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Jérôme Gabuteau (Invelac) : "Ma société a fait l'objet d'une procédure sans que j'en sois informé"
Témoignage Dordogne # Industrie # Fusion-acquisition

Jérôme Gabuteau (Invelac) : "Ma société a fait l'objet d'une procédure sans que j'en sois informé"

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Placée en redressement judiciaire par erreur fin 2022, l'entreprise périgourdine d'imprimerie et reliure Invelac se délecte désormais de son récent label Entreprise du patrimoine vivant qui récompense son savoir-faire d'excellence. Remise de ses émotions, elle poursuit son expansion. Après le rachat d’une imprimerie fin 2022, son président projette d’en ouvrir une autre d’ici fin 2023.

pdg de invelac — Photo : Claude-Hélène Yvard

La vie d'un chef d'entreprise n'est pas de tout repos, ce n'est pas Jérôme Gabuteau qui dira le contraire. Le PDG de la société d'imprimerie, d'édition et de reliure Invelac (1,4 M€ de CA pour une quarantaine de salariés) savoure depuis mars le label Entreprise du patrimoine vivant EPV, une reconnaissance nationale pour un savoir-faire d'excellence que la société doit à son activité de reliure artisanale. "Nous ne sommes plus qu'une demi-douzaine d'entreprises à même de répondre aux appels d'offres pour ce type de travaux", explique le chef d'entreprise. Parmi ses clients : le Conseil constitutionnel, la Cour des comptes, l'École normale supérieure, la Ville de Bordeaux... Pourtant, il y a encore quelques mois, l'heure était davantage à la perplexité dans les grands bâtiments du siège périgourdin, à Neuvic-sur-l'Isle (ex-enseigne Marbot, fabrique de chaussures pour l'armée française).

"Des conséquences terribles"

"Début juillet 2022, je reçois un coup de téléphone d'un cabinet qui m'explique qu'il s'occupe du dossier de redressement judiciaire de mon entreprise. J'étais abasourdi. Ma société faisait l'objet d'une procédure sans que j'en sois informé", raconte Jérôme Gabuteau. Le tribunal de commerce de Périgueux lui reproche alors de n'avoir jamais donné suite à des courriers recommandés envoyés à son domicile et de ne pas avoir publié les comptes de son entreprise. "Du moment où la procédure est publiée, votre société est en redressement. Cela a eu des conséquences terribles. Du jour au lendemain vos comptes sont bloqués, on ne bénéficie plus de crédits fournisseurs, les règlements Urssaf ne peuvent pas se faire. Heureusement que notre situation était saine et que notre trésorerie était suffisante."

La décision du tribunal de commerce attaquée

Le mandataire en charge du dossier comprend vite qu'il s'agit d'une erreur et accompagne le chef d'entreprise pour l'extirper de sa situation ubuesque.

Jérôme Gabuteau attaque la décision du tribunal de commerce de Périgueux mais doit patienter jusqu'en septembre 2022 pour que le tribunal de grande instance de Bordeaux reconnaisse qu'Invelac n'avait pas lieu d'être placée en redressement, enjoignant un nouveau jugement prévu deux mois plus tard. "Nous avons eu deux mois tendus, où je me suis posé pas mal de questions. La procédure a été stoppée définitivement en novembre 2022. Cette mésaventure a laissé des traces sur le plan humain et financier avec des frais de justice à la clé." Pas de perte de marché à déplorer mais il a fallu rassurer, notamment quand Invelac a acquis la petite imprimerie Bordas en banlieue de Périgueux, fin 2022.

Une nouvelle imprimerie à Thiviers d'ici la fin de l'année

Parce que pendant ces cinq mois d'interrogations, le chef d'entreprise n'a pas freiné ses projets notamment dans l'imprimerie, liée depuis toujours à Invelac et dans laquelle le chef d'entreprise mise beaucoup, fort de ses résultats en progression. "La société a été constituée au départ par l'Imprimerie Fanlac créée en 1968 et Reliure Devel. Depuis 2010, j'ai notamment racheté l'imprimerie Mussidanaise, puis une structure qui s'appelle Reso (Reliure du Sud-Ouest sur Bordeaux) et une usine de façonnage industriel. Nous sommes aussi éditeurs", retrace Jérôme Gabuteau. En novembre, Invelac a donc racheté Bordas (quatre salariés) à Coulounieix-Chamiers. Un investissement de 110 000 euros pour le fonds de commerce et le parc machines. De quoi perpétuer l'activité offset.

Désormais, c'est vers le nord du département que se tourne Jérôme Gabuteau, toujours porté par une des marques de fabrique de l'entreprise : le hors-norme, l'insolite et l'unique. "Mon souhait est d'ouvrir une nouvelle imprimerie à Thiviers d'ici la fin de l'année. Il y avait deux imprimeries, il n'y en a plus. Nous sommes en discussion avec la mairie. Nous y réaliserions de l'impression locale, spécialisée dans les grands formats pour de l'affichage et éventuellement du brochage numérique et de l'impression sur tissu." Pour assurer les recrutements prévus, le PDG travaille avec Pôle Emploi à des formations en entreprise.

"Une vraie récompense"

Et nul doute que pour recruter l'entreprise ne manquera pas de souligner son nouveau label. "C'est une vraie récompense et une vraie satisfaction. Il nous fait une belle publicité et cela se ressent positivement sur l'activité." Dans l’atelier de reliure artisanale, six personnes formées en interne œuvrent avec minutie, manipulant des ouvrages rares appartenant aux grandes bibliothèques de France. L’équipe est en mesure de répondre aux exigences les plus élevées dans le domaine : format miniature, format XXL, travail à l’unité… Pour une reliure traditionnelle, 96 étapes sont nécessaires. "Nos marchés sont nationaux voire européens", se réjouit le chef d'entreprise, et nécessitent, donc, un savoir-faire reconnu à sa juste valeur.

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