Lannemezan : La revitalisation est-elle un échec ?
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Lannemezan : La revitalisation est-elle un échec ?

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Sept ans après la fermeture de l'usine Alcan-Péchiney à Lannemezan dans les Hautes-Pyrénées, Carbone Savoie supprime son site industriel et ses 60 emplois.
— Photo : Le Journal des Entreprises

« Notre production va être rapatriée sur Notre-Dame de Briançon en Savoie, se désole Henri Cazes, délégué CGT au sein de Carbone Savoie à Lannemezan. Selon la direction, pour des raisons de carnet de commandes trop faibles en 2014. Certes, cette situation a commencé en 2013 mais on a fini avec un cashflow positif. Le marché de l'aluminum dont on est dépendant a des prédictions catastrophiques jusqu'en 2019, mais les analystes évoquent une reprise dès 2015. » L'usine de Carbone Savoie (groupe Rio Tinto) des Hautes-Pyrénées est spécialisée dans la cuisson et l'usinage. Avec 60 salariés, l'annonce début 2014 de la fermeture de l'usine a résonné comme un coup de tonnerre dans la région. Coup dur pour les salariés dont une grande partie viennent de Péchiney et de son opération de reconversion en 2008. Quelques sous-traitants sont aussi touchés : une dizaine de personnes qui font de la maintenance sur le site, et trois personnes dédiées aux travaux sur conduits de cheminées. L'avis final du comité central d'entreprise sur le plan social annoncé est attendu pour le 19 juin. « Nous proposons de nous adapter au carnet de commandes, d'envisager un chômage technique tournant », plaide Henry Cazes.




Le rôle de l'État

Du côté de l'État, « nous sommes très attentifs à l'évolution de la situation et nous veillerons aux obligations et aux droits de chacun », assure Stéphane Castaglioli, sous-préfet de Bagnères-de-Bigorre, qui attend la fin du dialogue social pour intervenir. Si le plan social se confirme, Carbone Savoie sera soumise à une opération de revitalisation, avec une contribution financière dont le montant sera défini dans le cadre d'une convention avec l'État. Il faudra mesurer l'impact sur le territoire, rechercher des repreneurs du site, ou de nouvelles activités dans l'entreprise. L'ironie du sort touche cette commune, présentée jusqu'à aujourd'hui comme "un cas d'école" en terme de de revitalisation. Pour rappel, les 300 emplois détruits par Péchiney en 2007 avaient tous été recréés, grâce notamment à l'implantation de Carbone Savoie (62 emplois) et du groupe allemand Knauf (135 emplois créés sur place). Cette revitalisation est-elle, dès lors, un échec ? « La fermeture de Carbone Savoie est une mauvaise nouvelle mais ce n'est pas l'échec d'une politique de revitalisation, laquelle ne passait pas uniquement par cette entreprise. Le nombre d'emplois concernés à l'époque était aussi plus conséquent que 60 », relativise un représentant de l'État sous couvert d'anonymat.




D'autres plans sociaux en région

Le plan social de Carbone Savoie va s'ajouter à une liste déjà bien fournie en Midi-Pyrénées. En mars, la Préfecture a reçu une délégation de salariés d'Airbus Defence & Space, suite à l'annonce de 396 suppressions à Toulouse. « Cela arrive aussi dans des industries d'avenir, pour des questions de compétitivité », souligne Robert Castagnac, commissaire au redressement productif à la Préfecture Midi-Pyrénées. Autre exemple récent, celui de la base logistique d'Intermarché à Lectoure, dont la fermeture concerne 243 emplois, avec un impact supplémentaire sur la sous-traitance (20 emplois chez des transporteurs). La convention de revitalisation a été signée fin 2013, portant sur 36 mois. Mais parfois, l'entreprise n'est plus là pour tenir ses engagements, à l'instar du groupe Cauval, qui a liquidé Confort et Systèmes à Séverac-le-Château en 2013 (230 salariés) et s'est placé en redressement judiciaire. « Nous suivons 274 entreprises et 16.000 emplois en Midi-Pyrénées depuis juillet 2012 dans un dispositif de veille ou d'accompagnement. Parmi elles, 120 sont tirées d'affaire depuis deux ans et 55 sont mortes ou restructurées », note Robert Castagnac.




Mieux vaut prévenir

Pour ce dernier, l'idéal est de détecter les difficultés des entreprises le plus en amont possible, « pour avoir encore des marges de manoeuvre ». « Nous venons de créer un site internet d'information qui se veut un guide pratique pour le chef d'entreprise. Les messages que nous voulons faire passer sont les suivants : ne restez pas isolés, ayez confiance, la confidentialité est assurée. Dialoguez avec l'un des 34 partenaires de notre réseau (Medef, CCI, Urssaf, Tribunal de commerce, etc, ndlr), sur votre situation, avant qu'elle ne s'aggrave. » Cette initiative, étendue à la Région, concerne TPE et PME.


www.tpe-pme-prevenir-31.com

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