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Mericq mise sur l’export et l’e-commerce
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Mericq mise sur l’export et l’e-commerce

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Début mai, le groupe Mericq, spécialiste des produits de la mer, a réalisé sa première prise à l’international en rachetant l’irlandais Breizon. La dernière opération en date d’une longue saga familiale pour qui l’accès à la ressource et la disponibilité constituent deux maillons essentiels.

Le groupe Mericq, dont le siège est situé à Agen depuis sa création, dispose d’une flotte de 150 camions — Photo : Violaine Lecout

La réactivité, c’est l’ADN du groupe familial agenais Mericq (850 salariés, 337 millions d’euros de chiffre d’affaires), spécialiste des produits de la mer.

Début mai, il a annoncé le rachat de la société Breizon (18 millions d’euros de chiffre d’affaires) implantée à Rossaveal, dans le comté de Galway (Irlande). Société elle aussi familiale, fondée par une famille bretonne, les Trahan, Breizon est notamment connue pour être le numéro un du homard en Irlande, mais pêche aussi d’autres crustacés comme la crevette bouquet, au casier. Elle est aussi spécialiste du surgelé via la marque Window to the Sea. C’est la première acquisition à l’international pour le groupe néoaquitain, mais la dernière en date d’un réseau patiemment construit autour d’un seul but : capter le produit à la source pour être le premier à le livrer aux plus de 8 500 professionnels (poissonniers détaillants, GMS ou restaurateurs) composant sa clientèle.

Toile d’araignée

L’histoire du groupe Mericq s’est bâtie sur la croissance externe. C’est celle d’un Agenais, Serge Mericq, qui crée en 1960 une société de négoce de poissons sur le marché d’Agen pour approvisionner les poissonniers locaux et ceux du marché des Capucins, à Bordeaux. Rejoint 20 ans plus tard par son neveu, André Abadie, son affaire s’ouvre à la grande distribution avant un changement de cap important en 2001, jamais dévié depuis : l’implantation dans des criées de la façade atlantique, puis méditerranéenne. "Pour nous, sécuriser la matière était un moyen d’assurer notre pérennité", commente Charlotte Abadie, directrice marketing et communication du groupe et ancienne directrice générale entre 2017 et 2020.

Pour sécuriser sa ressource en amont, Mericq rachète en 2016 le groupe finistérien Beganton, spécialisé dans les crustacés vivants, "des produits en pénurie sur le marché français", écoulant plus de 30 % de son volume à l’export. En 2018, c’est au tour du normand Kermarée de changer de pavillon et d’apporter au groupe son savoir-faire sur la transformation du bulot et de la moule de la baie de Granville dans laquelle cette société familiale, déjà fournisseuse de Mericq, capte la ressource d’une trentaine de bateaux.

Aujourd’hui, 26 sites composent le réseau du groupe en France, essentiellement côtiers. "C’est la ressource qui fait les implantations. Notre maillage logistique est l’une de nos grandes forces : il fonctionne en sites primaires comme Arcachon, Agen ou Niort, où la marchandise arrive du monde entier, notamment d’Europe du Nord. Elle est ensuite dispatchée sur des sites secondaires comme Royan ou La Rochelle", explique Charlotte Abadie.

Cap sur l’e-commerce

Le cœur de la stratégie du groupe, sa réactivité, explique une grande partie des investissements réalisés ces derniers temps autour de la relation client. "Le client qui commande chez nous à 17 heures est livré le lendemain matin". Sa flexibilité et celle de sa flotte de 150 camions l’aident à surmonter les crises. "Avec la guerre en Ukraine, les bateaux ont du mal à sortir et coûtent de plus en plus cher. Ça nous demande d’être réactifs en permanence, nous sommes touchés par toutes les crises mais nous restons agiles". Le dernier rachat en date, assure Charlotte Abadie, "ouvre beaucoup de synergies sur les clients de Breizon et les marchés irlandais et européens", le chiffre d’affaires à l’export de Mericq ne représentant que 5 % de son activité. Sur l’aval, le groupe a aussi racheté La Poissonnerie à Agde (Hérault) et Puget-sur-Argens (Alpes-Maritimes), spécialiste de la livraison des restaurateurs, cible adressée depuis 2004.

Les rachats ne sont pas les seules pistes de croissance du groupe, qui espère atteindre 400 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022. En mars 2021, l’entreprise a retenu la leçon des mois de blocages rencontrés pendant l’épidémie de Covid-19 et ouvert son site d’e-commerce. "En 2018, nous avions lancé une première application pour permettre aux clients de consulter nos tarifs et leurs factures en ligne". "New-Mericq", le nouveau système, en est la suite logique. Elle permet de visualiser le stock disponible sur les criées et de commander en fonction des besoins, le volume permettant de rester compétitif sur le prix d’achat. De quoi faciliter l’écoulement des 41 000 tonnes de produits de la mer commercialisées en 2021.

"Aujourd’hui, l’e-commerce représente plus de 10 % de notre chiffre d’affaires. Il ne concurrence pas l’activité de nos télévendeurs mais leur fait gagner du temps. Ça nous permet de faire monter en compétence notre force de vente pour être sur le terrain et accompagner les clients". D’autant que Mericq a développé en interne son propre moteur d’intelligence artificielle pour faire des suggestions à la carte et "ainsi créer de la valeur".

De nouvelles pistes

Toujours flexible, la société réfléchit déjà à la suite. "Demain, on peut imaginer que le client pourra suivre l’heure à laquelle va arriver sa marchandise, chose qui dans notre filière n’existe pas". Elle investit aussi pour rester compétitive sur son outil industriel. Après avoir créé son propre laboratoire qualité en 2016 par souci de traçabilité, elle envisage d’investir dans la transformation, notamment la pasteurisation de bulots sur le site Kermarée de Blainville (Manche).

Elle a récemment monté un groupe de travail en interne pour réfléchir aux suites à donner sur l’export et se dotera aussi d’un nouveau site internet en fin d’année. Enfin, si elle doit atteindre 1 000 personnes cet été avec le renfort saisonnier, l’entreprise continue d’embaucher. "Il y a toujours 10 à 20 postes à pourvoir en permanence, autant des employés de marée que des postes de direction ou de marketing", termine Charlotte Abadie. De quoi conserver, comme le dit son slogan, sa fameuse "marée d’avance".

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