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Deinove muscle sa R & D contre les super-pathogènes
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Deinove muscle sa R & D contre les super-pathogènes

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Soutenue par France Relance, la biotech héraultaise Deinove investit dans une plateforme visant à accélérer l’identification de nouveaux antimicrobiens. Un atout industriel de taille alors que la course aux nouvelles molécules thérapeutiques ne fait que commencer.

Deinove explore le potentiel des bactéries rares, considérées jusqu’à présent comme incultivables — Photo : Jean-Marie HURON

En matière de santé, la biotech Deinove (50 salariés) évolue sur une terre inconnue : les bactéries. Selon l’entreprise basée à Grabels (Hérault), 99,9 % des micro-organismes ne sont toujours pas explorés en laboratoire pour en révéler le potentiel métabolique et en tirer de nouvelles molécules thérapeutiques. Après avoir créé l’une des seules plateformes de microbiotechnologie au monde spécialisées sur le sujet, en exploitant une collection unique de 10 000 bactéries rares, Deinove franchit un cap dans sa R & D. Elle investit plus d’un million d’euros, avec une aide de 500 000 à 800 000 euros du plan France Relance, pour construire une station de tri à haut débit, destinée à accélérer ses recherches.

Un process de recherche accéléré

Opérationnel fin 2021, cet équipement fonctionnera autour d’un procédé déjà connu dans l’industrie, appelé "microfluidique". Il permet d’interroger le potentiel d’une bactérie contenue dans une simple goutte, et non plus dans un volume de quelques millilitres comme par le passé. La différence est mince pour le néophyte, mais immense en termes industriels. "Cette technologie permettra de tester un million de bactéries par heure, afin de nous permettre d’identifier beaucoup plus vite les composés qui nous intéressent. Pour trouver des profils de bactéries exploitables, nous étions obligés, auparavant, de faire des dizaines de milliers de tests en aveugle. C’est une économie de coûts considérable, en temps et en argent", raconte Alexis Rideau, directeur général de Deinove.

Sur la base de ce premier signal en phase amont, Deinove pourra décider plus vite d’investir, ou pas, pour poursuivre le programme de R & D sur sa plateforme d’extraction. Totalement robotisée, cette dernière devrait ensuite lui permettre, elle aussi, de développer des tests plus rapidement pour des candidats antibiotiques. "Trouver le bon composé, c’est le nerf de la guerre. De nombreux clients y sont intéressés, dans les secteurs thérapeutiques ou non-thérapeutiques. Nous venons, par exemple, de signer un accord avec le groupe néerlandais DSM pour lui permettre d’évaluer le potentiel d’une de nos souches microbiennes en tant qu’additif alimentaire dans la nutrition animale", commente Alexis Rideau.

Lutte contre les super-pathogènes

Le saut technologique que Deinove s’apprête à faire se produit dans un contexte particulier, à plus d’un titre. D’une part, la biotech se positionne par rapport à une évolution critique du marché du médicament. "Il y a une pression de plus en plus forte des consommateurs pour avoir des médicaments ou des produits thérapeutiques d’origine naturelle, débarrassés des conservateurs de type pétrochimique. Or, les antimicrobiens que nous identifions seront tirés de la biodiversité uniquement", souligne Alexis Rideau.

D’autre part, Deinove situe son activité dans la lutte contre les super-pathogènes, qui résistent aux traitements antimicrobiens. Face à ces nouveaux dangers, les anciennes méthodes de l’industrie pharmaceutique perdent de leur efficacité. Alexis Rideau propose une nouvelle voie : "Parce que nous utilisons les mêmes molécules depuis 30 ou 40 ans, on voit aujourd’hui proliférer ces gènes de résistance. Dans les 10 ou 20 ans à venir, on verra se multiplier les maladies comme le Covid-19. Face aux mutants à venir, il ne reste que les biotechs pour créer de nouvelles molécules, puisque les grands groupes réduisent sans cesse leurs branches recherche. Regardez le succès de BioNTech (entreprise allemande créatrice du candidat-vaccin anti-Covid de Pfizer, NDLR), qui n’était même pas sur des sujets infectieux… Le vent tourne en faveur des quelques biotechs en capacité de produire de façon industrielle, et Deinove a anticipé ce basculement".

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