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Le spécialiste du solaire Urbasolar va doubler de taille en 2021
Montpellier # Production et distribution d'énergie # Investissement

Le spécialiste du solaire Urbasolar va doubler de taille en 2021

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Devenu le bras armé de l’énergéticien suisse Axpo dans le solaire photovoltaïque, Urbasolar a triplé de taille en deux ans. Le pure player montpelliérain est désormais capable de tailler des croupières à EDF ou Total dans les grands appels d’offres nationaux, en attendant mieux.

Installée en 2020 par Urbasolar sur l'ex-site d'AZF, la centrale solaire de l'Oncopole de Toulouse (15 MW) est le plus gros équipement de ce type construit à ce jour en milieu urbain en France — Photo : Urbasolar - Light Ailium

Avec 246 millions d’euros, Urbasolar a obtenu en décembre 2020 le plus gros financement bancaire de l’année dans le secteur du solaire en France mais peut-être bien aussi, selon certaines sources, le plus gros de l’histoire pour un portefeuille de centrales photovoltaïques à construire. L’entreprise montpelliéraine (160 salariés, CA 2019 : 132 M€) dispose donc des fonds pour lancer les 40 projets (puissance totale : 310 GWh) décrochés dans le cadre du dernier appel d’offres ouvert par la Commission de régulation de l’énergie, mais surtout des moyens pour continuer à grandir. Urbasolar tire son épingle du jeu qui a vu, en moins de dix ans, les pure players de l’énergie créés en Languedoc-Roussillon (Quadran, Luxel, Vol-V, Valeco) se faire racheter les uns après les autres par les majors du secteur en Europe (Total, EDF, Engie et l’allemand EnBW).

L’entreprise a fait le choix, en juillet 2019, de s’adosser au groupe suisse Axpo (4 500 salariés), présent dans le nucléaire et l’éolien mais pas le solaire, selon un cahier des charges très précis. « Nous ne voulions pas vendre à quelqu’un qui aurait tout réorganisé en démantelant. Nous voulions aussi une exclusivité nous garantissant que le groupe ne rachètera pas d’autres entreprises du même type dans les trois ans », raconte Stéphanie Andrieu, directrice générale d’Urbasolar.

Investir plus pour grossir plus

Dit autrement, Urbasolar a su garder son autonomie tout en s’appuyant sur un partenaire qui dispose d’une puissance financière considérable. Pilotant sa propre stratégie, y compris dans le recrutement, l’entreprise a triplé de taille en deux ans, avec un chiffre d’affaires de 132 millions d’euros (pour 125 MW installés) en 2019-2020, qu’elle devrait porter à 250 ou 260 millions (pour 250 MW installés) en publiant ses comptes le 30 avril prochain. « Par le passé, nous réalisions des projets de 2 MW en moyenne, alors qu’aujourd’hui nous en faisons souvent à 20 ou 25 MW », commente Stéphanie Andrieu. Sur le marché intérieur, Urbasolar profite aussi d’une évolution notable du marché des énergies renouvelables, avec le boom des contrats de droit privé d’achat d’électricité, qui peuvent être rédigés par des tiers non-énergéticiens (jusqu’à présent les opérateurs d’énergies renouvelables avaient l’obligation de revendre l’électricité produite à EDF, NDLR). Par exemple, le montpelliérain vient de signer un accord d’approvisionnement avec le groupe Aéroports de Paris, en attendant d’autres (grosses) prises qu’il annoncera sous peu.

La capacité d’innover

Sur le front de l’export, Urbasolar a surtout évolué sous de lointaines latitudes. « Nous sommes très présents en Afrique, où nous développons des projets au Sénégal et au Burkina-Faso actuellement. Nous avons aussi gagné des marchés dans des pays comme le Kazakhstan ou la Bulgarie », cite Arnaud Mine, président d’Urbasolar. Si les deux dirigeants restent discrets pour l’instant, l’Europe semble la suite logique pour une entreprise devenue le bras armé d’un énergéticien de taille mondiale…

Enfin, la nouvelle assise financière d’Urbasolar lui donne aussi la capacité d’innover. L’appel d’offres remporté fin 2020 porte sur une grande variété de technologies solaires : centrales flottantes, ombrières, agrivoltaïque, etc. « Nous avons toujours innové, en créant par exemple nos propres flotteurs. Mais la progression technologique est permanente, et nous amène à collaborer avec des laboratoires. Beaucoup de choses restent à inventer », rajoute Stéphanie Andrieu, que rien ne semble effrayer.

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