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Comment Phytocontrol devient la super vigie des contaminants
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Comment Phytocontrol devient la super vigie des contaminants

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Laboratoire d’analyses basé à Nîmes (Gard), le groupe Phytocontrol grandit depuis près de 15 ans grâce à un savant dosage entre croissance organique et croissance externe, construisant une offre de service extensive. Au point de devenir incontournable en Europe, dans le secteur stratégique de la sécurité sanitaire.

Parmi les 380 salariés de Phytocontrol, les analystes sont désormais rejoints par les auditeurs — Photo : Benjamin Célier

Phytocontrol (380 salariés, CA 2019 : 25 M€) n’a pas attendu la crise du coronavirus pour défendre la nécessité d’une sécurité sanitaire tous azimuts. Depuis sa création en 2006, l’entreprise nîmoise n’a cessé de se renforcer sur son cœur de métier, l’analyse de contaminants dans les produits agricoles et agroalimentaires. Les investissements annuels ont été soutenus en R & D (25 % du chiffre d’affaires) pour couvrir une liste toujours plus longue de facteurs de contamination, des métaux lourds aux résidus médicamenteux, en passant par les plastiques ou les pesticides, jusqu’à la radioactivité. En 2017, l’entreprise ajoute une corde à son arc avec le contrôle sanitaire des eaux, qu’elle consolide à son tour dans le cadre d’un plan d’investissements de 4 millions d’euros. « Nous développons une offre en rapport avec les plans de contrôle de nos clients, qui ont tendance à se globaliser aujourd’hui : les entreprises doivent aussi sécuriser et contrôler leurs eaux de réseau. En matière de contaminants, nous disposons de l’offre technologique la plus complète d’Europe, et nous continuons à investir pour la fortifier et rester leaders », résume Mickaël Bresson, PDG de Phytocontrol.

Du bon usage de la croissance externe

Pour étendre son empreinte géographique et se rapprocher de ses clients, Phytocontrol a créé un réseau d’agences logistiques de prélèvements, également chargées du développement commercial. Il compte aujourd’hui une douzaine d’implantations en France. Quand la prise de parts de marché le justifie, Phytocontrol peut transformer certaines de ces agences en laboratoires de proximité. L’opportunité s’est présentée à Rennes en 2018, avec la création d’une filiale baptisée Phytocontrol Proxilab Bretagne. Pour se développer ailleurs en Europe, l’entreprise nîmoise opte pour une politique d’acquisitions. En 2019, elle a ainsi pris pied sur le marché espagnol en rachetant un laboratoire barcelonais. « Nous privilégions la croissance organique pour la France, mais nous avons préféré racheter un laboratoire de proximité en Espagne. Cela nous permet de gagner du temps par rapport aux accréditations en vigueur dans le pays », commente Mickaël Bresson.

L’autre volet pour lequel Phytocontrol privilégie une stratégie de croissance externe concerne les expertises connexes à son cœur d’activités historiques. Elle cible les pépites présentant un intérêt stratégique dans la consolidation technologique de l’offre. Ainsi, en 2017, l’entreprise est entrée au capital de la PME perpignanaise Microbia Environnement, spécialisée dans la surveillance des écosystèmes marins. En 2018, elle a fait de même avec la start-up nîmoise Laboxy, qui a créé une solution pour sécuriser le financement de l’innovation, notamment le Crédit impôt recherche dont Phytocontrol fait une grande consommation (23 % de son budget R & D). Plus récemment, en novembre 2020, Phytocontrol a fait une entrée minoritaire de 49 % au capital de l’entreprise nordiste Food Expert Institute, spécialiste de l’audit et de l’inspection dans l’hygiène des aliments. « À travers ce rapprochement, nous marions les dimensions de l’analyse et de l’audit. Cela nous offre plus de capacités à négocier avec les clients, notamment dans la grande distribution, qui veut l’offre de services la plus complète. On retombe ici sur la problématique des plans de contrôle sanitaire qui se globalisent de plus en plus », justifie Mickaël Bresson.

Accélération de la stratégie digitale

Quelques jours seulement après l’opération touchant Food Expert Institue, Phytocontrol a annoncé le rachat de l’entreprise bordelaise Zest HACCP, qui a conçu une solution de traçabilité et de sécurité alimentaire. La concomitance des deux annonces n’est pas fortuite. « Nous avons désormais le moyen d’apporter une solution 100 % digitale à la partie audit. La profession de l’audit-conseil est encore très liée à la culture du papier. Avec Zest HACCP, nous créons une offre très ergonomique, fonctionnant sur tablettes, qui fera gagner du temps aux auditeurs », souligne Mickaël Bresson. Cette acquisition s’inscrit dans la stratégie digitale de Phytocontrol, qui constitue désormais un autre axe prioritaire de croissance. Pour cela, l’entreprise vient de recruter Thibaut Dabonneville au poste de directeur système d’information et digital, en le débauchant au passage chez la legaltech montpelliéraine Septeo.

Propulsée par cette stratégie, Phytocontrol vise, à horizon 2025, un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros, complété par « d’autres opportunités de croissance externe maîtrisée », selon Mickaël Bresson. À cette date, elle prévoit aussi de couvrir l’ensemble des pays d’Europe, dont certains avec des laboratoires de proximité. L’entreprise nîmoise, qui affronte déjà les géants que sont les laboratoires Mérieux ou Eurofins dans les appels d’offres ouverts par la grande distribution, n’aura alors plus grand-chose à leur envier.

« En matière de contaminants, nous disposons de l’offre technologique la plus complète d’Europe, et nous continuons à investir pour la fortifier et rester leaders »

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