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Akinao investit dans sa production de biointrants
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Akinao investit dans sa production de biointrants

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La PME perpignanaise Akinao, spécialisée dans la chimie des substances naturelles, mobilise 1,6 million d’euros pour bâtir un nouveau site à vocation scientifique et industrielle. Elle veut aussi impulser une filière de collecte de la plante à la base de son produit.

Annabel Levert, présidente d’Akinao — Photo : DR

Le laboratoire perpignanais Akinao (5 salariés) bascule dans une nouvelle dimension industrielle : après une longue phase de R & D et de prestation de services autour de la chimie des plantes depuis sa création en 2010, il structure une nouvelle activité dans la production de biointrants, des composés naturels développés pour réduire l’usage des pesticides en agriculture. Il va, en effet, fabriquer deux produits à partir de l’inule visqueuse, une plante endémique poussant dans les fiches agricoles : d’un côté, un fongicide proposé comme alternative aux intrants à base de cuivre, et de l’autre côté, des paillages (fabriqués à partir des coproduits de l’extraction) à poser au pied des arbres pour stopper la pousse des mauvaises herbes.

Le passage à l’échelle industrielle

Pour réussir cet envol, Akinao investit 1,6 million d’euros, avec le soutien de France Relance, dans la création d’un nouveau site de bioproduction : il intégrera, sur une surface de 600 m2, une unité de broyage de la plante, une halle industrielle dédiée à l’extraction, et un laboratoire de support en R & D. Pour la fabrication du fongicide, Akinao vient de nouer un partenariat avec l’entreprise clermontoise Greentech, spécialiste des biotechnologies végétales : c’est elle qui installera ses machines dans la future halle pour industrialiser le procédé mis au point par le perpignanais.

La mise en route du nouveau site n’interviendra pas avant 2 ou 3 ans, mais les perspectives commerciales s’annoncent d’ores et déjà prometteuses. Akinao sera aidé par le contexte : une nouvelle réglementation impose aux particuliers l’utilisation d’un produit alternatif aux herbicides de synthèse (comme le glyphosate) depuis 2021, et elle généralisera cette obligation à divers secteurs d’activité en juillet 2022. "C’est un vrai changement d’échelle pour Akinao. En trois ans, nous allons recruter plus de 20 salariés. Nous prévoyons aussi de tripler notre chiffre d’affaires, alors qu’il était jusqu’alors peu significatif en raison d’un modèle tourné d’abord vers la recherche", apprécie Annabel Levert, présidente d’Akinao.

Un projet de filière de collecte

De plus, la PME catalane entend valoriser son propre territoire. Son idée : exploiter les nombreuses friches agricoles d’Occitanie pour y extraire la plante à la base de son produit. Akinao vient de recevoir le soutien financier du Conseil régional et de l’Ademe pour une étude de faisabilité autour d’une nouvelle filière de collecte. "Le développement de nouveaux biointrants occupe de nombreuses entreprises, mais le sourcing des matières végétales se fait au niveau mondial. Notre démarche consiste à ramener ce sourcing au niveau local, pour développer un projet vertueux de A à Z, de la collecte à la production et la mise en marché de nos actifs", justifie Annabel Levert.

Première étape de ce projet : Akinoa vient d’ouvrir des pourparlers avec le Conseil départemental des Pyrénées-Orientales. En contrepartie d’un entretien de ces terrains, elle obtiendrait un accès privilégié à la ressource, qui promet d’être abondante : le département concentre à lui seul 10 000 ha de friches agricoles. Dans un deuxième temps, Akinao envisage de mettre en culture d’autres friches où, en Occitanie, la plante ne pousse pas spontanément. Ce sont près de 200 hectares qui bénéficieraient alors de cette initiative.

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