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L'opérateur Domofrance veut investir 3, 4 milliards d'euros en région
Bordeaux # Immobilier

L'opérateur Domofrance veut investir 3, 4 milliards d'euros en région

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Le palois Habitelem et l'agenais Ciliopée Habitat basculent dans le giron du bordelais Domofrance. Les trois entreprises sociales désormais fusionnées comptent 670 salariés, 40 000 logements locatifs, qui s'inscrivent dans le projet stratégique du girondin : produire 2 000 logements par an, en réhabiliter 1 000 pour un programme décennal de 3, 4 milliards d'euros.

Francis Stéphan, directeur général et Philippe Rondot, président de Domofrance sur le site de la Zac Bastide Niel à Bordeaux, estiment à 15 millions d'euros le chiffre d'affaires "manquant" lié à la crise. — Photo : Anne Cesbron

C'est au cœur des 35 hectares de la Zac de la métropole bordelaise Bastide Niel, où 3 000 logements vont voir le jour, dont plus d’une centaine réalisée par l’opérateur bordelais, que Domofrance présentait sa fusion tout juste actée avec les entreprises de logement social Habitelem et Ciliopée Habitat.

La loi Elan de novembre 2018 est passée par là, obligeant les bailleurs de moins de 12 000 logements à se regrouper. Ainsi les 4 505 logements d’Habitelem, en Béarn et Pays Basque, et les 3 917 de l’agenais Ciliopée Habitat viennent grossir le patrimoine sous bannière Domofrance, pour constituer une offre de 40 000 logements locatifs adossée à un effectif de 670 collaborateurs et à un chiffre d’affaires de 263 millions d’euros. Des entités absorbées, ainsi que leurs filiales rattachées Coprod et l’Abri familial, naissent deux marques commerciales de territoire : Domofrance Pyrénées-Atlantiques et Domofrance Lot-et-Garonne.

« Cette fusion s’inscrit dans la dynamique de notre projet stratégique d’entreprise et ses piliers structurants : un ancrage territorial renforcé, une responsabilité sociétale engagée pour un meilleur service rendu et notre mutation digitale », rappelle Francis Stéphan, directeur général de Domofrance.

Une ambition régionale

Le nouvel acteur constitué insiste sur sa dimension résolument régionale qui fait entrer dans sa gouvernance un représentant permanent de la Région Nouvelle-Aquitaine. « Nous réalisons une fusion offensive, dont l’enjeu est de conforter notre maillage territorial politique et opérationnel. Les sites d’Agen et de Pau, ainsi que les bureaux rattachés, à Villeneuve-sur-Lot et à Bayonne en seront les points d’appui. À Pau sera basé notre centre de relation clients », insiste le directeur général.

« Aujourd’hui, nous passons un échelon en unissant nos forces, nous entrons dans une nouvelle dimension. Notre actionnaire (Action logement, NDLR) nous donne les moyens pour cela, pour devenir demain, non plus seulement bâtisseur et aménageur urbain, mais aussi aménageur du territoire pour aller à la rencontre des territoires », se réjouit Philippe Rondot, président. Pour ce faire, 3,4 milliards d’euros d’investissements seront engagés d’ici à 2027.

Aux côtés des entreprises qui recrutent

Les territoires, en matière de logements, ce sont des besoins exprimés dans les zones tendues en Gironde et en Charente-Maritime, dans le sud des Landes, dans le cœur des villes moyennes et au Pays Basque, « quand le prix du foncier flambe, les enfants des habitants ne peuvent pas se loger pour travailler. On s’aperçoit alors que des emplois ne sont pas pourvus car il n’y a pas de logements », pointe Francis Stéphan citant Safran à Bordes et à Tarnos (Pyrénées-Atlantiques et Landes), en mal de solutions pour accueillir ses jeunes recrues. Un enjeu qui s’exprime également autour du logement des travailleurs saisonniers. « Nous devons être en ordre de marche au niveau de la production, avec 2 000 logements par an. Et nous saurons mobiliser des fonds énormes en termes de traitement énergétique, dans le cadre du plan de relance le cas échéant », précise le directeur général.

De nouveaux relais de croissance sont dès lors envisagés, l’exploitation du patrimoine ne permettant pas de porter le rythme de production. Près de 400 logements sont ainsi cédés chaque année. « Pour dégager des moyens nous devons développer nos activités d’aménageur, notamment dans le secteur tertiaire, nous réfléchissons à des partenariats en ce sens », concède Francis Stéphan.

Relativiser la crise

Réalisée en pleine pandémie, cette fusion se heurte aux premiers contrecoups de la crise. Domofrance évalue à 15 millions d’euros le chiffre d’affaires manquant. « L’impact est majeur, oui. En termes d’impayés et de chantiers retardés », reconnaît le directeur général. « Cette crise nous fait mal, mais il s’agit de relativiser. Le modèle économique du logement social est celui du temps long. Par rapport à d’autres secteurs nous pouvons dire que nous sommes chamboulés, mis à l’épreuve, certes, mais pas ébranlés. Il faut cesser de surstresser les parties prenantes », tempère Philippe Rondot.

Fin mai, la totalité des chantiers en production neuve et 80 % des opérations de réhabilitations de Domofrance ont ainsi repris, avec une moyenne de trois mois de retard. « C’est un chiffre d’affaires qui est décalé, pas perdu. Quant au dérapage des impayés, nous retrouvons la tendance normale », note le directeur général qui rappelle que l’entreprise de logement social étudie actuellement 480 dossiers d’abandon de loyers ou de rééchelonnement pour des locaux commerciaux. « Nous jouons ainsi pleinement notre rôle d’amortisseur social », conclut le président.

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