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Philippe Rochet  (Sabena Technics) : « Nous allons construire le hangar du futur »
Interview Gironde # Aéronautique # Investissement

Philippe Rochet président de Sabena Technics Philippe Rochet  (Sabena Technics) : « Nous allons construire le hangar du futur »

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Alors que le groupe TAT est en train de céder la majorité du capital aux sociétés d’investissement Sagard, Bpifrance et TowerBrook, le Girondin Sabena Technics affiche une très forte croissance. Le groupe spécialisé dans la maintenance aéronautique veut recruter 450 salariés et investir plus de 20 millions d’euros à Mérignac.

Surfant sur un marché de la maintenance aéronautique en pleine forme, Sabena Technics, que préside Philippe Rochet, s'apprête à recruter 450 salariés et à investir dans un nouveau bâtiment — Photo : Sabena technics

Quelle est la spécialité de Sabena Technics ?

Philippe Rochet : Nous sommes un groupe privé qui fait de la maintenance et de la modification d’aéronefs civils et militaires, ainsi que de la réparation d’équipements aéronautiques. Nous opérons principalement en Europe, avec quelques implantations en dehors, notamment à Singapour, en Tunisie et dans le Pacifique Sud. Notre entreprise est aujourd’hui constituée d’un peu plus de 2 500 personnes dont 2 000 en France. Lorsque le groupe TAT l’a reprise au milieu des années 2000, elle comptait 500 collaborateurs. Nous sommes présents à Dinard, Perpignan, Nîmes, Toulouse, et bien sûr à Mérignac qui est notre site le plus important, puisque 850 personnes y travaillent. C’est un site historique pour nous, choisi évidemment en raison du tissu industriel qui l’entoure.

Vous y investissez d’ailleurs 20 millions d’euros pour y construire un nouveau hangar de 10 000 m²...

P. R. : C’est vrai, nous construisons le hangar « du futur », qui sera livré en fin d’année. Il coûtera d’ailleurs bien plus que 20 millions d’euros, cette somme ne concernant en réalité que le bâtiment et non tout ce qui touche à sa digitalisation. Depuis longtemps, sur le site de Mérignac, nous faisons cohabiter à la fois un bureau d’études et des hangars qui nous permettent de répondre aux besoins des marchés civils comme militaires, en intervenant sur des aéronefs et des gros porteurs. C’est d’ailleurs l’une des spécificités de Mérignac, qui est notre seul site français dans ce cas. Les autres sont davantage dédiés aux seules opérations de maintenance. Le hangar que nous faisons construire, donc, a été pensé pour favoriser la digitalisation de nos métiers, en particulier de celui de mécanicien aéronautique, ce qui va nous permettre d’être encore meilleurs. Meilleurs dans l’interface client, dans la compétitivité aussi. Tous nos techniciens seront connectés et sauront en permanence ce qu’ils ont à faire sur les aéronefs, car tout sera numérisé : la documentation, la supply chain, la fiche de correction de défauts, ils auront accès à toutes les données utiles sur un support mobile.

Vous comptez recruter 450 personnes sur les trois années à venir. À quels besoins correspondent ces embauches ?

P. R. : Ils correspondent à la progression de notre activité, puisqu’en 2018 nous avons eu un chiffre d’affaires de 440 millions d’euros et que nous prévoyons 10 % de croissance en 2019. Nous avons un positionnement pertinent en Europe, avec un savoir-faire assez large et une performance opérationnelle très bonne.

« Les avions sont faits pour voler, pas pour être dans des hangars : moins ils y restent, plus nos clients sont satisfaits »

Nous sommes capables de produire des services aéronautiques avec zéro défaut dans des délais très compétitifs, c’est sans doute ce qui fait la différence. Car les avions sont faits pour voler, pas pour être dans des hangars : moins ils y restent, plus nos clients sont satisfaits. Nous revendiquons donc une double performance, opérationnelle et économique. Et puis nous sommes dans un secteur en très forte croissance. Il y a aujourd’hui 20 000 aéronefs de transport de passagers civils, et 1 000 de plus vont être produits chaque année. La demande va s’accentuer, donc des problèmes de capacité vont se poser. C’est pour cela que nous devons les accroitre, afin d’être en mesure de répondre à ces enjeux.

Hangar de Sabena Technics, une entreprise spécialisée dans la maintenance aéronautique — Photo : Patrick Seguin

Pour votre recrutement, quels profils sont recherchés ?

P. R. : Sur un rythme de 150 personnes par an, 80 % seront des techniciens. Et les trois quarts de ces techniciens viendront d’Aerocampus, à Latresne, qui est vraiment un vivier prépondérant pour nous. Les autres personnes recrutées viendront en candidats libres, notamment d’anciens militaires en reconversion dans le civil. Sachant que le marché est en tension et qu’il n’est donc pas évident d’attirer de bons profils. Mais le fait d’être en Nouvelle-Aquitaine joue clairement en notre faveur dans le processus de recrutement, c’est une région dans laquelle les gens veulent venir habiter.

Quelles sont vos ambitions pour les années à venir ?

P. R. : Notre stratégie, c’est cette force de croissance, entretenir le rythme de recrutements et donc de développement sur plusieurs années, tout en maintenant notre niveau de performance opérationnelle. Nous sommes dans un secteur où, évidemment, le zéro défaut est une obligation. Nous devons faire davantage, plus vite, mais avec la même rigueur.

Gironde # Aéronautique # Investissement # Ressources humaines