiercelieux (grand succès des jeux de société français au cours des dernières années, NDLR). Nous conserverons donc la marque car notre intention est d’évoluer autour de plusieurs pôles. Par ailleurs, le studio s’est forgé une véritable image de marque et il est important de rester fidèle à ses valeurs si on veut continuer à attirer des talents, surtout en période de pénurie", souligne Francis Ingrand.
C’est un nouveau cap stratégique pour Plug In Digital. L’entreprise travaillait d’abord en collaboration avec quelque 350 studios de création indépendants dans le monde, dont 80 en France. Puis elle a peu à peu rajouté des cordes à son arc en renforçant son pôle édition. Avec cette acquisition, elle acte sa transformation en véritable groupe : des négociations sont déjà à un stade avancé pour une deuxième opération de croissance externe, visant un studio espagnol. "Nous accélérons la concentration du secteur du jeu vidéo. Nous voulons bâtir un groupe de taille européenne, tout en restant ancré à Montpellier. D’ici deux à trois ans, Plug In Digital devrait compter de cinq à six sociétés, et atteindre le cap des 250 salariés", imagine Francis Ingrand.
Une émergence remarquée
Sur son périmètre historique, Plug In Digital reste sur une croissance régulière, de 30 à 50 % par an. En seulement deux ans, le label PID (7 salariés) a trouvé sa vitesse de croisière : s’appuyant sur des temps de développement plus courts, il prévoit de sortir pas moins de 12 jeux cette année. De son côté, Dear Villagers, qui travaille sur des productions plus lourdes, n’a sorti que deux jeux à ce jour : il en projette cinq cette année, et six ou sept en 2024. Il a, pour cela, été nécessaire de recruter 20 personnes au sein de ce deuxième label. "Depuis la levée de fonds de 2021, nous avons investi sur nos capacités en édition, en plus de préparer des acquisitions ciblées. Nous avons construit une offre cohérente, d’une vingtaine de jeux par an. Nous avons la totale maîtrise de nos produits, ce qui nous permet d’en gérer la diffusion sur les plus grosses plateformes de jeux en ligne, telles que Playstation et Steam", rajoute Francis Ingrand.
Et la trajectoire de Plug In Digital ne passe pas inaperçue, au sein d’une industrie mondiale du jeu vidéo qui bat des records d’activité depuis la crise sanitaire (200 milliards de dollars en 2022). Elle a déjà convaincu le fonds Bridgepoint, pourtant sans expérience du milieu, d’entrer à son capital. "Nous voyons les regards changer, même à l’international. Sur les grands salons professionnels, les géants du secteur comme Microsoft et Sony viennent nous rencontrer, preuve que nous atteignons une taille suffisante", sourit Francis Ingrand.
