Une idée d’entreprise peut germer n’importe où, pourvu que le terreau soit adapté. C’est en voulant organiser un mariage que Julie Audouin et Carole Bichot, deux anciennes ingénieures dans l'aéronautique, ont abouti à un constat simple : "l'événementiel est un secteur qui n'a pas totalement fait sa transition numérique et environnementale. Au cours de notre étude de marché, nous avons constaté que si deux tiers des clients sont intéressés par l'écologie dans leurs évènements, un sur cinq seulement passe à l'action", résument les deux fondatrices. Elles ont alors l’idée de créer Tcheen, une plateforme de réservation en ligne de prestations évènementielles écoresponsables.
Une offre de prestataires engagés
Le client (particulier ou professionnel) choisit ses prestataires sur la plateforme, qui centralise l’ensemble de l’offre disponible (une centaine de partenaires à l’heure actuelle). La promesse : tout livrer au client clé en main sans multiplier les intermédiaires. Tcheen se rémunère à la commission (10 %) et chacun de ses prestataires doit répondre à un "questionnaire environnemental" en guise de sésame d’entrée. Leurs engagements écologiques s’affichent sur le site : mobilier recyclé ou toilettes sèches pour les lieux, produits locaux, consignés ou bio pour la nourriture… La start-up se charge ensuite de les mettre en avant en fonction de leur "score".
Si le secteur n’est plus vraiment à la fête depuis le début de la crise du Covid, Tcheen s'est adapté en rendant plus flexibles les annulations d’évènements et en s’associant à la commercialisation de "box gourmandes". Incubée par Bordeaux Technowest au Bouscat (Gironde), la jeune pousse a bénéficié de la bourse French Tech (19 000 euros) et de deux aides régionales (55 500 euros en tout, dont 6 500 euros de l’ADI). Elle a remporté en mars 2021 la Social Cup, "coupe de France" des jeunes entrepreneurs sociaux.
Levée de fonds
Julie Audouin et Carole Bichot affichent déjà de grandes ambitions : elles évoquent pêle-mêle l’organisation d’évènements à destination des grands comptes, un partenariat avec la mairie du Bouscat pour des festivités zéro déchet et, surtout, un développement rapide dans les années à venir. "Nous allons démarrer avec un carnet de commandes de 30 000 euros en 2021 pour viser un chiffre d’affaires de 200 000 euros en 2022 et 850 000 euros en 2023", présentent-elles. Pour cela, Tcheen souhaite organiser une levée de fonds fin 2022 en vue d’étendre son développement au niveau national, notamment à Nantes et Toulouse, et recruter en conséquence.
L’entreprise mobilise aussi des partenariats aux prestataires. "Nous voudrions que nos valeurs, tendant vers le zéro déchet, se traduisent plus largement, d’où cette idée d'accompagner les prestataires pour évoluer dans le bon sens", abonde Carole Bichot. Parmi eux, on trouve par exemple "Rue de l’Hygiène" (e-shop de produits d’hygiène et d’entretien), Pandobac (logistique zéro déchet) ou encore Waste Me Up, qui transforme et valorise les coproduits de l’agroalimentaire (des plantes de l’estuaire de la Loire transformées en gobelets ou assiettes, par exemple). Tcheen espère en réunir 400 prestataires sur sa plateforme d’ici fin 2021.
