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La crise pousse l'appli Dipongo à jouer sur le terrain des particuliers
Bordeaux # Informatique # Innovation

La crise pousse l'appli Dipongo à jouer sur le terrain des particuliers

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Créée à Bordeaux en mai 2017 par Emmanuelle Gras, Dipongo développe une application qui sollicite la créativité des enfants. Commercialisée auprès des professionnels depuis deux ans, l'appli a été proposée gratuitement aux familles pendant le confinement. Un test à marche forcée et concluant : la start-up déclenche une offre basée sur la conversion de ces nouveaux utilisateurs en abonnés payants.

A son lancement en 2017, Dipongo avait fait le choix d'adresser les musées et les hôtels. Face à la fermeture des établissements, les fondatrices ont décidé de proposer gratuitement Dipongo aux particuliers. Il s'agit aujourd'hui de convertir ce nouveau public en abonnements payants. — Photo : DR

"Il était impensable pour moi de m’ennuyer au travail à 27 ans", se souvient Emmanuelle Gras. Début 2017, l’ingénieure quitte un poste de cheffe de projets dans un cabinet de conseil pour se consacrer à la création de son entreprise. Son idée : développer une solution interactive dédiée aux enfants les incitant à poser leur écran et engageant leur créativité. Grand bien lui en a pris : sa première participation à un concours de start-up néoaquitaines se solde par un premier prix, en avril 2017. Pongo, le nom savant de l’orang-outan, animal totem de la jeune pousse, est enrichi d’un préfixe pour l’acclimater au monde digital. Dipongo est né et prend les traits d’un joyeux singe, sous la plume de l’illustratrice Marion Péret, bientôt associée.

La cible des petits clients d’hôtels

Les hôtels et musées sont les premiers clients de l’appli. C’est lors de salons que les grands comptes approchent l’animal. En mai 2018, présente au Viva Technology, Emmanuelle Gras note le besoin de ses futurs clients : enrichir leurs parcours clients. Pitchant et remportant à cette occasion le prix " Reception and entertainment of kids in hotels " organisé par AccorHotels Group, la Bordelaise entre dans la foulée en négociation avec les hôtels Ibis, Fauchon, la SNCF et les musées suisses Kinder City et Explorit. "Nous proposons aux clients la licence applicative des histoires Dipongo", précise la dirigeante. Le secteur BtoB constitue alors l’axe de développement de la start-up qui affiche un premier chiffre d’affaires de 80 000 euros après trois mois de commercialisation. Une levée d’amorçage de 450 000 euros est réalisée en septembre 2019. Début 2020, l’appli enregistre 25 000 téléchargements, l’équipe s’est étoffée à 4 collaborateurs pour un chiffre d’affaires 2019 à 250 000 euros.

Un déploiement anticipé vers le grand public

Surviennent la crise sanitaire et le confinement ; les belles perspectives BtoB engagées sur les salons 2019 s’assombrissent brutalement. Les débouchés liés au secteur du tourisme se ferment, des négociations sont mises entre parenthèses, voire interrompues dans le cas notamment de l’enseigne Courtepaille, en dépôt de bilan. Sans attendre, le téléchargement de Dipongo est proposé gratuitement aux particuliers. Dix semaines plus tard, la communauté du grand singe compte 60 000 nouveaux utilisateurs.

"Nous nous sommes transformés en entreprise BtoC et avons vraiment gagné en visibilité pendant cette période. À nous de convertir cette offre gratuite en abonnements auprès de clients prêts à payer", poursuit-elle. Pour pousser ce virage vers le BtoC, une campagne de financement participatif est lancée sur KissKissBankBank (jusqu’au 3 novembre 2020). En quatre semaines, mi-octobre, 2 000 abonnements étaient souscrits.

"Parallèlement, nous cherchons d’autres leviers d’acquisitions ", indique la dirigeante. Noël approchant, un coffret est en préparation pour rejoindre les rayons de deux grandes enseignes culturelles. La rentabilité de l’entreprise est, quant à elle, attendue dans un an. Pour atteindre cet objectif Dipongo s’apprête en outre à mettre une première patte dans des clubs de vacances. En pleine négociation, l’orang-outan prépare sa valise.

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