La Snam mise gros sur les batteries neuves recyclées
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La Snam mise gros sur les batteries neuves recyclées

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La Société nouvelle d'affinage des matériaux (Snam) se lance dans la commercialisation de batteries neuves composées d'au moins 80 % de composants recyclés, grâce à un système de test unique au monde qui garantit leur fiabilité. Pour les fabriquer, la société investit 27 millions d'euros dans une nouvelle usine de 40 000 mètres carrés en Aveyron.

La Snam vient de terminer le développement de ses batteries neuves à au moins 80 % de composants recyclés — Photo : Snam

Président de la Société nouvelle d'affinage des matériaux (Snam) depuis 2007, Éric Nottez est un chef d'entreprise qui n'a pas froid aux yeux. Ex-administrateur financier et commercial pour la marque Dacia, il avait la responsabilité de plus de 1 800 collaborateurs. Autant dire que passer de 116 à plus de 700 personnes au sein de la Snam dans les quatre ans ne lui fait pas peur...

Fondée en 1977 en Rhône-Alpes, la Snam était historiquement spécialisée dans la fonderie et la fabrication d'alliages à partir de matériaux non-ferreux. Une activité gloutonne en carburants fossiles et en main d'oeuvre. L'entreprise, qui possède une implantation à Viviez, au coeur du bassin houiller de l'Aveyron, depuis 1987 - le siège accueillant aujourd'hui 77 salariés - s'est donc orientée vers le recyclage des composants de batteries au cadmium, que l'on trouve notamment dans les locomotives. Mais en 2007, le cours des matières premières chute. « La Snam a fait appel à moi pour redresser la barre, raconte Éric Nottez. Nous avons abandonné la fonderie et travaillé en R&D, en lien avec le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives, pour nous diversifier et être capables de recycler les composants de tout type de batterie : lithium, nickel, cobalt, cuivre, aluminium, zinc... Aujourd'hui, nous gérons tout sauf le plomb. »

Vers l'éco-conception

La Snam a généré 14,6 M€ de CA en 2018 grâce à cette activité de recyclage et les services associés. La PME aveyronnaise propose des caissons de confinement pour le transport des batteries usagées jusqu'à son usine, la collecte de déchets dangereux ou non-dangereux à travers toute l'Europe, ou encore le diagnostic de l'état de batteries. Ses principaux clients sont des producteurs d'énergie, constructeurs automobiles, fabricants de batteries et éco-organismes.

Mais, problème intrinsèque au recyclage, les clients ne cèdent pas leurs batteries abîmées à plus de 50 % de leur valeur et, à la revente, le produit recyclé est dévalué aux yeux de l'acheteur. Pour échapper à ce paradigme, la Snam, qui dépense plus d'un million d'euros par an en R&D, s'est penchée sur deux axes de développement en chimie et en éco-conception. Et depuis 2017, le nombre de collaborateurs a doublé.

Des batteries neuves en composants recyclés

« Côté chimie, nous fabriquons des produits et des sels recyclés de plus en plus purs, qui peuvent être utilisés directement dans des applications complexes », souligne le président de la Snam. La société fournit par exemple de l'oxyde de cobalt à des céramistes italiens spécialisés dans le carrelage de luxe. Elle prépare aussi des sulfates de nickel qui rentreront bientôt dans la fabrication de batteries au Japon.

En outre, le projet Phénix avec le CEA vient d'aboutir après dix ans. « Nous avons mis au point un système de diagnostic qui permet de tester 100 % des composants d'une batterie. Le test mécanisé permet de savoir si un élément est réutilisable en l'état, et si oui dans quel cadre et pour combien de temps. Si non, la pièce est détruite et sert à la fabrication de sels ou de matières premières recyclées, pouvant entrer dans la composition d'une nouvelle batterie », décrit Éric Nottez.

« Ce marché devrait connaître une croissance telle que nous estimons notre chiffre d'affaires dans 10 ans à plus de 100 millions d'euros. »

Car ce sont bien des batteries neuves, réalisées à partir d'au moins 80 % de composants recyclés, que la Snam compte commercialiser. Grâce au système de diagnostic, ces batteries pourront être testées avec précision et permettre l'industrialisation, en garantissant la régularité entre toutes.

100 M€ de CA dans dix ans

Pour mener à bien cette nouvelle activité, la Snam investit 27 M€ dans une nouvelle usine, qui pourra être divisée en plusieurs sites autour de Viviez. Un premier atelier de 2 000 m2 permettra de démarrer la production dès 2019, suivi d'une deuxième phase de construction de 20 000 m2 pour 2021 et enfin 40 000 m2 au total en 2023. « Les fonds sont en train d'être levés, mais en tout seize actionnaires historiques, banquiers et industriels intéressés pour se fournir en batteries en grandes quantités et à moindre coût dans le futur, souhaitent rentrer au capital. Nous sommes en pleine phase de sélection », assure Éric Nottez.

L'entreprise planifie d'embaucher 645 personnes d'ici à quatre ans pour faire tourner l'usine. « Nos nouvelles batteries seront adressées aux industriels et énergéticiens, pour lesquels nous assurerons maintenance et recyclage, appuie le patron. Ce marché devrait connaître une croissance telle que nous estimons notre chiffre d'affaires dans dix ans à plus de 100 millions d'euros. » Pour la Snam, l'essentiel est de conserver une longueur d'avance : la société travaille déjà sur l'électronique de pilotage des batteries avec en perspective, une « grosse révolution ».

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