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AcuSurgical lève des fonds pour finaliser son robot de chirurgie rétinienne
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AcuSurgical lève des fonds pour finaliser son robot de chirurgie rétinienne

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Créée en 2020, la start-up montpelliéraine AcuSurgical lève 5,75 millions d’euros afin de financer les essais cliniques de son robot conçu pour la micro-chirurgie de l’œil. Elle projette de le commercialiser fin 2022.

Christoph Spuhler (au centre), entouré de ses associés et collaborateurs au sein de la medtech AcuSurgical — Photo : AcuSurgical

Selon les études les plus récentes, la dégénérescence maculaire liée à l'âge, ou DMLA (perte progressive de la vision centrale), affecte une personne sur trois après 70 ans. La start-up montpelliéraine AcuSurgical (7 salariés) a été fondée en 2020 dans l’espoir d’endiguer le phénomène. Elle a créé un robot chirurgical pour faciliter les opérations de microchirurgie rétinienne, réputées parmi les plus difficiles. Jusqu’à l’émergence de cette innovation, les chirurgiens travaillaient au microscope, en maniant des instruments de 0,5 mm d’épaisseur.

« L’opération suppose une sélection drastique des chirurgiens mais elle reste très compliquée. La limite de ce qu’ils peuvent faire en termes de précision a été atteinte. Notre robot va faciliter ce type d’intervention, en leur permettant d’opérer avec une précision de 5 microns. À titre de comparaison, un cheveu fait 100 microns d’épaisseur », explique Christoph Spuhler, ingénieur suisse et cofondateur d’AcuSurgical.

Un marché très concurrentiel

Le robot a été développé par Yassine Haddab, chercheur au Laboratoire d’Informatique, de Robotique et de Microélectronique de Montpellier (Université de Montpellier), et par Christoph Spuhler. Après un cycle de maturation d’AcuSurgical financé par la Satt AxLR, la start-up a pu mener ses premiers essais sur des lapins. En levant 5,75 millions d’euros auprès d’un pool formé par quatre fonds d’investissement, elle va pouvoir financer une phase d’essais cliniques sur des patients. D’ici un an, en principe, elle pourra solliciter une certification médicale en vue de la commercialisation, espérée pour fin 2022 ou début 2023.

Selon Christoph Spuhler, une seule entreprise, située aux Pays-Bas, a déjà commercialisé un robot similaire. Mais avec plus de 80 robots médicaux en cours de développement dans le monde, le marché est très concurrentiel. AcuSurgical mise sur l’extrême précision de sa solution, permettant au chirurgien de piloter en temps réel le robot qui porte l’outil. De plus, le calendrier s’avère favorable : les premiers traitements de la DMLA par thérapie génique arrivent sur le marché, et amplifieront l’efficacité du robot. « En facilitant l’injection de ces produits, notre solution permettra aussi de développer de nouveaux types de traitement, hors de portée jusqu’à présent car les outils n’avaient pas la précision nécessaire. C’est la première fois qu’on peut envisager non seulement guérir la maladie, mais aussi récupérer une partie de la vision », évalue Christoph Spuhler. À moyen terme, le robot d’AcuSurgical pourra être utilisé contre d’autres pathologies des membranes épirétiniennes, comme les troubles maculaires ou la rétinopathie liée au diabète.

Un nouveau pôle d’excellence à Montpellier

Après avoir été incubée au sein de Cyborg, l’incubateur ciblé medtech et génétique du CHU de Montpellier, AcuSurgical vient d’emménager au Business & Innovation Centre (Bic) de Montpellier, où elle assurera la fabrication et l’assemblage des premières séries. En cas d'une forte demande, la start-up pourrait choisir d’externaliser une partie de la production, tout en promettant de la garder en région.

De fait, AcuSurgical devrait se joindre aux deux poids lourds locaux de la robotique chirurgicale, Zimmer Biomet Robotics (opérations du rachis) et Quantum Surgical (opérations du cancer du foie), pour faire émerger un nouveau pôle d’excellence sur le sujet à Montpellier.

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