Coronavirus : les entreprises du secteur aérospatial face à des choix cruciaux
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Coronavirus : les entreprises du secteur aérospatial face à des choix cruciaux

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Continuer de produire ou tout arrêter ? Dans le contexte de la crise sanitaire du coronavirus, les entreprises occitanes de l'aérospatial font des choix. Airbus qui a fermé cette semaine doit rouvrir lundi, Gillis Aero et Agora Industries maintiennent leurs activités, Mecano ID assure les derniers essais urgents avant de fermer, tandis que d'autres comme Figeac Aero stoppent la production en France pour une durée indéterminée. Témoignages.

Le fabricant de fixations pour l’aéronautique Gillis Aero reste ouvert et une trentaine de salariés continue à se rendre quotidiennement sur le site de Dieupentale, dans le Tarn-et-Garonne. — Photo : Gillis Aero

Continuer de produire ou tout arrêter ? Dans le contexte de la crise sanitaire liée à l'épidémie de coronavirus Covid-19, les entreprises occitanes de l'aérospatial font des choix. L'avionneur Airbus a arrêté sa production en France et en Espagne pendant quatre jours cette semaine. Le grand donneur d'ordres a en effet tiré les enseignements de son usine en Chine, et décidé d'utiliser ce laps de temps pour mettre en place les mêmes mesures de prévention sanitaire qu'en Asie. Réaménagement des postes de travail pour tenir les salariés à distance, désinfection des outils de production après chaque passage, rotations des équipes plus flexibles... Airbus devrait relancer la production sur ses sites français et espagnols le 23 mars.

Figeac Aero stoppe la production en France

De son côté, l'entreprise du Lot Figeac Aero (3 700 employés dont 1 100 à Figeac ; CA 2018-2019 : 428 M€) a pris la décision d’arrêter sa production en France pour une durée indéterminée, tout en permettant d’assurer, si nécessaire, une continuité régulée des livraisons et de la chaîne logistique. Le groupe travaille actuellement à la mise en place du chômage partiel. Dans les autres usines du groupe à l’étranger, le maintien des activités de production doit se faire en fonction du contexte sanitaire local et des recommandations gouvernementales. Figeac Aero estime que le chiffre d’affaires de l’année 2019-2020 « sera légèrement impacté » et que les conséquences sur l’exercice suivant sont encore « inconnues à ce jour ». Pour sa part, Thales Alenia Space ne souhaite pas s'exprimer pour l'instant.

Gillis Aero constate une surcharge de son activité traitement de surface due à la fermeture des autres industriels spécialisés. — Photo : Gillis Aero

À Dieupentale dans le Tarn-et-Garonne, le fabricant de fixations pour l’aéronautique Gillis Aero (42 collaborateurs ; CA 2019 : 4,5 M€) a choisi de poursuivre son activité. Hormis les postes administratifs qui ont été placés en télétravail, une trentaine de salariés continue à se rendre quotidiennement sur le site. « Nous avons pris des mesures spécifiques comme laisser les portes intérieures bloquées ouvertes pour éviter de toucher les poignées, annuler les réunions, interdit les regroupements à plus de trois personnes et mis à disposition des gants et des aérosols désinfectants », détaille Serge Dumas, gérant de l’entreprise depuis 2011. Pour l’instant, seuls deux clients dont Safran ne sont pas en mesure de recevoir leurs livraisons.

Gillis Aero enregistre même depuis le 18 mars une surcharge sur l’activité traitement de surface, en raison de la fermeture d'autres industriels du secteur. « Nous devrons peut-être fermer l’usine mais nous tenons à continuer à travailler le plus longtemps possible, commente Serge Dumas. La priorité est de surveiller les stocks et veiller à la maintenance des machines pour que nous soyons les premiers en pleine capacité de reprendre l’activité quand la crise sera terminée ».

Préparer la reprise

Chez Agora Industries (215 salariés ; CA 2019 : 20,3 M€), groupe qui rassemble les sociétés Comat et Microtec basées à Flourens et Ramonville en Haute-Garonne, un tiers des salariés est en télétravail depuis le début de la crise (bureaux d'études, services supports, administratif). Un tiers des salariés est en chômage technique et le dernier tiers travaille encore dans les ateliers de mécanique pour le spatial (Comat) et de fabrication de cartes électroniques (Microtec).

« Nos clients Airbus, Thales, Liebherr, le CNES... tous ferment leurs ateliers donc les flux de commandes diminuent drastiquement au fil des jours, analyse Benoît Moulas, président du groupe. Dès le départ nous avons choisi de garder le cap et de rester ouverts, mais si cela continue nous allons devoir fermer ». Le groupe anticipe deux à trois mois de forte sous-activité mais reste optimiste et affirme pouvoir s'en sortir, notamment grâce aux aides de Bpifrance. Par ailleurs, Agora Industries se prépare déjà à la reprise. « L'activité ne va pas repartir d'un coup, c'est certain. Nous conservons donc des projets de moyen terme pour ne pas nous retrouver en sous-activité pendant l'après-crise », décrypte Benoît Moulas.

Mecano ID est resté ouvert cette semaine pour gérer les essais urgents. — Photo : Geoffrey Coussy

Maintenir le contact

Enfin, chez le laboratoire d’essais toulousain Mecano ID (75 salariés ; CA 2018 : 8,9 M€), tous les salariés des bureaux d’études et de l’administratif sont en télétravail. La priorité lors de cette première semaine de confinement a été de finaliser les essais urgents qui ne pouvaient pas être reportés. « Nous sommes restés opérationnels pour les clients qui demandaient des essais particuliers, planifiés à l’avance et avec des enjeux de coûts et de délais importants », partage Stéphane Galinier, responsable business & développement. À partir du 23 mars, les premiers salariés devraient être placés au chômage technique et les activités de l’entreprise considérablement limitées. « Puisque nous n’avons plus d’accueil, l’adresse email resterencontact (at) mecano-id.fr a été mise en service spécialement pour assurer une continuité aux demandes d’information, de planification, d’offre et de paiement de nos clients », complète Stéphane Galinier.

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