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Le plasturgiste Rotomod lance la production d’un kayak spécial Jeux olympiques
Lot-et-Garonne # Plasturgie # Sport

Le plasturgiste Rotomod lance la production d’un kayak spécial Jeux olympiques

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L’entreprise de plasturgie Rotomod, réputée notamment pour ses kayaks rouge et jaune, a conçu un nouveau modèle fabriqué en série pour répondre au cahier des charges du Comité olympique. La PME, créée en 1973, développe par ailleurs sa filière de recyclage du polyéthylène sur son site de Bon-Encontre (Lot-et-Garonne).

Vincent Mas, président, et Damien Garreau, directeur commercial et marketing, sont deux des cinq actionnaires de l'entreprise, tous cadres dirigeants — Photo : Caroline Ansart

Vincent Mas et Damien Garreau supporteront plus que jamais les kayakistes des prochains Jeux olympiques en 2024. Le président et le directeur commercial et marketing de l'entreprise de plasturgie lot-et-garonnaise Rotomod (11,5 M€ de CA en 2022, 87 salariés) y savoureront la fierté de leur contribution, le Paname, un nouveau modèle d'embarcation déjà choisi par plusieurs athlètes et dont la production en série débute ce mois d'avril. Le fruit d'un vrai challenge relevé il y a juste un an par la PME connue pour ses petites embarcations nautiques en polyéthylène, notamment ses kayaks jaune et rouge plébiscités dans le monde entier par de nombreux professionnels - qui représentent 60 % de ses clients -, notamment à l'export (45 % du chiffre d'affaires) via 52 pays.

Remplacer le carbone-Kevlar par du polyéthylène

"La Fédération française de canoë kayak nous a sollicités en mai 2022, raconte Damien Garreau. Nous travaillions déjà avec eux depuis 2021 pour développer un kayak enfant, aujourd'hui commercialisé, le Squaly. Cette fois, il s'agissait de créer un modèle susceptible d'intéresser les athlètes et répondant au cahier des charges du Comité international olympique (CIO)."

Porté par une vague verte, le CIO a changé la donne pour l'édition 2024. "Il impose des kayaks en polyéthylène à la place du carbone-Kevlar pour laisser une part issue du recyclage, détaille Vincent Mas. Pour nous, c'était une opportunité."

Autres critères et non des moindres : ficeler un dossier avant fin décembre 2022, présenter un kayak de 18 kg minimum pour 2,75 m de long, et surtout s'engager à le produire en série avant juin 2023. "Une quinzaine d'entreprises dans le monde ont dû répondre, mais avec de tels critères nous ne sommes que quatre candidats validés : un anglais, un tchèque, un allemand et un français", liste, sourire aux lèvres, Vincent Mas à la tête de l'entreprise qu'il connaît par cœur, lui qui y est entré en tant que stagiaire en 1989 et qui la dirige depuis 2016.

Travail en un temps record

"Nous avons travaillé en un temps record avec la fédération, qui attend notamment des médailles en kayak cross, la nouvelle discipline. Notre service R&D a échangé avec l'entraîneur, avec un prototypiste spécialisé, avec les athlètes pour des retours d'expérience. Nous avons créé plusieurs prototypes à partir du modèle en carbone imaginé par la société tarnaise ZigZag, spécialiste des bateaux de slalom en carbone. Il a fallu transférer les sensations du composite, adapter le design aux contraintes du moulage, s'atteler au poids, à la glisse…"

"Nous avons d'ores et déjà été sélectionnés par les compétiteurs de l'équipe de France, hommes et femmes"

Moins d'un an plus tard, le défi est relevé, Le Paname né, en deux versions pour deux morphologies, avec des sièges entièrement en matière recyclée. Sa fabrication est lancée dans la seconde usine de Rotomod, en Ardèche. "Nous avons déjà une centaine de commandes", assure Damien Garreau. Il sera commercialisé, prix public, entre 1 500 et 2 000 euros.

Quant aux compétiteurs des JO, il leur appartient de démarcher, tester et choisir leur fournisseur. "Nous avons d'ores et déjà été sélectionnés par les compétiteurs de l'équipe de France, hommes et femmes, ainsi que par une championne espagnole, des athlètes croates, slovènes, polonais…" En attendant juillet 2024, les collaborateurs de Rotomod auront les yeux rivés sur la prochaine coupe du monde en juin. "Si les Françaises gagnent avec notre bateau, on espère 95 % des athlètes féminines des JO. Si on est en finale hommes, on aura une bonne part du marché", tablent les dirigeants.

Le Paname a déjà été choisi par plusieurs athlètes, dont le double champion du monde Boris Neveu et Benjamin Renia, qui ont contribué à son élaboration — Photo : Rotomod

Montée en puissance sur la sous-traitance

Outre sa production en propre (kayaks principalement donc - 20 000 par an -, mais aussi flotteurs de catamarans, Optimist, pédalos, mobilier…) qui représente 70 % de son chiffre d'affaires, Rotomod œuvre en tant que sous-traitant pour une multitude de clients. Micro-stations, cuves, colonnes de tri, mannequins de tir, luminaires pour Ligne Roset, etc., l'entreprise cumule plus de 3 000 références, dont beaucoup de pièces volumineuses. "Au prix du transport et compte tenu du peu d'unités par camion, les donneurs d'ordre ont tout intérêt à s'approvisionner localement", explique le président, qui fournit un large quart sud-ouest.

Pour monter en puissance et répondre à la demande, Vincent Mas et les quatre autres cadres actionnaires de l'entreprise ont décidé d'investir 3 millions d'euros dans nouveau bâtiment tout juste achevé (1 600 m2 sur les 10 000 couverts du site de Bon-Encontre) pour abriter un four de plusieurs mètres de haut capable d'accueillir des moules de 4 mètres et qui, dès le mois de juin, décuplera la production et libérera les six autres fours pour le nautisme.

35% de l'activité de Rotomod est destinée à la sous-traitance pour plus de 3 000 références, du mannequin de tir à la micro-station d'épuration, en passant par des cuves, des collecteurs de tri, etc — Photo : Caroline Ansart

Rotomod mène aussi une politique d'autoconsommation en électricité, à défaut de pouvoir la conduire pour le gaz de ville qui alimente ses fours. Elle équipera bientôt tous ses toits de panneaux photovoltaïques. Sans compter un bâtiment supplémentaire de 2 000 m2 dont la construction doit débuter en juin, qui sera dévolu au stockage. "Nous avons conclu un partenariat avec Apex Energy (société montpelliéraine, 61M€ CA 2021, NDLR) qui finance le chantier en échange de l'exploitation de sa toiture pendant 30 ans."

Une filière dédiée au recyclage d'ici la fin de l'année

Le souci du recyclage n'est pas que l'apanage du CIO et des amateurs de kayaks. "La demande est très prégnante pour des produits issus de matière recyclée", affirme Vincent Mas. L'entreprise, déjà dotée d'un petit broyeur, enclenchera la vitesse supérieure d'ici la fin de l'année avec l'appui de la Région et de l'Ademe. Moyennant un premier investissement de 400 000 euros, le site de Bon-Encontre accueillera un convoyeur et un broyeur plus gros capable d'engloutir un demi kayak pour le régurgiter en copeaux. "D'ici deux ans, nous compléterons la filière avec notre propre microniseur pour les transformer en poudre." Rotomod récupère tous les produits en polyéthylène gratuitement. "Beaucoup de clubs ont des bateaux irréparables. Les mettre en déchèterie coûte de l'argent. Nous les prenons", explique Damien Garreau.

Pas dit pour autant que la matière première devienne meilleur marché. "Sourcer des rebus est quasiment aussi cher à cause de la logistique, estime Vincent Mas. Pour des gisements conséquents, comme en Bretagne, nous réfléchissons à optimiser le transport en étudiant aussi les voies fluviales ou ferroviaires."

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