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Les rayons du soleil font grandir Newheat
Gironde # Production et distribution d'énergie

Les rayons du soleil font grandir Newheat

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Venant de livrer la plus grande centrale solaire thermique de France en Dordogne, le PME bordelaise Newheat impose peu à peu sa technologie et son modèle économique.

Newheat vient d'installer la plus grande centrale solaire thermique de France à Condat-sur-Vézère, en Dordogne, pour alimenter la papeterie Lecta — Photo : Newheat

C’est une toute jeune entreprise bordelaise qui a fait le « buzz » au début de l’été, en étant présentée sans doute un peu exagérément comme étant le « sauveur » de l’usine Lecta, à Condat-sur-Vézère, en Dordogne. Les comptes de cette papeterie étant plombés par les factures de gaz, sa direction a décidé de verdir ses process et à avoir recours à l’énergie solaire, pour une petite partie de sa consommation. Pour cela, Newheat a inauguré sur le site la plus grande centrale solaire thermique de France, laquelle a pour particularité d’embarquer des « trackers », ces pivots qui permettent aux panneaux de suivre le soleil et d’accroître les rendements. « Nous sommes producteurs d’énergie solaire thermique, et nous développons, investissons et exploitons des centrales pour deux types de clients : les grands sites industriels, à l’exemple de celle de Lecta, et les réseaux de chaleur urbaine. Le fait d’être spécialisé en chaleur thermique nous oblige à avoir des installations à proximité de celles de nos clients, qui y sont connectées via des tuyaux transportant l’eau chaude », explique Hugues Defréville, fondateur et président de Newheat.

Innovations dans le modèle économique

Au-delà des innovations technologiques, c’est aussi le modèle économique qui étonne : « Notre originalité, c’est qu’on apporte un financement complet du projet. C’est un mode de fonctionnement qui existe dans le nord de l’Europe mais qui est unique en France. Nous finançons tout, de l’étude à la construction, puis nous nous rémunérons en vendant l’énergie que l’on produit. On compte les calories utilisées par le client, le débit d’eau, la température, et ensuite celui-ci paie au compteur. »

Un modèle qui nécessite un engagement sur le long terme du client envers son fournisseur, de 15 à 20 ans pour les sites industriels, de 25 ans pour les réseaux urbains. Dans le cas de Condat, Lecta s’est engagé sur 20 ans et l’investissement total a été de 2,3 millions d’euros, dont 1,4 financé par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Pas moins de 4 211 m² de panneaux solaires ont été installés. Ils produisent l’énergie thermique qui est nécessaire au préchauffage de l’eau d’appoint des chaudières, alimentant le réseau de vapeur de la papeterie. Évitant au passage l’émission de plus de 1 000 tonnes de CO2 chaque année.

L'effectif double en un an

« La chaleur que nous vendons à nos clients leur revient dès aujourd’hui moins cher que celle qu’ils achèteraient ailleurs, tirée le plus souvent d’énergies fossiles. Mais nous serons encore plus compétitifs au fils des ans, l’écart étant amené à se creuser encore », assure Hugues Defréville. Dans les 12 prochains mois, l’entreprise prévoit de démarrer la construction de quatre centrales, dont elle assurera toute la maîtrise du projet, de l’ingénierie à la maîtrise d’œuvre. Deux villes « de taille moyenne, où le foncier est plus facile à trouver que dans les grandes, » s’apprêtent, de plus, à confier à Newheat leur réseau de chaleur.

La société bordelaise est aussi en phase d’avant-projet pour six sites, sachant que, de la conception à la mise en route d’une installation, il faut en général compter trois années. Depuis mi-2018, Newheat, qui ne dévoile pas son chiffre d'affaires, est passée de 7 à 15 salariés, et prévoit d’embaucher encore cinq autres personnes d’ici douze mois, principalement des ingénieurs.

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