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Crise sanitaire : les entreprises de Haute-Garonne encore convalescentes
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Crise sanitaire : les entreprises de Haute-Garonne encore convalescentes

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Selon une enquête de la CCI Toulouse Haute-Garonne, les entreprises du département anticipent un rebond d’activité de plus de 5 % en 2021. Un signal encourageant, mais qui est loin de compenser les pertes enregistrées en 2020.

Le nombre de procédures collectives en Haute-Garonne pourrait sensiblement augmenter ces prochains mois, avec l'arrêt progressif des dispositifs d'aide — Photo : DR

Sa spécialisation dans l’industrie aéronautique en a fait l’un des territoires les plus touchés par la crise sanitaire du Covid-19 : la Haute-Garonne a vu l’activité de ses entreprises reculer de 15,7 % en 2020, selon la dernière enquête de conjoncture de la CCI départementale. Et le rebond attendu en 2021 (+5,1 %) par les 1 800 chefs d’entreprises interrogés ne compensera que très partiellement ces pertes. Si, en moyenne nationale, la Banque de France anticipe un retour à l’activité d’avant crise au second semestre 2022, il faudra plutôt attendre la fin 2023 dans le département, estime le président de la CCI Toulouse Haute-Garonne Philippe Robardey.

Le secteur aéronautique fébrile jusqu'en 2024

Le secteur le plus sensible reste évidemment l’aéronautique : la baisse de chiffre d’affaires a atteint 33 % en 2020 pour les entreprises spécialistes du département. Le rebond attendu (+10,4 %) ne réussira pas à inverser la courbe de l’emploi : après avoir perdu près de 10 % de ses effectifs en Haute-Garonne en 2020, la filière va encore supprimer 6,1 % des postes salariés. "Les dirigeants sont inquiets pour le secteur mais aussi pour la survie de leur entreprise", a pointé Philippe Robardey. D’autant que le trafic aérien ne devrait retrouver son niveau d’avant-crise qu’en 2024 voire 2025, ce qui menace encore plus la solvabilité des compagnies, pointe le président de la CCI Toulouse Haute-Garonne.

La bonne forme de l’agroalimentaire

Hors aéronautique, le tableau est plus contrasté, avec un recul de l’industrie de l’ordre de 10 %. Là encore, le rebond prévu pour 2021 (+6,2 % de chiffre d'affaires) va être insuffisant pour arrêter la casse sociale, avec une prévision de baisse de 3,9 % des effectifs. "À l’horizon 2021, seules les industries agroalimentaires, relativement épargnées en 2020, s’inscriraient en progression par rapport à 2019", pointe l’enquête de conjoncture de la CCI.

Les difficultés de l’industrie se ressentent chez les acteurs du service aux entreprises (-10,9 % de chiffre d'affaires en 2020) mais ils devraient à nouveau embaucher en 2021 (+1,3 % attendu pour les effectifs salariés). Cafés, hôtels et restaurants ont été les plus touchés par la crise sanitaire (-43 % de chiffre d'affaires en 2020) et tablent sur une reprise limitée à +14 % cette année, du moins si les fermetures administratives sont levées.

Réussir la sortie des dispositifs d'aide

Point positif, les entreprises de Haute-Garonne semblent conserver un bon niveau de trésorerie. "Nous n’avons toujours pas identifié, à ce jour, de tensions sur les financements", témoigne le directeur régional de la Banque de France, Stéphane Latouche. Moins de 10 % des entreprises du département, essentiellement des TPE et PME, ont à ce jour souscrit des prêts garantis par l’État (PGE), pour un encours global de 2,7 milliards d’euros. "Tout le défi de cette année va être la sortie progressive du PGE, du chômage partiel et de tous les dispositifs d’aide" qui ont soutenu les entreprises au plus fort de la crise, prévient Stéphane Latouche.

Vers une hausse des procédures collectives ?

Avec l’arrêt progressif des mesures de soutien, le nombre de procédures collectives (redressement, sauvegarde, liquidation), qui a chuté de 42 % en Haute-Garonne en 2020, pourrait sensiblement augmenter au cours des prochains mois. "Il y aura deux périodes clés : le début des remboursements des PGE au second semestre 2022 et le moment, encore indéterminé, où les organismes publics assigneront les entreprises qui ne sont pas à jour de leurs cotisations sociales et fiscales", estime Philippe Robardey. Pour anticiper ce flux d’entreprises à court de trésorerie, la CCI Toulouse Haute-Garonne et le tribunal de commerce ont récemment signé une convention sur la prévention des défaillances.

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