Les créateurs
Cocasse que leur rencontre autour d’une imprimante 3D ! C’était en 2013, au centre médical universitaire de Genève. Kevin Alessandri, originaire de Versailles, et le Mâconnais Maxime Feyeux échangent au sujet de leur thèse respective et comprennent l’intérêt qu’ils auraient à unir leurs champs de recherches. L’un est physicien en recherche fondamentale et l’autre spécialiste des cellules souches et de la maladie neurodégénérative de Huntington. Les deux post-doctorants écartent des propositions américaines et suisses pour rejoindre la France et réaliser le transfert technologique du fruit de leur recherche.
À Bordeaux se trouve un soutien de taille : Pierre Nassoy, directeur de thèse de Kevin Alessandri, par ailleurs directeur de recherche CNRS à l'Institut d'Optique Graduate School. « Nous avons été très sensibles à l’écosystème bordelais », précisent les deux chercheurs du LP2N Laboratoire photonique, numérique et nanosciences, rapidement soutenus par Aquitaine Science Transfert et la technopole Unitec.
Le concept
Dans le monde entier, les recherches sur la thérapie cellulaire avancent, avec en ligne de mire le traitement des maladies chroniques (Parkinson, diabète, DMLA, foie etc). Les cellules souches sont la matière première des thérapies cellulaires, mais s'avèrent très chères, estimées à 10 millions d’euros le kilogramme de cellules.
Après une année consacrée « à mettre une thèse dans l’autre », le projet de Kevin Alessandri et Maxime Feyeux se dessine et prend la forme de micro-capsules capables de produire des cellules en masse et de qualité, compatibles avec les besoins thérapeutiques. Alors que la culture de cellules se faisait jusqu’alors à plat, en 2D, les deux trentenaires réussissent la culture en 3D dans un bioréacteur. « Des conditions sympas pour les cellules », sourient-ils. Sympas, et surtout révolutionnaires en termes de quantité. Un changement d’échelle est réalisé, permettant d’envisager une réduction considérable des coûts de production.
Les perspectives
TreeFrog Therapeutics, conforté par un financement de 1,2 M€ de la Société d'Accélération du Transfert de Technologies de la région Aquitaine en 2017, vient de décrocher le grand prix i-Lab. Ce concours d'aide à la création d'entreprises de technologies innovantes, organisé par Bpifrance et le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, va accompagner le développement de l’équipe Alessandri-Feyeux. Bien décidée à voir sortir de terre dans deux ans une unité de production de cellules souches en métropole bordelaise, l’entreprise dépose actuellement ses statuts. La jeune pousse prépare sa première levée de fonds en amorçage. Plusieurs contrats industriels sont en cours de négociation.