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Zeiss Meditec s’équipe pour tripler sa production d’ici 2030
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Zeiss Meditec s’équipe pour tripler sa production d’ici 2030

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Implanté à Périgny près de La Rochelle (Charente-Maritime), Zeiss Meditec, filiale du groupe Zeiss spécialisée dans les implants intraoculaires, agrandit son site en vue de tripler sa production d’ici 2030. Objectif : poursuivre sa croissance à l’international.

Zeiss Meditec comptait 160 salariés en 2021, 250 aujourd’hui et s’est fixé 550 personnes à l’horizon 2030 — Photo : Zeiss

Si le mois de mars a symbolisé le lancement officiel des travaux avec la pose de la première pierre, le chantier tourne déjà depuis trois mois, avec les étapes de terrassement. D’ici deux ans, des bâtiments de 14 000 m2 devraient sortir de terre sur le site de Zeiss Meditec, situé au cœur de la zone d’activités de Périgny, en banlieue de La Rochelle.

L’entreprise n’est pas à son premier agrandissement. "Il y a trois ans, le site avait déjà fait l’objet d’une extension de 800 m2 en vue d’y implanter une nouvelle ligne de production d’implants oculaires d’une gamme particulière que le groupe fabriquait auparavant aux États-Unis, des implants hydrophiles et mono focaux", relate Gildas Lorec, directeur général délégué et responsable du site. L’objectif, à l’époque, était de rassembler à Périgny la fabrication de l’ensemble des 3 000 références de ces mini-lentilles de chirurgie à insérer sous la cornée, pour remplacer des cristallins abîmés, notamment en cas de cataracte. Historiquement, l’usine était déjà spécialisée dans la fabrication de ce matériel médical de pointe, avant son rachat par Zeiss en 2005. C’est ici que le groupe allemand spécialisé dans l’optique de pointe a amélioré cette technologie née à la fin des années 1990, réussissant à rendre toujours plus souple, plus précis et plus petits ces implants intraoculaires, faisant de l’entreprise une référence mondiale dans le domaine.

Chine et États-Unis dans le viseur

En parallèle, l’entreprise a développé une gamme de consommables, des outils jetables d’insertion de ces cristallins artificiels à usage des chirurgiens. "Ces recherches nous ont notamment permis de faire baisser la taille de l’incision à réaliser au niveau de l’œil du patient et de réduire le temps d’opération à un quart d’heure", explique Gildas Lorec. Cette technologie mature permet aujourd’hui d’adapter chacune de ces lentilles aux besoins de visions des patients, grâce au façonnage automatisé des milliers de facettes qui composent ces cristallins artificiels.

Aujourd’hui, les produits fabriqués par Zeiss Meditec s’utilisent dans tous les hôpitaux de France et s’exportent dans 80 pays, assurant un chiffre d’affaires stable à l’entreprise depuis plusieurs années – 19,6 millions d’euros en 2021. Si l’entreprise compte désormais s’agrandir, c’est pour continuer son essor à l’international. "La population mondiale vieillit et, avec elle, les besoins en soins liés au vieillissement. La demande mondiale s’accroît, en particulier dans les pays dits émergents", explique le directeur. Après l’Amérique latine, Zeiss Meditec investit progressivement la Chine, où elle compte augmenter significativement ses parts de marché dans les dix ans à venir. Les États-Unis sont également ciblés.

Fabriquer la matière première et automatiser

Pour faire face à la demande, l’entreprise triple sa surface de production en espérant "au moins" tripler sa production d’ici 2030, avec une mise en service des nouveaux locaux dès 2024. L’objectif ne se limite pas à l’installation de lignes de productions supplémentaires d’implants. Zeiss Meditec compte également intégrer la fabrication des consommables (plus d’un million de pièces par an) liés à l’implantation chirurgicale des produits, aujourd’hui fabriqués sur un autre des 16 sites du groupe allemand. À terme, elle prévoit également de fabriquer sur site sa propre matière première, le polymère, base de la fabrication des implants. Une façon d’avoir la main sur l’ensemble de la chaîne de production, localement.

Pour ce faire, l’entreprise va devoir mécaniser un certain nombre de postes. "Aujourd’hui, nous sommes très peu automatisés, avec beaucoup de tâches manuelles. Avec le changement d’échelle, nous sommes obligés de nous y mettre pour des raisons de compétitivité. Si nous ne le faisions pas, il nous faudrait 1 400 personnes sur site, contre un effectif à 550 fixé à l’horizon 2030. Non seulement nous ne pourrions pas baisser notre coût de production, mais nous rencontrerions également des difficultés à recruter", explique Gildas Lorec.

Montée en cadence

D’ici la mise en service des nouveaux locaux, l’entreprise anticipe en automatisant déjà certains postes. Par exemple, un bras mécanique vient désormais placer puis retirer les implants du support de façonnage, une tâche répétitive accomplie par un salarié il y a encore un an. "On automatise progressivement une petite partie de l’usinage. On essaye également de répartir autrement les volumes de production pour produire davantage, en particulier dans l’extension réalisée il y a trois ans, dont les capacités ne sont pas encore exploitées au maximum. Nous montons progressivement en cadence sur certains produits, comme les implants hydrophiles mono focaux", poursuit le directeur du site. Autre illustration de cette montée en puissance, le site est passé de 160 salariés en 2021, à 250 aujourd’hui.

Un investissement de114 millions d’euros pour encore se développer

Les investissements sont à la mesure des enjeux pour Zeiss Meditec. Au total, le projet "Lisbon" (qui comprend la construction des locaux, l’automatisation et l’augmentation de la production) se chiffre à 114 millions d’euros. Le nouveau bâtiment à lui seul va coûter 33 millions d’euros à l’entreprise, auquel il faudra rajouter 47 millions pour la partie process et équipements, à installer courant 2024 début 2025. La Région et l’agglomération de La Rochelle apportent leurs aides au titre du soutien à l’innovation dans leurs territoires. L’État investit également dans le cadre du plan France 2030 lancé l’an dernier par le ministère de l’Économie pour soutenir la compétitivité industrielle et technologique des entreprises innovantes du pays. "Ce projet revêt une dimension de souveraineté nationale en matière de santé publique puisqu’aucun des concurrents ne mène ses activités de production en France", estime la Région dans un communiqué annonçant une subvention à hauteur de 883 500 euros.

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