L’engouement pour le "fabriqué en France" est tel qu’il permet désormais aux gros artisans de passer au stade de petits industriels. En témoigne la réussite du perpignanais LCS Groupe (33 salariés, CA 2021 : 1,7 M€), fondé en 2014 par Nicolas Gomarir, pur autodidacte fan de rugby. L’entreprise s’est développée en proposant une offre de textiles personnalisables à des fins professionnelles ou promotionnelles. Gérant un portefeuille de plus de 100 clients, formé d’associations sportives et de collectivités territoriales pour l’essentiel, la PME catalane produit 2 000 pièces par mois, mais veut aller plus loin.
Renouer avec la modernité
LCS Groupe porte un projet de manufacture destiné à tripler sa production, en passant à 6 000 pièces par mois (300 par jour). L’opération, qui mobilise un investissement de 2 millions d’euros, vient de recevoir l’appui du plan France Relance dans le cadre de la démarche "Territoires d’industrie". Le futur bâtiment, d’une surface de 2 000 m2, lui permettra d’acheter du matériel plus performant et d’installer un mode de production écologique (l’impression de différentes variétés de tissus en un seul jeu), complémentaire de ses équipes actuelles, formées de couturiers et couturières, brodeurs et brodeuses et sérigraphes. "Nous disposons d’un modèle souple, qui nous permet de nous adapter à la demande. Avec la manufacture, nous pourrons créer rapidement de nouveaux produits si nous identifions un besoin émergent sur un marché. Les commandes issues de certains acteurs de l’e-commerce nécessitent par exemple d’avoir des process de production adaptés", analyse Nicolas Gomarir.
Comme beaucoup d’autres PME régionales, LCS Groupe se heurte à une pénurie de talents au sein d’une filière textile frappée par des décennies de délocalisation. Aussi, la manufacture intégrera un centre de formation visant à prérecruter de futurs collaborateurs, car l’entreprise vise le cap des 60 salariés à l’horizon 2025, une fois l’outil opérationnel. "Cette unité de formation nous permettra de les faire monter en technicité. Mais il faut trouver d’autres moyens d’attirer les jeunes, en redonnant une fierté à un métier parfois dénigré, en lui donnant une approche nouvelle", estime Nicolas Gomarir. Ce dernier mise donc sur un projet fortement écoresponsable, avec un bâtiment éco-suffisant en énergie, un parc de voitures électriques pour les commerciaux et l’utilisation de tissus recyclés issus de plastiques collectés en mer.
Une marque en plein essor
Par ailleurs, LCS Groupe a créé, en 2018, sa propre marque de maillots de sport, baptisée Le Maillot Français. Elle est déclinée en produits basiques pour particuliers, et produits personnalisés pour les clients professionnels et institutionnels. La PME catalane s’apprête à la renforcer avec le lancement d’une gamme de sportswear, avec l’ambition d’élargir ses cibles dans le monde du sport : après le rugby, le basket et le running, LCS Groupe veut notamment s’orienter vers la voile et le cyclisme.
Le Maillot Français se développe fortement sur le plan national, avec des contrats de plus en plus significatifs. Parmi les derniers figurent la conception du maillot officiel de la Transat Jacques Vabre, ou encore un marché conclu avec l’Union nationale du sport scolaire, qui va acheter des centaines de maillots pour les collèges. La marque profite même d’un essor à l’international, puisque LCS Groupe va équiper les équipes nationales issues de 50 pays dans le cadre de la SSL Gold Cup, une course mondiale de course au large. L’entreprise mise sur son outil de production mais aussi sur sa spécificité – l’accompagnement au plus près de ses clients, afin de déterminer leurs besoins en produits et marquages spécialisés – pour accélérer le déploiement du Maillot Français aux plans national et international.
