
« Nous investissons dans des technologies qui nous ouvrent les portes des dix ans qui viennent. Il s’agit de repenser l’innovation, de se positionner pour ne pas se faire « ubériser » ». Philippe Ribera est vice-président innovation du groupe Lectra (1 800 salariés, 283 M€ de CA) spécialiste des machines et logiciels de découpe de cuir et de textile, pour les secteurs de la mode, de l’automobile et de l’ameublement. En responsabilité depuis 24 ans, ce spécialiste en stratégie numérique et en développement commercial international de solutions B2B est à l’initiative de la création de l’innovation Lab en mars 2019, un investissement de 3 millions d’euros pour la société née en Gironde, devenue parisienne qui a fait de Cestas son centre R & D.
Niché au cœur des espaces de showroom monumentaux du groupe, l’Innovation Lab, ses 350 mètres carrés d’ateliers et de bureaux partagés, a reçu 70 start-up depuis sa mise en service. Son équipe, composée d’une dizaine de profils complémentaires, comprend des spécialistes du marketing, de la 3D, de la réalité augmentée, de la réalité virtuelle, mais également un philosophe, un sociologue, un docteur en méthodes d’innovation. Ici, on poursuit trois missions : capter les tendances émergentes du monde de la mode, accompagner le groupe dans l’industrie 4.0 et accélérer la stratégie d’acquisitions et de partenariats.
Une extension de portefeuille produits
« C’est un outil de croissance externe. Nous avons l’ambition de grossir. On ne peut pas uniquement le faire en interne. Recevoir des start-up, c’est se questionner en termes d’apport de nouveaux talents, d’extension de portefeuille produits et de source de revenus récurrents. De leurs côtés, les start-up connaissent des difficultés d’accès aux marchés, nous leur apportons une base clients », précise Philippe Ribera. Lectra compte 23 000 clients dans plus de 100 pays. L’Italienne Kubix Lab et la belge Retviews ont été les premières start-up ainsi rattachées au groupe. Ces pépites sont des championnes dans la collecte de données et dans le benchmark en temps réel de ce qui se vend à travers le monde. L’ambition du Lab pour 2020 : cinq acquisitions, soit des centaines de rencontres et de workshop à organiser depuis cette « maison » de l’innovation.
Un vecteur de communication
Le leader mondial de la découpe a placé l’innovation au cœur de sa stratégie. Il investit 11 % de son chiffre d’affaires en recherche et développement, et entend bien le faire savoir. À sa manière, le Lab, participe du message. « C’est aussi un vecteur de communication en direction de nos clients, des financiers. Ici, la société montre qu’elle a une vision ». Il faut surtout faire savoir aux talents que Lectra les recherche ardemment. « Nous sommes dans une telle niche. Alors pas question de faire une impasse, nous devons investir dans toutes les directions », reconnaît Philippe Ribera. La suite ? Selon les résultats du Lab de Cestas, Lectra pourrait dupliquer le lieu au sein de ses deux autres International Advanced Technology and Conference Center (IATC) à Atlanta et Shanghai. « C’est ici que nous démontrerons que ce modèle est pertinent ».