Dans la vie d'une start-up, il n'est pas rare de partir avec des certitudes et de les voir être rapidement bousculées. C'est ce qui est arrivé à Jean Fourche, qui a vu le jour à Bordeaux en 2021. "Nous avons lancé un vélo local, durable et réparable", indique Benoit Maurin, l'un des trois fondateurs de cette SAS, avec Maël Le Borgne et Mathieu Courtois. Un vélo mécanique, donc : "Nous avons d'emblée exclu l'électrique, car les pièces étaient alors fabriquées dans des pays lointains, dans des conditions difficiles à appréhender". Après avoir vendu 300 exemplaires de ce premier modèle, Jean Fourche vient d'en lancer un second… électrique, lui. "Il faut dire que les choses ont évolué à vue d'œil", explique Benoit Maurin. "On parle beaucoup de réindustrialisation, on en a vu les effets dans le secteur. En quelques mois, la plupart des composants ont recommencé à être produits en Europe, et même en France pour certains." Résultat, Jean Fourche est aujourd'hui capable de proposer une bicyclette fabriquée avec des composants fabriqués à 80% sur le vieux continent. Les cadres sont produits au Portugal et peints à Latresne (Gironde), puis assemblés dans l'atelier bordelais de Jean Fourche. "Nous avons fait un très gros travail de sourcing pour nous approcher de ce qui se faisait dans les années 70-80, quand les vélos étaient entièrement made in France. Tout en maintenant des prix abordables, car beaucoup de sous-traitants proposent des éléments assez chers, plutôt destinés aux vélos de sport", détaille Benoit Maurin.
Objectif : 800 vélos vendus
Pour se démarquer sur un marché en fort développement mais très concurrentiel, la start-up bordelaise mise sur la durabilité de ses produits. "Nous voulons que nos vélos soient gardés le plus longtemps possible. Et réparés facilement. Nous faisons donc appel au fabricant de batteries bordelais Gouach. Elles sont conçues avec des piles qui ne sont pas soudées, donc qui sont remplaçables facilement quand l'une d'elles est défaillante. Dans une batterie classique, quand survient une panne, il y a en réalité 80% des éléments qui fonctionnent encore. C'est donc un gâchis d'autant plus grand qu'on ne sait pas les recycler. Là, Gouach travaille avec des piles Panasonic déjà recyclées et encore recyclables", assure Benoit Maurin.
Côté moteur, Jean Fourche sous-traite au motoriste français Virvolt, spécialisé dans la conversion des vélos mécaniques en électriques. "Nous pouvons ainsi le proposer à des clients qui ont acheté notre premier modèle. Quant à ceux qui commandent le deuxième, il est tout à fait possible d'en enlever le moteur dans quelques mois, s'ils se rendent compte qu'ils n'en ont pas vraiment l'utilité", poursuit le dirigeant de Jean Fourche.
La start-up bordelaise a vendu, en 2022, 300 vélos mécaniques et vient d'ouvrir les commandes pour son modèle électrique, proposé au prix de 2 290 euros. La start-up compte aujourd'hui trois salariés et entend en embaucher neuf cette année. Elle vise les 800 bicyclettes électriques vendues en 2023, au travers une cinquantaine de boutiques ainsi que sur son site internet. Cette année, les dirigeants tablent sur un million d'euros de chiffre d'affaires.
