Exagan révolutionne l'électronique de puissance
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Exagan révolutionne l'électronique de puissance

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Spin-off de la société Soitec et du CEA Tech créée en 2014 à Grenoble et Toulouse, Exagan conçoit et développe des transistors à base de nitrure de gallium qui permettent de multiplier par trois la puissance des chargeurs d’appareils électroniques. La start-up ambitionne aujourd'hui de redonner à la Ville rose son statut de leader mondial de l’électronique de puissance.

Fabrice Letertre et Frédéric Dupont, spécialistes des semi-conducteurs, ont cofondé le fabricant de composants électroniques Exagan en 2014 à Grenoble et Toulouse — Photo : Pierre Jayet

Les créateurs

Forts de vingt ans d’expérience dans la fabrication de semi-conducteurs chez le grenoblois Soitec, Frédéric Dupont et Fabrice Letertre ont développé des compétences dans les nouveaux matériaux et nouveaux marchés de l’électronique. « Avec l’appui de Soitec et du CEA, nous avons travaillé sur des transistors à base de nitrure de gallium, des semi-conducteurs utilisés dans les leds, les radars et le militaire, partage Frédéric Dupont. Cette technologie permet de fabriquer des convertisseurs plus petits et plus puissants. » En 2014, les perspectives marché de ces composants – à peine émergents aux États-Unis et absents d’Europe – se concrétisent. Les deux associés créent Exagan pour les produire et les commercialiser.

Le concept

La start-up (40 collaborateurs ; CA non communiqué) établie entre Grenoble et Toulouse est présente au CEA Tech Occitanie, à Labège, depuis 2015. C’est là qu’elle possède aujourd’hui son plus gros site : 500 m2, dont un laboratoire de test où travaillent 12 personnes. Le nitrure de gallium présent dans les transistors de puissance d’Exagan permet un stockage et déstockage plus rapide de l’énergie, d’où la possibilité de réduire la taille des convertisseurs électriques par trois. « La technologie va permettre de fabriquer des chargeurs trois fois plus puissants pour la même taille, et donc de diminuer le temps de charge par trois, précise Frédéric Dupont. Tablettes, ordinateurs et téléphones pourront bénéficier de la charge rapide, et des applications sont possibles pour les data centers et véhicules électriques ». Les chargeurs USB de type universel intégrant les transistors Exagan pourront charger jusqu’à 100 watts, contre 15 aujourd’hui.

Les perspectives

Exagan prévoit d’ouvrir une usine de fabrication du matériau à Grenoble, de conserver la conception et les tests des produits à Toulouse, sous-traite l’assemblage de boîtiers en Asie et la production de plaquettes en Allemagne. TÜV Nord et Future Electronics sont également deux gros partenaires industriels de la société pour la certification des composants et la distribution mondiale des produits. Exagan possède déjà 20 clients potentiels, notamment asiatiques, d’où l’ouverture d’un bureau à Taïwan fin 2018. Après avoir levé 5,7 M€ en 2015 auprès d’Irdi Soridec, iXO Private Equity, Innovacom et CM-CIC, la start-up prévoit cette année un nouveau tour de table afin de multiplier sa taille par deux d’ici à 2021, de quadrupler ses effectifs toulousains et de conquérir les États-Unis. « Toulouse était leader mondial de l’électronique de puissance avec Motorola jusqu’au début des années 2000 : nous voulons lui redonner ce statut en bâtissant une nouvelle filière basée sur le nitrure de gallium », ambitionne Frédéric Dupont.

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