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Les acteurs économiques locaux plaident pour l’allègement de la future ZFE de Bordeaux
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Les acteurs économiques locaux plaident pour l’allègement de la future ZFE de Bordeaux

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Une dizaine d’élus et responsables du monde économique de Gironde et de Nouvelle-Aquitaine défendent un processus de concertation pour la future Zone à faibles émissions (ZFE) de la métropole de Bordeaux. À la veille d’une rencontre avec le président de Bordeaux Métropole, ils dévoilent une dizaine de mesures pour assouplir sa mise en œuvre.

Bordeaux Métropole devrait mettre en place une Zone à faibles émissions (ZFE) en 2024 — Photo : Romain Béteille

"Oui, mais..." C’est le son de cloche porté le 22 mars par les chambres consulaires girondines et de nombreux acteurs économiques, représentants des transporteurs, industriels ou des métallurgistes face aux futures échéances d’entrée en application de la Zone à faibles émissions (ZFE) de la métropole de Bordeaux. L’interdiction de circuler, qui doit entrer en vigueur en 2024 pour les véhicules les plus polluants (Crit’Air 4 et 5) et s’étaler entre 2027 et 2030 pour les autres, inquiète les professionnels.

Harmoniser les calendriers

Dans une enquête flash réalisée en mars, la CCI Bordeaux Gironde dénombre 240 000 actifs girondins utilisant leur véhicule pour aller travailler dans le périmètre de la ZFE, dont 36 % en Crit’Air 3, 4 et 5 ou non classés (35 % des poids lourds, 35 % des utilitaires et 37 % des véhicules légers). 26 % des entreprises interrogées par la CCI n’ont pas connaissance de la mise en place d’une ZFE, plus de la moitié ne connaît pas la date de son entrée en vigueur et 75 % ignorent son périmètre d’application. 22 % envisagent de faire évoluer leur flotte et 36 % anticipent des difficultés logistiques supplémentaires, notamment des entreprises du BTP (49 %) ou de l’industrie (45 %).

Pour Lionel Matias, président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Gironde Landes, la ZFE représente "une contrainte supplémentaire pour continuer à produire en France. Nous avons besoin de salariés, de fournitures et d’énergie. Les carnets de commandes sont là mais nous avons des difficultés à les réaliser", témoigne le porte-parole de l'UIMM.

Franck Puharre, délégué régional de l’Union des entreprises de transport et de logistique de France, estime de son côté le besoin d’avoir "un véritable calendrier et une lisibilité cohérente par rapport aux possibilités technologiques de renouvellement des flottes. Ça ne sert à rien de fixer des caps précoces et volontaristes si les véhicules ne sont pas là. Ce déploiement nécessite aussi d’harmoniser au maximum les calendriers des ZFE de la région Nouvelle-Aquitaine", ajoute-t-il. Au niveau national, un comité de concertation sur le sujet a été lancé en janvier 2023.

Recommandations et dérogations

Les acteurs économiques girondins et néo-aquitains ont ainsi formulé dix recommandations pour, disent-ils, "ne pas faire peser de risques sur les entreprises". Parmi elles, la mise en place d’un site internet "guichet unique" pour les professionnels souhaitant bénéficier d’aides pour adapter leur flotte de véhicules. L’essentiel des demandes formulées porte ainsi sur l’accompagnement et l’adaptabilité ; avec notamment des aides financières de la Métropole pour l’achat de véhicules, un développement du "rétrofit" (transformation d'un moteur thermique en moteur électrique), l’installation de bornes de recharge de véhicules électriques dans les entreprises, ou l’éligibilité aux aides pour l’achat, sous conditions de ressources, de véhicules d’occasion.

Surtout, le monde professionnel espère, en discutant avec Bordeaux Métropole, permettre la mise en place de plusieurs dérogations : pour les salariés n’ayant pas accès aux transports un commun, les véhicules dotés d’équipements spécifiques (BTP, médical, frigorifique…) ou approvisionnant les zones et sites industriels en matières premières et en énergie, ou encore pour les activités industrielles de chantier et de maintenance.

Enfin, "cette discussion est aussi une opportunité de faire avancer le sujet des plateformes logistiques multimodales, la question de la gestion du dernier kilomètre étant tombée aux oubliettes depuis deux ans", souligne le président de la CCI Bordeaux Gironde, Patrick Seguin. "Nous avons besoin d’organiser cette logistique de proximité."

En Nouvelle-Aquitaine, d’autres zones urbaines sont concernées, candidates à une ZFE ou en réflexion : Bayonne, Pau, Limoges ou encore Poitiers et La Rochelle. Du côté de la métropole bordelaise, on sait déjà que 2024 devrait être une "année blanche" avant une première vraie application en 2025.

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