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Le nouveau cluster EDEN veut décarboner l’industrie
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Le nouveau cluster EDEN veut décarboner l’industrie

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Réuni autour de Genvia, spécialiste de la production d’hydrogène décarboné, un groupe d’acteurs industriels et institutionnels annonce la création du cluster EDEN. Basé à Béziers, il vise à impulser un nouvel écosystème autour des énergies vertes, en jouant sur les leviers de la formation, du foncier et de l’innovation.

Florence Lambert (Genvia), Hugues Moutouh (Préfet de l’Hérault), Carole Delga (Région Occitanie) et Luc Mas (Schlumberger) annoncent la création d’EDEN — Photo : Anthony Rey

Officialisée en mars 2021, la naissance de Genvia (100 salariés), joint-venture pour la production d’hydrogène décarboné créée par le CEA et Schlumberger, a donné à plus d’un titre une nouvelle impulsion au bassin industriel de Béziers (Hérault). La société, qui ambitionne de devenir un leader mondial dans la fourniture d’électrolyseurs au meilleur coût, a d’abord renforcé le poids industriel de l’usine locale de Schlumberger (ex-Cameron), où elle est installée. Elle devient aujourd’hui le pivot d’un nouveau cluster, unissant partenaires économiques et institutionnels dans l’ambition de développer une nouvelle filière autour des énergies renouvelables dans le Biterrois.

Un dispositif tourné vers l’anticipation

Baptisé EDEN (Écosystème Durable et Énergies Naturelles), ce dispositif permettra de donner un cadre aux différents partenaires pour identifier en anticipation les besoins de cette future filière. Sans structure juridique dédiée, le cluster se réunira tous les six mois afin de favoriser les échanges dans cinq collèges thématiques : innovation, formation, qualité de vie, foncier et attractivité. "L’usine de Schlumberger a su se renouveler avec Genvia. Mais développer une nouvelle filière stratégique prend du temps. Il faut dérisquer les différentes étapes de ce processus. EDEN permettra de synchroniser les partenaires sur les sujets qui échappent aux industriels, comme la formation et l’attractivité", apprécie Florence Lambert, directrice générale de Genvia.

"La croissance de Genvia va bouleverser le tissu socio-économique de Béziers"

Les acteurs publics figurent en bonne place dans ce dispositif, dont le comité de pilotage a été installé le 30 septembre. Représentant l’État, qui accompagne Genvia avec plus de 200 millions d’euros d’aides au titre de France Relance et France 2030, le préfet de l’Hérault Hugues Moutouh souligne la pertinence du modèle : "La clusterisation a déjà prouvé son efficacité dans la Silicon Valley aux États-Unis, à Bangalore en Inde, ou à Shenzhen en Chine. Mais la croissance de Genvia va bouleverser le tissu socio-économique de Béziers. Ce sont 100 nouveaux salariés qu’il faudra trouver tous les ans à compter de 2025", prévient-il. Pour sa part, la Région Occitanie a choisi de devenir actionnaire de Genvia dès sa création. Elle en fait un axe majeur de son propre plan Hydrogène Vert, doté de 150 millions d’euros sur la période 2020/2030. "Depuis mon élection en 2015, j’agis pour la souveraineté industrielle et énergétique de la région. Nous devons pour cela nous appuyer sur les bassins industriels forts ou qui l’ont été. De la même façon que la filière aéronautique dispose d’une supply chain, nous mobiliserons à Béziers une chaîne de l’innovation afin qu’elle génère de la valeur ajoutée sur le territoire", ambitionne Carole Delga, la présidente de Région.

La question du foncier disponible

Genvia sera naturellement l’animateur du collège industriel au sein d’EDEN. "L’hydrogène sera la clef de voûte de la transition énergétique, dans les batteries de voiture pour la mobilité, dans de nouveaux projets d’usines comme celui de Port-la-Nouvelle (porté par le groupe montpelliérain Qair, NDLR) ou dans les démarches de décarbonation lancées par les cimenteries ou les aciéries", analyse Florence Lambert. De fait, EDEN s’est déjà mis en rapport avec ITS Fusion, le réseau biterrois qui regroupe des entreprises de l’automatisme, de l’hydraulique, de la mécano-soudure et de l’usinage. Genvia prévoit aussi d’embarquer des partenaires clefs qu’elle a déjà signés, tels que Vicat, EDF ou Swiss Steel.

En matière de formation, EDEN prévoit que de nombreux postes seront en pourvoir en thermique, en pilotage de ligne de production ou en assemblage et câblage électrique. Des partenariats avec les lycées techniques de Béziers et les universités régionales sont évoqués en cas de cursus manquants. En revanche, sur le plan du foncier, EDEN devra jouer une partie serrée en raison de la propre trajectoire de Genvia. Celle-ci a reçu de la Première ministre Élisabeth Borne, le 28 septembre, l’assurance qu’elle figurera parmi les 10 projets de giga-usines que l’État veut aider à hauteur de 2,1 milliards d’euros dans le cadre de sa stratégie hydrogène. Si les actionnaires de Genvia prennent la décision (hautement probable) de la construire à Béziers, ses effectifs bondiront à 500 salariés et ses besoins en foncier se chiffreront en hectares. Mais Hugues Moutouh se veut optimiste. "Béziers est non seulement le bassin le plus industriel de l’Occitanie Est, mais il concentre aussi le plus de terrains disponibles. On peut envisager, à terme, un potentiel de 200 hectares que le dispositif EDEN aidera à valoriser", conclut-il.

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