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Cobratex : du bambou pour séduire l'industrie du composite
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Cobratex : du bambou pour séduire l'industrie du composite

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La société Cobratex, installée en Haute-Garonne, élabore du ruban en bambou destiné à terme à la fabrication de matériaux composites, notamment pour les secteurs du sport et loisirs et de la santé. Elle se donne trois ans pour adresser l'industrie.

Avant de s'attaquer à l'industrie du composite, Cobratex fournit en fil de bambou les entreprises du sport et loisirs et de la santé — Photo : Cobratex

« Nous voulons rendre l'industrie plus écolo grâce au bambou », scande Édouard Sherwood, président et fondateur de la start-up Cobratex (11 collaborateurs ; CA 2017 : NC). Née fin 2013 et installée à Carbonne (Haute-Garonne), l'entreprise a développé un procédé unique pour extraire et trier les fibres végétales du bambou. Elle est la seule à produire du ruban utilisable dans la fabrication de matériaux composites. Boostée par son rôle central dans le projet Bamco, lancé par Assystem et le Centre interuniversitaire de recherche et d'ingénierie des matériaux de Toulouse, Cobratex espère commercialiser son produit pour l'industrie en 2021, deux ans plus tôt que prévu.

Breveté internationalement, le procédé de Cobratex permet d'extraire les fibres de bambou via un robot et de les trier en fonction de leurs performances mécaniques, pour enfin les assembler en un ruban homogène aux fibres parallèles. Vendu en bobine ou tissé, le bambou a offert ses premiers clients à la start-up et ces premiers prototypes de skis, raquettes de tennis, palmes, casques de moto ou prothèses.

Adresser l'aéronautique et le spatial

Mais la jeune pousse voit plus loin. Elle maîtrise aujourd'hui la transformation de 40 espèces de bambous sur les 1 200 existantes. L'objectif  ? En traiter un maximum pour extraire un produit qualitatif, toujours identique, qui une fois couplé à de la résine et utilisé comme renfort dans les matériaux composites, pourrait séduire le secteur de l'industrie.

« Le verre représente 88 % du marché des renforts, le lin et le bois 11 % et le carbone 1 %, expose Édouard Sherwood. Mais les deux premiers sont non-renouvelables et les cultures du lin et du bois nécessitent beaucoup de ressources et d'espace. Le bambou, lui, pousse très vite et très haut, en générant énormément de biomasse. Il a surtout une densité deux à quatre fois moins importante que les autres matières premières. C'est un atout fort pour adresser les industries aéronautique et spatiale. »

Levée de fonds et recrutements

Cobratex avait planifié au moins deux ans de phase d'échantillonnage et de test de son produit. Le projet Bamco, financé à hauteur de 3 M€ par Bpifrance et les Régions, va toutefois chambouler ce planning. Les huit laboratoires, industriels et donneurs d'ordre impliqués ont trois ans pour optimiser le process de fabrication et les caractéristiques techniques d'un composite biosourcé renforcé en bambou. Un matériau sur lequel seuls trois laboratoires travaillent actuellement dans le monde. « Nous allons notamment plancher sur du tissu en bambou pré-imprégné de résine, à forte valeur ajoutée, et nous intéresser à l'exploitation de bambou français. » Cobratex a investi 500 000 € dans Bamco et compte sur le projet pour avancer la commercialisation aux industriels à 2021.

La société est justement en train de lever entre 400 000 € et 800 000 €, dont une première tranche, apportée par des clients et des experts du marché, a déjà été validée. Deux personnes devraient être recrutées avant la fin de l'année. Une autre levée de fonds, prévue pour début 2020, devra permettre à Cobratex d'atteindre la rentabilité.

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