Amundi Finance et Solidarité (fonds à impact social d'Amundi), GSO Innovation, le Crédit Agricole Aquitaine Expansion et Jean-Christophe Kugler, ancien membre du comité exécutif du groupe Renault, ont récemment annoncé leur participation à la levée de fonds de 17 millions d'euros de Valoregen. Elle doit financer le déploiement industriel à Damazan (Lot-et-Garonne) de cette start-up, créée en 2019, spécialisée dans le recyclage du plastique souple. L'annonce intervient quelques mois après l'officialisation, cet été, de son premier client, le géant américain Dow (54 Md€ de CA en 2021). Le fabricant de produits chimiques souhaite incorporer au moins 100 000 tonnes de plastiques recyclés dans son offre de produits vendus dans l’Union européenne d’ici à 2025.
Hybridation industrielle
La promesse de Valoregen : structurer une offre nouvelle dans un marché mondial où seuls 14 % des emballages plastiques sont collectés à des fins de recyclage (26 % de recyclage en France). Valoregen doit démarrer en mai 2023 deux lignes de production sur un site de 8 900 m2 au sein de l’écoparc de Damazan, exploité par Valorizon, syndicat mixte du traitement des déchets du département. Le fonctionnement de ces deux lignes, l’une mécanique et l’autre chimique, est "imbriqué", explique Thierry Perez. "D’un côté, nous avons le recyclage mécanique qui va produire 15 000 tonnes de granules plastiques. Dow va nous racheter 70 % de cette production sur dix ans pour refaire ses emballages. Avec le recyclage chimique, constitué des plastiques rejetés par le procédé mécanique, nous allons produire 13 000 tonnes d’huile pyrolytique pour refabriquer du plastique", ajoute le dirigeant. Valoregen compte ainsi éviter la fabrication de plastique pétrosourcé et économiser 28 300 tonnes de CO2 par an. "Pour l’heure, la vente de cette huile n’est pas contractualisée mais des accords sont déjà préétablis", dévoile Thierry Perez.
Pistes d’expansion
L’industriel compte s’alimenter en plastique souple auprès de gestionnaires de déchets (grands groupes ou indépendants), des grandes enseignes, des négociants mais aussi des flux de collecte sélective ou des plastiques issus de l’agrofourniture. Son déploiement industriel est soutenu par un prêt régional de 3,5 millions d’euros, une subvention du plan de relance de 2,2 millions d’euros, un soutien financier (au montant non dévoilé) de Dow et un pool bancaire (Crédit coopératif, Crédit Agricole Lot-et-Garonne et Banque Populaire) qui finance les machines. Valoregen ambitionne de produire 70 000 tonnes de plastique recyclé en 2025, contre 28 000 tonnes au démarrage.
Tri optique et mécanique, lavage par voie sèche, gaz issu de la production réinjecté dans la ligne secondaire… l’entreprise ne manque pas d’ambitions environnementales. Son créateur travaille en parallèle à "la relance du fret fluvial sur le canal latéral de la Garonne" pour optimiser sa logistique. "Nos huiles pourraient rejoindre le port de Bordeaux en péniches et être exportées ou transformées sur le port autonome grâce à l’hydrogène", glisse Thierry Perez, évoquant des plans à long terme. "L’idée est d’installer deux autres sites en France, et de vendre des licences d’exploitation technologique (le procédé chimique est breveté) à l’export pour nous développer en Europe". Valoregen ambitionne un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros pour 2023 et prévoit d’embaucher 45 personnes.
