« Je préconise d’élargir notre champ de compétences »
Interview # Santé # Innovation

Liberto Yubéro Liberto Yubéro « Je préconise d’élargir notre champ de compétences »

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Président du pôle de compétitivité Cancer-Bio-Santé et directeur de l’innovation externe chez Pierre Fabre, Liberto Yubéro dresse un bilan en demi teinte du pôle qu’il préside depuis trois ans. Diversification, fusion, meilleur suivi des entreprises… Au moment de l’Oncoweek, du 3 au 7 février, il livre ses pistes pour gagner en efficacité.

Liberto Yubéro, président du pôle de compétitivité Cancer-Bio-Santé — Photo : Pôle Cancer-Bio-Santé

2018 sera l’année du bilan pour le pôle de compétitivité Cancer-Bio-Santé que vous présidez. Etes-vous satisfait ?

En effet, 2018 marque la fin de la période du contrat de performance signé avec l’Etat depuis 2013, un bilan d’activité du pôle sera donc effectué. A partir de là des pôles peuvent disparaître, d’autres fusionner… Tout est possible.

Depuis sa création en 2005, CBS a labellisé 192 projets dont 89 financés par des fonds publics pour un montant total de 101,6 millions d’euros sur une assiette de dépenses totales de 239,4 millions d’euros. Ce bilan n’est pas totalement satisfaisant à mes yeux, il convient cependant de l’observer à l’aune de l’environnement et des thématiques qui nous sont accordées. Nous ne sommes pas un pôle généraliste, nous sommes simplement positionnés sur deux niches, l’oncologie et le vieillissement. Pour devenir plus efficients, je préconise d’élargir notre champ de compétences. C’est d’ailleurs une demande que nous avons formulée à la direction générale des entreprises, un sujet que nous abordons avec les financeurs régionaux.

Quelles pistes préconisez-vous pour élargir le champ du pôle Cancer-Bio Santé au-delà de l’oncologie et du vieillissement ?

Il y a deux ans nous avons organisé BactoBac le premier colloque consacré à l’innovation face au défi bactérien. Il a donné lieu à de nombreux contacts entre entreprises et laboratoires de recherche. Ce sujet des résistances bactériennes émergentes est un enjeu mondial de santé publique, qui devrait selon l’OMS entraîner plus de morts que le cancer. Il coûtera très cher à la collectivité mondiale dans les prochaines années si rien n’est fait. C’est typiquement une thématique à laquelle nous aimerions nous consacrer au sein du pôle. D’ailleurs une seconde édition de BactoBac aura lieu en décembre 2018.

Autre piste, le vieillissement, un sujet sur lequel nous n’avons pas forcément eu le temps ou la matière à faire émerger de nouveaux projets. Aujourd’hui nous nous y attachons avec la thématique de la e-santé et préconisons de développer des projets de double compétence, notamment dans le cadre du rapprochement avec le pôle Aerospace Valley initié il y a deux ans.

Vous évoquez de possibles fusions de pôles, CBS pourrait-il fusionner avec Eurobiomed, le pôle santé de l’ex Languedoc-Roussillon ?

La question a en effet été évoquée lors de la création de la région Occitanie et elle se pose encore aujourd’hui. Cela pourra éventuellement se concrétiser en 2018, année charnière au cours de laquelle les interventions de l’Etat deviendront plus pragmatiques au sein des pôles tandis que les Régions deviendront des financeurs plus importants.

CBS est situé au cœur de l’Oncopole et soutenu par Pierre Fabre, cet environnement est-t-il suffisamment attractif d’un point de vue économique ?

La mission de soutien du pôle s’inscrit dans la continuité de ce que Pierre Fabre avait souhaité, c’est à dire la création d’un site dédié à la lutte et à la recherche sur le cancer. Mais au sein de Pierre Fabre l’idée d’élargir les thématiques du pôle au delà du cancer chemine aussi. Quant à l’attractivité, c’est un des éléments clés du développement de l’oncopole. Le bioparc by Sanofi a accueilli Evotech et compte aujourd’hui 12 entreprises sur place : ce n’est pas suffisant. Si les entreprises sont bien accueillies, il manque sans doute un guichet unique pour leur proposer un accompagnement et des financements adaptés à chaque étape de leur développement. C’est d’autant plus important dans le domaine de la santé, où beaucoup reste à faire en dehors des fonds d’amorçage.

N’est-ce pas le rôle du pôle de compétitivité ?

Faire en sorte que l’environnement de ces entreprises soit incitatif et qu’elles puissent faire appel à des laboratoires publics, c’est le rôle du pôle et nous le remplissons notamment dans le cadre d’un partenariat avec Biomedical Alliance. Mais il faudrait sans doute aller plus loin en créant, pourquoi pas, un fonds de financement spécifique dédié aux Biotechs.

Vous êtes co-organisateurs de la Toulouse Oncoweek du 3 au 7 février 2018 prochain, quelle est votre mission ?

Nous intervenons pour favoriser les rencontres entre industriels, start-up et chercheurs. Lors de la précédente édition 14 pitch de sociétés et 140 rendez-vous BtoB ont eu lieu. Les sujets qui intéressent les industriels concernent le dépistage du cancer, le diagnostic, l’influence sur le parcours du patient. C’est sur ces critères que nous sélectionnons les entreprises participantes.

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