Pourquoi Bordeaux fait rêver les entreprises ?
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Pourquoi Bordeaux fait rêver les entreprises ?

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2017 sera une année record : 2 000 emplois devraient être créés dans l’agglomération bordelaise par les 39 entreprises qui ont décidé cette année de s’implanter sur le territoire. Pourquoi ici ? Pourquoi maintenant? Et doit-on tout à la LGV?

Photo : Arthur Pequin / Invest In Bordeaux

Deux cent cinquante emplois chez Hermès, 150 chez Betclic ou OVH, 50 chez Niji ou Ubisoft. L’année n’est pas terminée que le nombre d’emplois créés sur la métropole par des entreprises extérieures au territoire dépasse déjà celui de 2016. « On estime à 2 000 le nombre d’emplois qu’elles généreront au cours des trois prochaines années », annonce le président de l’agence de développement économique Invest In Bordeaux. L’enjeu est énorme, mais Lionel Lepouder est confiant, notamment au regard de la taille croissante de ces sociétés. « On voit qu’on est dans le haut du panier comparé à d’autres métropoles. »

En poste depuis un an et demi, il n’ose le dire mais ses équipes l’affirment : en dépit d’un nombre d’entreprises exogènes moins important (39 fin octobre, contre 48 en 2016), « 2017 sera la meilleure année de toutes. »

Parce que 2017 est l’année de la LGV ? « Non, c’est surtout le fruit de 20 ans de travail, de la mobilisation de tous les acteurs et une tendance qui se confirme. La LGV n’est qu’une brique supplémentaire, répond-on au sein de l’agence. Certes, la grande majorité des entreprises qui s’implantent ici sont françaises, mais leurs clients sont partout. Ce qui veut dire que, autant que la LGV, l’aéroport international et toutes ses dessertes est important. » D’ailleurs son trafic a crû de 73% en sept ans. Néanmoins, être à 2h de Paris en TGV n’est pas neutre, surtout par rapport à Toulouse...

29% de pouvoir d’achat supplémentaire. C’est ce que gagne en moyenne un cadre parisien qui vient s’installer à Bordeaux.

Si les récentes annonces d’Ubisoft, Betclic ou Hermès ont retenti quasi simultanément, les négociations ne datent pas d’hier. Certaines remontent à plusieurs années. Les chiffres d’Invest In Bordeaux montrent que la vitesse supérieure a été enclenchée en 2015 et, il faut le reconnaître, la métropole était alors un brin en retard. Bordeaux, classée première ville en termes de vitalité économique cette année (Scan Eco Le Figaro pour les villes de plus de 200 000 habitants) n’est plus perçue uniquement comme une ville dans laquelle il fait bon vivre, mais comme un territoire favorable au business, notamment grâce à l’écho de la French Tech. Avec ses 25 000 emplois, la communauté French Tech bordelaise serait même, selon la vice-présidente de la Métropole Virginie Calmels, « la plus interactive de France ». Et va pouvoir compter en 2018 sur une cité numérique de 25 000 m².

La grande opération séduction

« On a beaucoup oeuvré pour mettre en lumière les écosystèmes et l’offre de services », explique Lionel Lepouder. Le territoire mise sur ses réseaux, ses espaces de coworking, pépinières, accélérateurs, incubateurs, pour permettre à une PME de s’extirper de la masse bien plus rapidement qu’à Paris, avec des partenaires de plus en plus nombreux.

Quant aux offres de services, c’est l’artillerie lourde pour faciliter les installations. Tous les acteurs sont sur le pont, aux petits oignons. « Notre force, c’est de travailler en mode projet, ça c’est nouveau, on a une méthodologie qui implique tous les acteurs », poursuit le président de l’agence économique. Parce que tous - des secteurs de l’immobilier, de l’emploi, réseaux - ont leur compte à trouver. Aux collectivités de se mettre en quatre: garantir des parkings, des lignes de bus, etc.

« On a beaucoup oeuvré pour mettre en lumière les écosystèmes et l’offre de services », raconte Lionel Lepouder

Pour les salariés, c’est aussi l’opération séduction. « Toutes les entreprises qui s’implantent à Bordeaux s’inquiètent de savoir si leurs salariés vont suivre ». A côté des classiques visites en car, bonnes tablées et exposés d’arguments (qualité du CHU, de l’université…), Bordeaux Métropole met à leur disposition un panel d’interlocuteurs dédiés à leur déménagement: le rectorat, l’agence de relocation et, nouveauté, des professionnels de l’emploi en branle-bas de combat pour dégotter un job au conjoint. Pas de garantie de réussite, mais l’assurance que les CV parviennent au bon endroit au bon moment...

Deux fois moins cher qu’à Paris

Les entreprises qui s’installent sont surtout françaises (8 sur 10), et majoritairement franciliennes (41% l’an dernier, probablement davantage cette année). Si Bordeaux est la ville préférée des cadres parisiens pour vivre et travailler (selon une enquête Cadremploi 2017 pour la 3e année consécutive, devant Lyon et Nantes), c’est peut-être parce qu’ils savent qu’ils y gagneraient en moyenne 29% de pouvoir d’achat.

Profil type : PME francilienne dans le numérique en quête de locaux intramuros

Le profil type de l’entreprise néo-bordelaise : une PME francilienne dans le numérique en quête de locaux intramuros. Entre les Bassins à flot, Brazza et Euratlantique, Bordeaux est une des rares métropoles de France à proposer des bureaux en ville. Sans attendre leur achèvement, le marché de l’immobilier tertiaire bondit déjà. Selon l’Observatoire de l’immobilier d’entreprise de Bordeaux Métropole (OIEB), entre janvier et septembre, le nombre de transactions (location ou achat) a quasi doublé dans le département par rapport à la même période l’an dernier (+94,5%), très majoritairement sur la métropole (à 88%). Si Euratlantique est une formidable locomotive, « il y a aussi beaucoup de wagons derrière », note Rodolphe de Malet, le président de l’OIEB. Mérignac, par exemple, est le bassin qui totalise le plus de mètres carrés transactés.

« Toutes les entreprises peuvent trouver leurs locaux ici, résume Rodolphe de Malet, mais pas forcément dans les trois mois ! On n’a pas de stock d’immeuble vide. En revanche, dans les 8 à 15 mois, on les accueille, c’est un délai classique. »

Avec des prix - encore - attractifs, « deux à trois fois moins cher qu’à Paris », estime Virginie Calmels. Des prix qui augmenteront forcément en 2018, tant pour les bureaux que pour les locaux type entrepôts, selon l’OIEB.

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