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Pourquoi les vignerons bordelais sont descendus dans la rue
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Pourquoi les vignerons bordelais sont descendus dans la rue

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Un cortège de plusieurs centaines de vignerons a manifesté ce mardi 6 décembre dans les rues de Bordeaux pour réclamer un "plan social" d’aide à l’arrachage de 15 000 hectares de vigne en Gironde. La filière affirme être au-devant d’une "crise structurelle majeure" avec une offre bien trop importante face à une demande en baisse.

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté ce mardi 6 décembre à Bordeaux pour défendre une aide à l’arrachage dans le vignoble bordelais — Photo : Romain Béteille

Ils étaient plusieurs centaines de viticulteurs et de vignerons à défiler à Bordeaux, ce mardi 6 décembre. Armés de tracteurs, de sarments de vignes, ils ont déposé devant les portes du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) des mannequins de paille affichant un "stop aux suicides" en guise de slogan.

Un "plan social à l’arrachage"

La demande est unanime : le déclenchement d’un "plan social" sous forme d’aides à l’arrachage. Élus, vignerons, représentants d’appellations et courtiers ont défilé pour la première fois depuis 2004, dénonçant une "crise majeure". "L’heure est grave, nous sommes au-devant d’une catastrophe. J’en appelle aux politiques de tout bord : il faut que nous obtenions ce plan d’arrachage primé, volontaire, définitif", a notamment affirmé Didier Cousiney, porte-parole du collectif viticulteur 33, à l’origine de la manifestation.

Le plan en question défend ainsi l’arrachage volontaire de 15 000 hectares de vignes (sur environ 110 000 hectares plantés en Gironde) pour ajuster l’offre face à une demande en diminution structurelle. Elle s’est effondrée de 32 % pour le vin rouge depuis 2011 selon une étude Kantar pour RTL. Ce plan d’aide est estimé à 150 millions d’euros, ce qui revient à 10 000 euros d’aide par hectare arraché.

Signaux de crise

L’arrachage des vignes, une hypothèse abordée à demi-mot en mai dernier par les représentants du CIVB, était moins un mot tabou qu’une impérieuse nécessité dans les rangs des manifestants. Lors du renouvellement de son mandat en juillet dernier, le président du CIVB, Allan Sichel, avait dressé le bilan d’une "production désormais largement supérieure à nos volumes de commercialisation" et invité la filière, sans prononcer le terme "arrachage", à "réaffecter certaines terres viticoles à la culture alimentaire humaine ou animalière, à la captation de carbone ou la production d’énergie verte".

Le défilé de ce mardi intervient quelques semaines après la suspension par le CIVB, de la cotation des vins achetés en vrac aux vignerons par les négociants. En cause : "des prix moyens des contrats d’achat plus représentatifs de la valeur réelle". Un symbole fort, sachant que la crise avait déjà fait chuter les cours et que plus de 40 % de la production des vins de Bordeaux est vendue en vrac. Le cortège a pu rencontrer des représentants de l’État et de la Région pour évoquer des pistes de sortie de crise.

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