Haute-Garonne
Guillaume Costecalde : "Nubbo a su refondre son offre d'incubation"
Interview Haute-Garonne # Innovation

Guillaume Costecalde président de l'incubateur Nubbo "Nubbo a su refondre son offre d'incubation"

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L'incubateur toulousain Nubbo a vingt ans, période durant laquelle il a accompagné la création de 232 nouvelles entreprises qui revendiquent près de 2 500 emplois créés en Occitanie. Son président depuis 2017, Guillaume Costecalde, revient sur les évolutions récentes de la structure.

Dirigeant des sociétés Univercell Biosolutions et Cell Easy, Guillaume Costecalde préside l'incubateur Nubbo depuis 2017 — Photo : Nubbo

Vous présidez l’incubateur toulousain Nubbo depuis 2017 : comment avez-vous fait évoluer le dispositif d’accompagnement des entrepreneurs ?

Guillaume Costecalde : Notre constat à l’époque, c’est que tout le monde voulait son incubateur ou son accélérateur, sans trop se poser la question des besoins des entrepreneurs. Jusqu’alors, notre accompagnement se concentrait sur 12 mois, assorti d’un prêt de 50 000 euros : c’est insuffisant pour permettre à une start-up d’amener son offre à maturité. Avec le soutien de la Région Occitanie et de nos autres partenaires, nous avons pu refondre notre offre et doubler la durée du dispositif et l’enveloppe financière. L’accompagnement se découpe désormais en trois phases, avec une période de pré-incubation d’un mois largement ouverte aux porteurs de projet, puis deux périodes de 12 mois pour l’incubation puis l’accélération des entreprises sélectionnées, qui ouvrent chacune à un prêt de 50 000 euros.

Cette refonte de l’offre s’est doublée d’une attention renforcée sur un axe qu’on a trop souvent tendance à oublier quand on parle d’innovation : la création de valeur par la vente. Désormais, toute entreprise rencontre au minimum trois clients potentiels dans les trois premiers mois de l’incubation, et souvent bien plus. L’objectif est de valider la nature du projet auprès des acteurs du marché. Nubbo a aussi obtenu la gestion du fonds régional Ocseed. Ce dispositif permet notamment aux entreprises bénéficiaires de finaliser leur preuve de concept et d’engager les premières ventes : il comble un trou dans la raquette entre la fin de la période d’incubation et la première levée de fonds.

Avez-vous diversifié la typologie des projets accompagnés ?

Guillaume Costecalde : Il y a cinq ans, la quasi-totalité des entrepreneurs accompagnés venaient de la région toulousaine, et les projets se concentraient sur le numérique. Nous avons opéré une réorientation sur des secteurs qui correspondent aux forces du territoire, son industrie, ses universités et ses écoles. Désormais, sur la cinquantaine d’entrepreneurs que nous accompagnons chaque année, certains viennent du Lot, de l’Aveyron, du Tarn, et nous suivons des projets sur la robotique, les biotechs, le spatial… Nubbo est un acteur intégré dans son écosystème. Je pousse à ce qu’on renforce encore les liens avec les autres structures d’accompagnement de l’innovation, qu’il s’agisse de pépinières locales ou d’incubateurs de grandes écoles, dans une approche non pas de concurrence mais de maillage.

Le Covid a-t-il freiné ces évolutions ?

Guillaume Costecalde : La crise sanitaire a fortement impacté les sociétés qui avaient une traction commerciale forte, avec des équipes en place et donc des frais de structures plus élevés. Nubbo a suspendu pendant six mois le remboursement des prêts. Nous avons aussi mis l’accent sur les outils numériques pour poursuivre notre accompagnement mais aussi renforcer l’agilité des start-up. Dans une période trouble, avec des décalages de trésorerie, les entrepreneurs doivent être en capacité de se réinventer plus rapidement encore en termes d’offres et de marchés. Pour les aider, nous avons accueilli en 2020 de nouvelles compétences sur le marketing et la communication, et sur le business développement, et poussé de nouveaux outils comme les webinaires et les films publicitaires.

Quels sont vos projets 2021 ?

Guillaume Costecalde : Il s’agit d’une année charnière pour Nubbo. Nous avons en projet la création d’un "start-up studio" spécialisé dans le secteur agri-agro, l’un des plus dynamiques du territoire, et l’une des forces de la région à l’échelon national. De façon générale, nous voulons aller encore plus loin dans l’ancrage des projets sur le territoire. L’aéronautique souffre beaucoup mais elle a généré beaucoup de compétences et de talents aujourd’hui sous-utilisés. Nous pouvons creuser de nouvelles pistes sur la robotique, le spatial, ou encore la santé.

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