Coronavirus : « La réalité du e-commerce local n'a rien à voir avec ce que vivent les géants comme Amazon »
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Jean-Paul Crenn président de la Fédération du e-commerce en Occitanie Coronavirus : « La réalité du e-commerce local n'a rien à voir avec ce que vivent les géants comme Amazon »

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Créée il y a 16 ans et regroupant plus d’une cinquantaine d’entreprises régionales, la Fédération du e-commerce en Occitanie évalue l’impact de la crise sanitaire du Covid-19 sur l'activité. Jean-Paul Crenn, président de l'antenne régionale et gérant de Chouette Cards et Modeles.biz, décrypte les actions de soutien mises en place par l’organisation.

Jean-Paul Crenn, président de Fedeo, en Occitanie, la plus importante fédération régionale de e-commerçants de France après la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad) — Photo : Fedeo

Avec le confinement lié à l’épidémie de coronavirus, les ventes en ligne semblent se démultiplier. Est-ce le cas pour les e-commerçants d’Occitanie ?

Jean-Paul Crenn : Tout d’abord, il faut bien comprendre que la réalité du e-commerce local est très éloignée de celle des géants comme Amazon ou Ebay. Plus de 70 % des membres de la Fédération du e-commerce en Occitanie (Fedeo) possèdent aussi un ou plusieurs magasins physiques, qui sont administrativement fermés depuis le début du confinement. C’est un véritable coup dur pour eux mais heureusement, contrairement à beaucoup d’autres commerces, nos membres sont déjà équipés d’un canal de vente en ligne. Pour ce qui est du boom des commandes sur internet, les vendeurs sont issus de filières très diverses (Centrakor, Irrijarin, Berdoues, Comtesse du Barry, Foie Gras Godard, NDLR) donc ne sont pas tous impactés de la même manière.

Quels sont les secteurs les plus touchés et pourquoi ?

J.-P. C. : La plupart des activités non essentielles, hors alimentation et hygiène, subissent une baisse des commandes, par exemple dans l’habillement ou la quincaillerie. De même pour des entreprises qui travaillent en BtoB, c’est-à-dire 30 % de nos membres. Le vendeur de coffrages sur internet MonCoffrage.com, à Montauban, a par exemple vécu de plein fouet le ralentissement du secteur du BTP. Les e-commerçants sont aussi très dépendants de leurs fournisseurs. Le carcassonnais Rentreediscount.com, spécialisé dans la vente de fournitures scolaires, jeux et loisirs créatifs en ligne, doit faire face à la fermeture des entrepôts de ses deux principaux fournisseurs alors que la demande est forte, notamment en loisirs créatifs. Enfin, d’autres comme le toulousain Racksen, qui fabrique des ordinateurs silencieux notamment pour les installations nucléaires, sont confrontés à un problème de réception de la marchandise par les clients. En d’autres termes, la situation est très chaotique.

Les membres de la Fédération des e-commerçants d'Occitanie proposent un coaching gratuit aux entreprises qui se lancent dans la vente en ligne. — Photo : Fedeo

Comment accompagnez-vous les membres de la Fedeo ?

J.-P. C. : Nous avons mis en place une cellule de crise afin d’organiser une mutualisation des moyens entre les membres. Beaucoup sont confrontés au manque de cartons pour les expéditions : les sociétés dont les fournisseurs continuent l’approvisionnement partagent donc leurs contacts. Certains dont l’activité est ralentie proposent les services de leurs experts en web marketing à d’autres e-commerçants. La cellule de crise est ouverte hors de la Fédération des e-commerçants d’Occitanie, les services peuvent donc bénéficier à d’autres entreprises régionales. Dans un second temps, nous intervenons aussi auprès des banques en tant qu’association afin d’appuyer les demandes d’aide à la trésorerie. Nous avons pour l’instant accompagné une dizaine d’entreprises sur ces sujets.

Qu’en est-il des commerces traditionnels ?

J.-P. C. : La Fedeo vient de rejoindre le mouvement solidaire toulousain Friends of Presta. Initié par plusieurs agences web, son objectif est de proposer la mise en place rapide et gratuite d’une plateforme de vente en ligne à des commerçants qui n’en possédaient pas jusqu’à présent. Nous nous sommes associés à l’opération en offrant de coacher les nouveaux e-commerçants, grâce à une quinzaine de membres volontaires et bénévoles.

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