Coronavirus : les entreprises occitanes du transport-logistique entre deux feux
# Logistique

Coronavirus : les entreprises occitanes du transport-logistique entre deux feux

S'abonner

Dépendantes de l'activité des autres filières, les entreprises occitanes du secteur du transport-logistique ne sont pas toutes impactées de la même manière par la crise liée à l'épidémie de coronavirus. Quand certaines font face à une surcharge d'activité, d'autres sont en arrêt quasi-total. Témoignages.

L'activité principale de DMax, le stockage et le déménagement d’entreprises et de particuliers, est quasiment à l’arrêt depuis le début du confinement — Photo : DMax

Au service des autres secteurs d’activité, la filière du transport-logistique occitane subit aujourd’hui un impact très contrasté lié à la crise sanitaire du coronavirus. Un impact avant tout lié aux clients finaux. D’un côté, les entreprises qui travaillent pour la grande distribution ou le médical sont en surcharge. « La difficulté pour les employeurs est d’assumer une forte activité tout en respectant le code du travail face au manque de chauffeurs, qui restent chez eux par peur de l'épidémie ou par nécessité de garde d’enfants, décrypte Isabelle Bardin, présidente du Cluster Logistique Occitanie, créé il y a environ un an et qui regroupe 40 adhérents. À cela s’ajoutent des problématiques très concrètes comme la fermeture des aires d’autoroute qui rend difficile le maintien de la qualité de vie des chauffeurs. »

DMax Sud-Ouest quasiment à l’arrêt

D’autre part, certaines entreprises sont quasiment à l’arrêt, comme le déménageur d’entreprises DMax (450 salariés dont 200 en Occitanie ; CA 2019 : 31 M€) qui a repris en septembre 2019 le transporteur toulousain Rives Dicostanzo en redressement judiciaire. « En ce moment nous ne réalisons moins de 15 % de notre chiffre d’affaires sur la division DMax Sud-Ouest, et environ 5 % au national », estime Jérôme Jaman, président du groupe basé en région parisienne. L'activité principale de DMax, le stockage et le déménagement d’entreprises et de particuliers, est quasiment à l’arrêt depuis le début du confinement. L’activité garde-meuble est en stand-by, tandis que la logistique du dernier kilomètre subit une baisse d’environ 30 %.

Jérôme Jaman, président du groupe DMax qui inclut le transporteur toulousain Rives Dicostanzo depuis septembre 2019. — Photo : DMax

« Concernant la logistique sur site client, nous continuons par exemple à travailler pour le Centre national d'études spatiales à Toulouse et avons été sollicités par Airbus à la reprise partielle de leur production, tempère Jérôme Jaman. Mais globalement seuls 10 % de notre activité logistique fonctionne encore ».

Le groupe a investi 3 millions d’euros dans des véhicules neufs livrés en janvier et il prévoit au moins deux mois d’arrêt. Le dirigeant a fait appel à ses partenaires financiers pour des reports d’échéances et un soutien sur la trésorerie. Enfin, bien que seule une dizaine de collaborateurs travaille régulièrement contre 400 sur le terrain en règle général, DMax essaye d’assurer des transports exceptionnels de solidarités, comme la livraison de gels hydroalcoolique ou de matériel nécessaire au télétravail.

Une situation mitigée chez Enviris

De son côté, Enviris (300 salariés ; CA 2019 : 35 M€), 4e groupe français en reconditionnement, sous-traitance et fabrication de palettes situé à Castelnau-d’Estrétefonds (Haute-Garonne), fait face à une ambivalence. « Les palettes sont un emballage nécessaire à la livraison de produits de première nécessité comme l’alimentation ou les médicaments, cette part de notre exercice tourne donc à plein régime, décrypte Christophe Beneton, PDG d’Enviris. Dans le même temps, l’activité autour des palettes destinées à l’industrie plus classique est quasiment à l’arrêt ou en train de s’éteindre, ce qui aura des conséquences sur la moitié de notre chiffre d’affaires ». L’entreprise a effectué des demandes pour des prêts de crédit de trésorerie et, malgré l’incertitude sur les modalités, devrait avoir une réponse des banques d’ici la fin de la semaine.

Enviris est "à plein régime" sur l'activité des palettes liées à la livraison de produits de première nécessité. — Photo : Fleur Olagnier/Le Journal des entreprises

À ce jour, Enviris a placé une quarantaine de collaborateurs en télétravail, sept sont confinés sur ordre de médecin ou à la demande préventive du groupe, et les 250 salariés restants continuent à travailler en respectant les précautions sanitaires. Les procédures d’accueil des chauffeurs ont par exemple été revues pour limiter les contacts entre employés. « Nous décidons nous-mêmes de renvoyer les gens chez eux si ce n’est pas déjà fait par le médecin : l’objectif absolu est de préserver la santé de nos collaborateurs notamment en limitant les possibilités de contagion massive, conclut Christophe Beneton. J’espère que le gouvernement va très vite multiplier les tests de contamination au Covid-19 ».

Vers une évolution des chaînes logistiques ?

Pour accompagner toutes ces entreprises, le Cluster Logistique Occitanie « relaie des informations pratiques, comme sur le prêt de personnel qui est un outil pertinent pour les salariés du secteur logistique qui souhaiteraient continuer à travailler pour une autre entreprise provisoirement », illustre Isabelle Bardin.

Pour la présidente du cluster, la crise sanitaire actuelle pourrait conduire à une réorganisation globale des chaînes logistiques. « La limitation des déplacements, entre pays ou au national, montre bien la fragilité du modèle actuel basé sur le transport à longues distances. Le moment est peut-être venu de réfléchir à des chaînes logistiques plus courtes, et qui privilégie les transporteurs locaux ».

# Logistique