Démarrée en 2013 à un stade quasi artisanal, l’entreprise gardoise ErgoSanté (170 salariés, CA 2021 : 14 M€), fabricant d’exosquelettes et de postes de travail ergonomiques, a évolué en véritable groupe, exportant dans le monde entier. Son fondateur, Samuel Corgne, place la gestion du handicap au cœur de cette réussite, dès l’origine du projet. "J’ai fait mes premières armes dans des entreprises d’insertion. J’ai pu observer que les personnels non valides se heurtaient à de gros obstacles dans l’accès au marché de l’emploi, pour des raisons parfois évidentes : quand il vous manque un bras, vous avez besoin d’un poste de travail adapté. Ainsi est née l’idée d’ErgoSanté", raconte-t-il.
Des postes adaptés pour chacun
Au sein du groupe ErgoSanté, l’entreprise adaptée se nomme Ergo Production. Dédiée à la production des solutions ergonomiques, elle emploie 45 salariés - dont 39 en situation de handicap -, sur diverses fonctions telles que la couture, le montage de sièges, le recyclage de pièces, etc. Dans l’atelier, chaque poste de production, chaque planning de travail, est adapté aux besoins de chacun. "Nous employons un infirmier qui gère le suivi socioprofessionnel de ces salariés. De même, nos quatre encadrants techniques sont chargés de vérifier que le travail demandé est adapté au handicap. Ils n’ont pas d’objectif de productivité, et doivent simplement s’assurer que tout fonctionne", commente Samuel Corgne.
L’entreprise signe régulièrement avec la Direccte des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens où elle s’engage, pour une durée de 5 ans, sur des niveaux de recrutement de personnels non valides. De même, elle peut, par ce biais, lancer diverses expérimentations sur le sujet : par exemple, elle commence à tester les "CDD Tremplin", censés favoriser la mobilité professionnelle des travailleurs handicapés, auprès des personnels concernés. "J’embauche ceux qui viennent à moi spontanément. Vu la renommée d’ErgoSanté dans le handicap, les candidatures ne manquent pas, alors que nous sommes situés à Anduze, qui n’est pas forcément la ville la plus attractive", confesse Samuel Corgne, qui prévoit de porter les effectifs globaux du groupe gardois de 170 à 200 salariés en 2022.
Un moteur de l’engagement
Dans sa propre gamme de produits, les solutions pour travailleurs handicapés représentent 30 % des ventes. L’ambition de Samuel Corgne est de doubler la capacité de production d’ErgoSanté tous les ans. Il vient par exemple de lancer la construction d’un nouveau bâtiment de production, d’une surface de 1 200 m2. Il a également créé, en 2021, une nouvelle marque, Eco Siège, dédiée au recyclage et à la revente de fauteuils de bureau. "Cette activité va être accélérée par la loi AGEC de 2020, qui vise à lutter contre le gaspillage et à favoriser le réemploi. Elle devrait représenter assez vite la majorité de notre chiffre d’affaires global", estime Samuel Corgne, qui voit ici une nouvelle source d’emplois pour les non-valides.
De fait, l’évolution du contexte réglementaire conforte ErgoSanté dans ses choix historiques. Si la loi imposait aux entreprises de plus de 20 salariés d’employer 6 % de travailleurs handicapés, cette obligation a été généralisée depuis janvier 2021. "Celles qui nous achètent des produits le font parce que ça crédibilise toute leur démarche RSE, en plus de la réduction fiscale", indique Samuel Corgne. Mais pour le chef d’entreprise, le plus bel indicateur révélant la justesse de sa démarche reste la croissance impressionnante d’ErgoSanté. "Le handicap est un outil de performance. Notre entreprise figure dans le Top 5 mondial des producteurs d’exosquelettes, alors que nous restons une PME. Nos statuts précisent que l’emploi salarié des handicapés est une priorité et cela crée un fort taux d’engagement au sein de nos équipes. Nos salariés valides ont envie de se surpasser pour leurs collègues ! ", se félicite Samuel Corgne.
