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Excent parie sur l'innovation pour assurer son rebond
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Excent parie sur l'innovation pour assurer son rebond

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Après une année difficile marquée par la crise de ses clients dans l’aéronautique, le groupe d’ingénierie mécanique et industrielle Excent table sur l’innovation pour renouer avec la croissance. À la clef, une diversification de ses activités et une accélération du développement de produits propres.

Philippe Chaumès, président d’Excent, devant un JacXson U70 en cours de test sur le site de Pujandran, dans le Gers — Photo : Marina Angel

Après un coup de frein brutal au printemps 2020, le groupe Excent, spécialisé dans l’ingénierie mécanique et industrielle, retrouve le chemin de la croissance. Pas si simple de faire travailler les équipes par temps de Covid-19 et de protocole sanitaire renforcé, pourtant, la société s’est remise en bon ordre de marche dans ses bureaux de Pujaudran, dans le Gers, et au siège social de Colomiers (Haute-Garonne). Le recours au dispositif de chômage partiel et à un PGE (Prêt Garanti par l’État) a contribué à amortir le choc. " Nous avons aussi un positionnement très diversifié et, si l’aéronautique a pris de l’importance ces dernières années jusqu’à représenter un peu plus de 60 % de notre chiffre d’affaires en 2019, l’énergie, le ferroviaire, le spatial et la défense nous ont permis d’éviter le pire ", souligne d’emblée Philippe Chaumès, co-fondateur et président du groupe d’ingénierie. Grâce à ces marchés diversifiés et à une accélération sur le développement de produits propres, la société, dont le siège est basé à Colomiers, dans l’agglomération toulousaine, se prépare au rebond. Son nouveau plan stratégique de croissance prévoit de franchir le cap des 1 000 emplois et des 100 millions d’euros de chiffre d’affaires à horizon 2025, avec à peine deux années de décalage sur la projection initialement tracée.

Hors aéro, des contrats en phase opérationnelle

" L’une de nos forces est notre capacité à proposer des solutions industrielles globales à nos clients ", précise Philippe Chaumès. Le groupe se définit avant tout comme concepteur et intégrateur de solutions industrielles. " Nous intervenons tout au long du cycle industriel, des études de conception jusqu’à la production et les services post développement, en passant par le management de la qualité, l’organisation de la supply-chain et la formation des collaborateurs ", insiste le chef d’entreprise. Plusieurs contrats entrent actuellement en phases opérationnelles : le développement d’outillages d’assemblage pour l’usine d’éoliennes off-shore de GE Energy à Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique) et pour la ligne d’assemblage des rames du futur TGV d’Alstom à Aytré (Charente-Maritime), la réalisation d’une ligne de maintenance de bogies en région parisienne pour la RATP, ou encore, des marchés de modernisation de sites de production pour MBDA et Nexter. La dynamique est relancée. Alors que l’aéronautique est en recul de plus de 50 % dans le carnet de commandes, le chiffre d’affaires global a pu être stabilisé à 55 millions d’euros en 2020, contre 70 millions d’euros réalisés en 2019 et les premiers signes de redémarrage sont au rendez-vous. " Nous pouvons raisonnablement tabler sur une remontée du chiffre d’affaires en 2021 à hauteur de celui réalisé en 2019 ", confie Philippe Chaumès.

Une accélération sur les produits propres

Forte de ses trente ans d’expérience dans l’outillage industriel, la société columérine investit également dans le développement de produits propres. Un axe de développement mis en œuvre depuis plusieurs années et qu’elle entend amplifier avec un plan d’investissements de 2,9 millions d’euros sur deux ans (2021-2022), accompagné à hauteur de 1,08 million d’euros par l’État, au titre de France Relance. Ce projet s’articule autour de deux volets spécifiques. Le premier vise la mise au point d’un nouveau venu dans la famille des JacXson, une gamme de chariots motorisés, radiocommandés et connectés, dédiés à la manipulation de gros équipements industriels. Il s’inscrira dans la continuité du JacXson U70, conçu pour réduire les délais des opérations de maintenance sur les moteurs d’avion. Présenté au salon du Bourget en 2019 et certifié par Airbus, il a aussi trouvé de nouveaux débouchés dans le ferroviaire, chez Alstom. Dans la foulée, un second modèle plus léger, baptisé JacXson T25, s’adresse aux déplacements de charges de moins de 2,5 tonnes. Safran en a commandé une trentaine pour ses lignes d’assemblage de trains d’atterrissage à Bidos (Landes) et Gloucester, en Angleterre. L’ambition est maintenant de développer un JacXson XL, deux fois plus gros que le U70, adapté à la maintenance des moteurs de gros porteurs. Ce nouveau chariot motorisé sera disponible dès 2022.

Arrivée sur le marché du biogaz

L’autre grand projet de diversification d’Excent porte sur le biogaz, un marché en très forte croissance. Déjà présent sur le marché gazier avec des produits destinés à la pose de réseaux de distribution, le groupe s’intéresse dorénavant à la méthanisation. En France, le chiffre d’affaires du secteur s’est établi autour de 800 millions d’euros en 2019. Selon une étude du cabinet Xerfi, il pourrait atteindre 1 800 millions d’euros à l’horizon 2024. " Notre démarche s’inscrit dans la dynamique engagée par le comité stratégique de filière Industries des nouveaux systèmes énergétiques pour créer de nouvelles synergies avec les entreprises de l’aéronautique ", précise Philippe Chaumès. La société se positionne sur deux équipements spécifiques : une trémie et un système d’incorporation des intrants, deux éléments constitutifs des unités de méthanisation, disposés en amont du process de méthanisation pour permettre de traiter les intrants (déchets agricoles ou déchets ménagers) avant leur incorporation dans le digesteur. " Ce sont des solutions rapidement industrialisables ", insiste Philippe Chaumès. Ces deux projets viendront élargir un portefeuille de produits propres qui comprend déjà la fourche de moto eXcent’ive et le Xblock, une solution anti-vol pour sécuriser les câbles en cuivre sur les réseaux d’éclairage public. " Nous travaillons aussi sur le projet WaterJump, une gamme de toboggans aquatiques, avec un système modulaire pour optimiser les coûts de production ", confie le chef d’entreprise.

Des recrutements en cours

Après une contraction rapide de ses effectifs, ramenés à 600 salariés au début de l’été 2020, contre 750 en 2019, la société a rouvert progressivement les embauches. À début mars 2021, l’effectif est déjà remonté à 650 salariés. " Nous sommes actuellement sur un rythme de deux nouveaux recrutements par semaine ", précise Philippe Chaumès. Et cela sans compter l’ambition de muscler les implantations à l’international. Excent vient de concrétiser une nouvelle opération de croissance externe avec le rachat d’une entreprise en Angleterre, près de Manchester, qui va permettre à Excent UK de passer très vite de 3 à une quinzaine de personnes.

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