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Maincare entre dans le giron de Docaposte pour accélérer la transition numérique des établissements de santé
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Maincare entre dans le giron de Docaposte pour accélérer la transition numérique des établissements de santé

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L’éditeur de logiciels de santé girondin Maincare passe dans le giron Docaposte, la division numérique du groupe La Poste. Leur objectif : créer un "leader de la santé numérique", au travers notamment de la sécurisation et de la gestion des données de santé.

La société girondine Maincare a été rachetée par Docaposte, filiale numérique du groupe La Poste — Photo : Marc Gremillon

Mi-janvier, l’éditeur de logiciel de santé girondin Maincare (plus de 80 M€ de CA en 2022, 650 collaborateurs), né en 1999 et basé à Canéjan (Gironde), passe dans le giron de Docaposte (plus de 826 millions d’euros de d’affaires en 2022, 7 500 salariés), filiale numérique du groupe La Poste, pour renforcer sa stratégie autour de la santé numérique. Maincare développe depuis 24 ans plus d’une quinzaine de logiciels, centrés autour de la gestion des établissements (finances, logistique, RH…) et la production de soins (notamment le dossier patient informatisé). Il regroupe plus de 1 000 clients, essentiellement des CHU et CHR français.

Ambitions communes

Ce deuxième plus gros rachat en date pour Docaposte (après Softeam en 2019, experte du conseil en finance, banque et assurance, qui réalisait un chiffre d'affaires de 150 M€) vient renforcer le portefeuille santé de ce spécialiste de la "confiance numérique", qui représentait -avant le rachat- un volume d’affaires de 25 millions d’euros et ambitionne de dépasser maintenant les 200 millions d’euros à horizon 2030.

Le fabriquant de logiciels n’est pas la première acquisition du pôle santé de la filiale. Il y a notamment eu la start-up parisienne InAdvans en 2020, qui développe des logiciels de conformité réglementaire en marque blanche pour l’industrie pharmaceutique et l’assurance, ou encore le bureau d’études lyonnais Heva, spécialisé dans l’analyse des données de santé, racheté en avril 2022.

Cette acquisition girondine reste malgré tout, à date, la plus importante. "Notre objectif est d’amener les acteurs de la santé vers un pilotage des établissements facilité par la donnée et d’accélérer la transformation numérique des systèmes de santé", explique ainsi Carla Gomes, directrice du marché santé de Docaposte. "Il y avait une complémentarité forte avec Maincare pour répondre à nos objectifs principaux de mieux faire fonctionner les établissements, faciliter la relation avec les patients et faire avancer la recherche clinique, le tout pour rendre du temps aux soignants", ajoute la responsable.

Maincare, qui a construit son développement autour de rachats successifs, dispose d’une dizaine de sites dont la moitié d’entre eux sont dédiés à la R et D. "Ce rapprochement industriel est voulu. Les discussions ont débuté fin 2021 en partageant nos axes de synergie potentiels. Nous avons signé un partenariat stratégique au printemps. Avec cette acquisition, nous allons accélérer", confirme Olivier Barets, directeur exécutif de Maincare. "Par exemple, nous travaillons en priorité sur le marché français, mais nous accompagnerons la dynamique de Docaposte sur le marché européen dès qu’elle sera lancée".

Enjeux sécuritaires

L’éditeur de logiciels, qui représente à lui seul 30 % des parts de marché des logiciels hospitaliers dans les établissements équipés, a déjà plusieurs chantiers sur le feu. Si son pôle R & D reste sa principale "force de frappe" (il regroupe 300 personnes), c’est qu’il planche actuellement sur une modernisation de deux de ses logiciels historiques, M-Gam (gestion administrative du malade) et M-Crossway (dossier patient informatisé), qui doit être finalisée en 2024. L’un des enjeux clés de son développement est déjà complémentaire avec les solutions de son nouveau propriétaire : la confiance numérique. "Nous renforçons à la fois la sécurité des logiciels dès leur conception mais aussi celle des infrastructures qui les hébergent (data centers). De plus en plus de clients nous demandent d’opérer l’hébergement de leur système, l’hôpital n’ayant parfois pas les ressources économiques ou humaines pour atteindre ce niveau de sécurité", explique Olivier Barets. "Pour la très grande majorité des nouveaux dossiers patients informatisés, les clients demandent qu’ils soient hébergés dans ce type de data center. Nous avons développé une offre spécifique. Grâce au rachat, nous allons aussi intégrer des services de Docaposte dans nos solutions comme le coffre-fort numérique, la signature électronique ou la brique de gestion du consentement. Cela va nous permettre d’enrichir la sécurité et la validité de la structuration des données".

Avenir prédictif

Enfin, la stratégie des deux entreprises se concentre autour de l’utilisation de la donnée et son rôle prédictif dans la gestion des établissements de santé. "Ces données peuvent permettre d’accélérer la recherche et d’améliorer le soin, notamment grâce à l’utilisation de l’intelligence artificielle qui va pouvoir analyser un volume très important de données. Nos clients nous attendent beaucoup sur notre capacité à prévoir les activités même de l’hôpital, comme le flux de patients aux urgences ou dans d’autres services", poursuit Olivier Barets.

"Nos datas scientists l’ont déjà fait à l’échelle des Hospices Civils de Lyon. Nous avons été capables de prédire avec un fort taux de fiabilité la charge des services d’urgences à quinze jours". Maincare devrait continuer de recruter dans les semaines à venir pour moderniser ses logiciels. Elle ouvre une trentaine de postes sur son périmètre bordelais, essentiellement des développeurs, des directeurs de projets chargés de déployer le logiciel et des consultants accompagnant ce déploiement. Le but de ces nouveaux recrutements : continuer de renforcer son pôle R & D, dans lequel elle a investi plus de 20 millions d’euros en 2022.

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