Alors que le litre de gazole et de sans-plomb 95 a pris respectivement près de 60 et de 38 centimes d’euro au premier trimestre 2022, les Français redécouvrent en masse le bioéthanol, carburant le moins cher du marché. Basée à Vendargues (Hérault) près de Montpellier, Biomotors (50 salariés, CA 2021 : 5 M€) a été le premier fabricant, en 2011, à faire le pari d’une technologie brevetée permettant de convertir le moteur des véhicules de 15 chevaux fiscaux et plus au superéthanol E85. L’économie à la pompe se chiffre à 1,3 euro par litre.
Trente demandes de devis à la minute
Dans le contexte actuel de flambée des prix, les boîtiers conçus par Biomotors s’arrachent : le fabricant héraultais en a écoulé 2 000 unités en février 2022, et 15 000 le mois suivant. Les demandes de devis se chiffreraient actuellement à 30 par minute dans son réseau d’installateurs en France. Si la PME héraultaise compte désormais un concurrent, elle garde son avantage technologique avec la seule offre connectée du marché : dans sa dernière version, le boîtier, équipé d’une liaison Bluetooth, permet à l’utilisateur de calculer sur une application le volume de gaz à effet de serre économisé sur un trajet, ou d’identifier des stations à proximité.
L’argument économique séduit bien évidemment la majorité des acheteurs mais Alexis Landrieu, directeur général de Biomotors, voit dans son produit d’autres vertus. "Le boîtier renforce l’acceptabilité sociale des biocarburants. Cette technologie permet de ne pas changer de voiture et se révèle un bon calcul puisque les deux tiers des stations proposent aujourd’hui du E85. La France s’est donnée des objectifs ambitieux en termes de neutralité carbone, qui passeront forcément par le mix énergétique, dont le bioéthanol fait partie", analyse-t-il.
Une évolution de la production
Biomotors a mis au point la première version de son boîtier en 2011, et continue d’employer une équipe de R & D chargée de le faire évoluer selon les nouvelles motorisations développées par les constructeurs automobiles. Sur le plan de la production, la PME a confié la partie électronique à trois sous-traitants, en Asie et en France (la société Edgeflex, située dans la ville voisine de Grabels). La fabrication du câblage, elle, est dévolue à APF 34, entreprise adaptée de Montpellier dans l'Hérault. Mais face au boom des commandes, les délais de livraison des boîtiers s’allongent (ils sont passés de 15 à 45 jours en un mois) et Biomotors planche sur l’évolution de son organisation pour y remédier.
Après avoir emménagé en 2020 dans ses propres locaux, d’une surface de 700 m2, la PME est déjà à l’étroit : elle va investir 1,5 million d’euros pour construire un deuxième bâtiment et doubler sa superficie. La livraison est prévue en fin d’année 2023. De même, Biomotors prévoit d’investir 1 million d’euros de plus pour installer une nouvelle ligne de production, afin d’internaliser pour partie la fabrication du câblage et, possiblement, des cartes électroniques ("mais il s’agit d’un métier à part entière, qui nécessiterait d’investir encore plus. Notre réflexion est toujours en cours", glisse Alexis Landrieu).
Par ailleurs, Biomotors s’appuie sur un réseau d’installateurs qui, pour les mêmes raisons, enfle à vue d’œil. À ce jour, ils sont 800 professionnels partenaires de la PME héraultaise, qui indique vouloir en intégrer 300 par mois dans l’année. Elle travaille avec des indépendants ou des enseignes telles que Roady Centre Auto, Point S, Auto Distribution, Leclerc Auto, etc. Pour accroître ce réseau, Biomotors va renforcer sa force commerciale, avec la création de nouvelles agences : après Vendargues et Bordeaux, des ouvertures sont prévues sous peu à Paris, Lyon et Lille. Au total, Biomotors prévoit de doubler de taille cette année : les effectifs vous passer de 50 à 100 salariés, tandis que le chiffre d’affaires devrait bondir de 5 à 10 millions d’euros. "D’ici trois à quatre ans, l’entreprise aura même triplé de taille car nous travaillons déjà sur de nouveaux projets, dans les carburants de synthèse notamment", annonce Alexis Landrieu.
