
« Cela fait plusieurs mois que nous expliquons en quoi la situation peut être qualifiée de guerre commerciale, une vraie guerre qui a été déclenchée sans en mesurer les conséquences. Au mois de mars encore, certains de nos interlocuteurs semblaient surpris par notre diagnostic. Aujourd’hui ce qui m’étonne, c’est davantage le silence des médias et de nos hommes politiques sur le sujet, lequel n’a rien d’anecdotique.
Donald Trump applique la théorie des jeux, l’imprévisibilité en est une composante. Résultat, nous subissons un phénomène de fear factor, que nous avons déjà connu lors de la crise des subprimes, puis des révolutions tunisienne et égyptienne, que chacun voyait gagner le monde entier. Dans le doute, les investisseurs se retiennent.
Commandes divisées par deux
Cette absence de visibilité, cette peur de l’inconnu, entretenue par les déclarations contradictoires venues des Etats-Unis, est notre principal ennemi. Cet attentisme se traduit, à court terme, par un recul des commandes pour nous. En clair, même lorsque nos clients acceptent une proposition ou signent un bon de commande, l’acompte est bloqué par les instances supérieures, au niveau d’un directeur financier ou en conseil d’administration. Notre premier trimestre a été très impacté : -55% de commandes dans l’automobile. Les choses se sont ensuite calmées au deuxième trimestre.
« L’Europe ne semble pas sérieusement en capacité de réagir. »
La Chine dispose de deux armes qu’elle a déjà enclenchées : le boycott des produits américains, notamment des voitures, et la vente de pans entiers de son stock de dette américaine. L’Europe, quant à elle, ne semble pas sérieusement en capacité de réagir.
La position de Lectra ? Eh bien nous serrons les dents, il n’y a rien d’autre à faire que d’accepter le court terme, en se concentrant sur notre vision à moyen et long termes. »