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i-Run allonge sa foulée sur le marché du running
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i-Run allonge sa foulée sur le marché du running

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La société toulousaine i-Run, leader français de la vente d’articles de running, se voit renforcée par un LBO d’une centaine de millions d’euros. Cette opération va soutenir sa croissance et l’aider à développer ses nombreux projets : nouveau siège social, ouverture de magasins, et déploiement à l’international.

Spécialiste de la chaussure pour la course à pied, i-Run projette l’ouverture de plusieurs magasins en France et en Europe — Photo : i-Run

La société i-Run (130 collaborateurs, CA prévisionnel 2022 : 110 M€), basée à Castelnau-d’Estrétefonds (Haute-Garonne), leader français de la vente d’articles de running, trail, outdoor, fitness et athlétisme (22 % de part de marché sur la chaussure de running), assume son ambition de conquérir l’Europe à la faveur d’une opération d’investissement d’un montant total d’une centaine de millions d’euros. Pour des raisons personnelles, son président et fondateur Emmanuel Vidal, 53 ans, souhaitait réorganiser le capital de l’entreprise et en donner l’accès à une quinzaine de ses managers clés. Le dirigeant s’est alors tourné vers la société d’investissement parisienne Geneo Capital. Celle-ci a réuni un groupe d’investisseurs auxquels se sont joints la holding drômoise Eximium, la MACSF (mutuelle d’assurance des professionnels de la santé) et Bpifrance. “Geneo est une société de gestion créée il y a 3 ans et demi, situe Delphine Jarnier, directrice associée de Geneo, qui a piloté l’opération. Nous ne sommes pas un fonds d’investissement qui a une durée limitée et c’est pour cela que nous nous définissons comme un investisseur de long terme. Cela nous permet d’investir dans des PME et ETI qui veulent devenir des leaders nationaux ou européens en suivant le rythme de leurs projets et non pas un rythme financier parallèle. Nous accompagnons aussi toujours notre investissement par un plan d’impact. Nous gérons aujourd’hui un peu plus de 500 millions d’euros et nous avons réalisé une vingtaine d’investissements.”

Geneo Capital, première en Occitanie

Geneo Capital réalise ainsi sa première opération en Occitanie. “L’équipe d’i-Run regroupe des passionnés de running, elle est très engagée et ce n’est pas banal, poursuit Delphine Jarnier. Elle a l’écoute de géants comme Adidas ou Nike qui apprécient notamment son positionnement sur la vision technique des produits, ce qui n’est pas courant chez un distributeur. Nous allons l’aider à atteindre l’objectif de réaliser un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros d’ici 4 à 5 ans.” Cette opération est la deuxième levée de fonds réalisée par i-Run. En 2015, la société de gestion toulousaine iXO Private Equity (sortie du capital aujourd’hui) et Bpifrance avaient investi 5 millions d’euros pour renforcer les fonds propres de cette société déjà en forte croissance et rentable, qui comptait à l’époque une quarantaine de salariés et affichait un chiffre d’affaires d’environ 30 millions d’euros. i-Run, qui revendique aujourd’hui 2 millions de clients (90 % de son chiffre d’affaires réalisé via son site d’e-commerce, le reste dans ses 10 points de vente physique en France), avait aussi pu se doter d’un bâtiment logistique de 10 000 m2 sur 12 mètres de hauteur lui permettant de multiplier ses références produits et d’accroître le volume de ses stocks. La nouvelle opération va l’aider à poursuivre son développement organique, à commencer par l’acquisition d’un nouveau siège dans la banlieue est de Toulouse, entre Labège et Balma. “L’entreprise a grandi très vite et nos équipes sont dispersées sur le territoire toulousain, explique Emmanuel Vidal. Il était important de réunir tout le monde au même endroit. Ce bâtiment de 2 000 m2 va notamment regrouper tous les métiers de support : informatique, marketing, achats, service client…”

Croissance externe

Déjà présent en Allemagne (deuxième marché européen du running), en Belgique et en Espagne, i-Run veut aussi s’étendre à l’international. “Nous souhaitons nous développer dans les pays du nord de l’Europe et dans les pays proches (Italie, Luxembourg, Suisse, Pays Bas), détaille le dirigeant. Cela passera par le renforcement de nos équipes IT et de traduction. Nous envisageons aussi l’ouverture de flagships dans des villes comme Berlin, Munich, Barcelone ou Madrid.” D’ici au premier trimestre 2024, i-Run prévoit par ailleurs l’ouverture de magasins dans la Région Sud, près de Lyon (Rhône), Bordeaux (Gironde), Strasbourg (Bas-Rhin) et Lille (Nord), afin d’étendre son maillage national qui se limite pour l’heure à Toulouse (premier magasin en 2013), Montpellier, Rennes (Ille-et-Vilaine) et la région parisienne. Ces ouvertures pourraient être le fruit d’opérations de croissance externe, par lesquelles la société entend aussi élargir son offre à des produits complémentaires (vélos, triathlon…). Enfin, i-Run poursuit une stratégie digitale ambitieuse, visant à développer une communauté de clients réunis notamment autour de l’application i-Run Club qu’elle développe en interne. Objectif : renforcer la dimension de conseils apportés aux clients (préparation physique, choix du parcours d’entraînement, voyages autour du running…) afin de mieux le guider dans ses choix d’achat, lui apporter du service et le fidéliser. “Le club a ouvert il y a quelques mois, précise Emmanuel Vidal, il suffit d’avoir un compte client pour y accéder. Nous avons aujourd’hui 8 000 adhérents et l’idée est d’y rassembler au moins 10 % de nos clients d’ici fin 2023.”

Tournée des casernes

Véritable self-made-man, ce dernier a créé l’entreprise en août 2000, grâce à une bourse de 5 000 euros octroyée par l’Aide départementale à l’initiative économique (Adie), autour d’un concept inédit : équiper les professionnels qui courent dans la pratique de leur métier (militaires, policiers, pompiers…). “J’avais un camion rempli de marchandises et j’allais de caserne en caserne où je montais un stand. J’ai fait ça pendant 6 ans tout seul, avec un collègue qui s’occupait de prendre les rendez-vous dans les casernes et qui travaille toujours avec moi chez i-Run aujourd’hui.” En 2006, Emmanuel Vidal rencontre “deux jeunes passionnés d’informatique”, Yann Marigo et Stéphane Cadic, qui l’incitent à créer un site web destiné à la vente d’articles de course à pied. Celui-ci voit le jour en janvier 2007. “J’ai continué ces deux métiers en parallèle pendant 3 ans, rembobine Emmanuel Vidal. Mais en 2010, l’activité web a pris le pas. Mes deux collègues sont devenus directeurs associés. Jusqu’à 2015, i-Run a explosé. L’une des clés du succès a été l’internalisation de tous les métiers : logistique, informatique, marketing, mannequinat, nous avons décidé de tout faire en interne, sur nos fonds propres. Nous avons aussi été très présents sur les courses et les événements, nous avons mis le paquet sur le marketing en nous comportant comme une grande marque de sport.” Jusqu’à devenir partenaire de la Fédération française d'athlétisme depuis 2016, dont i-Run gère la boutique en ligne (lire par ailleurs).

Haute-Garonne # Distribution # Services # Sport # Levée de fonds # Management # International # Investissement
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