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Jacques Mangon (Comité des Villes Ariane) : « L'espace est un enjeu fondamental de rayonnement et de business »
Interview Bordeaux # Spatial # Innovation

Jacques Mangon maire de Saint-Médard-en-Jalles Jacques Mangon (Comité des Villes Ariane) : « L'espace est un enjeu fondamental de rayonnement et de business »

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Depuis le 20 février, Bordeaux a pris la présidence du Comité des Villes Ariane, qui regroupe quinze villes européennes et les entreprises industrielles parties prenantes du programme spatial européen Ariane. Pour un an, la métropole girondine revêt ainsi le rôle de vitrine de l’aérospatial européen et régional. Jacques Mangon, maire de Saint-Médard-en-Jalles, ville de Bordeaux Métropole qui abrite deux sites d'ArianeGroup employant 2 500 personnes, évoque quelques pistes pour la filière.

— Photo : DR

Le Journal des Entreprises : Que représente la présidence bordelaise du Comité des Villes Ariane pour Saint-Médard-en-Jalles, qui abrite deux sites du géant européen ?

Jacques Mangon : C’est à la fois une reconnaissance et une opportunité. Une reconnaissance parce que c’est une année capitale pour le spatial européen. Le fait de donner la présidence de cette association, qui regroupe les industriels et les villes européennes autour du programme spatial et notamment d’Ariane, ne se fait pas au hasard. Si c’est venu à Bordeaux Métropole c’est parce que nous avons un savoir-faire reconnu et une place essentielle dans le transport spatial.

C’est également une opportunité pour mettre en valeur des compétences méconnues. Je ne suis pas sûr que la population ait bien conscience de notre excellence mondiale dans certains domaines, à Saint-Médard-en-Jalles et au Haillan (deux villes qui abritent trois sites d'ArianeGroup représentant 3 500 emplois, NDLR) notamment, et dans la Métropole. Cette présidence nous ouvre également des opportunités nouvelles qui permettent de rassembler toutes les compétences, très nombreuses sur le territoire, qui peuvent concourir à faire le spatial de demain, tant au niveau métropolitain que national et européen. Il s’agit de mobiliser le terreau local, très fertile et très riche, pour de nouveaux développements. Les villes Ariane mettent en valeur ce moment charnière où nous étions forts dans l’ "ancien" spatial, et où il est nécessaire de le rester dans le nouveau (la filière NewSpace des nanosatellites notamment, NDLR).

Gosia Petaux, nouvelle directrice du Festival Big Bang qui se déroule dans votre commune, déclarait dans nos colonnes que la présidence du Comité des Villes Ariane est "l’occasion de réfléchir à un spatial plus responsable". Est-ce que cette présidence est aussi l’occasion d’insuffler un peu plus une prise de conscience générale ?

Jacques Mangon : C’est un aiguillon pour nous-mêmes. Le fait de braquer le projecteur sur nos compétences en matière de spatial, c’est nous proposer de nouveaux défis au niveau industriel mais aussi sur les questions environnementales et les nouvelles missions qui attendent l’espace. Il s’ouvre, crée de nouveaux marchés, de nouvelles applications. Il devient déterminant notamment au niveau environnemental avec des programmes comme Copernicus [programme européen de surveillance de la planète lancé par l’Agence Spatiale Européenne et l’Agence européenne pour l’environnement, NDLR]. La place de l’Europe et de la France est en train de se dessiner pour les années à venir.

Le président d’ArianeGroup veut une sensibilisation aux enjeux du spatial. Par quels grands axes cela va-t-il va passer, notamment pour le grand public ?

Jacques Mangon : L’espace est un enjeu fondamental de souveraineté, de rayonnement et de business. Je peux donner plusieurs exemples expliquant l’importance du spatial. Premièrement, les voitures autonomes. On voit bien que, dans dix ou quinze ans, les véhicules autonomes seront une évidence, nous conduirons probablement beaucoup moins que par le passé. Pour être capable de diriger ces véhicules, il faut un niveau de précision que seul l’espace peut apporter. Pour la surveillance du climat, seul l’espace est capable, avec les satellites d’observation par exemple, de donner les éléments permettant de prévoir l’évolution du climat et d’identifier ces évolutions. Enfin, il y a tous les autres espaces. Ce qui nous paraissait de la fiction hier est un avenir prévisible à long terme : l’exploration de l’espace, la gestion de débris spatiaux, la récupération, le militaire spatial. Un commandement de l’espace a été créé aux États-Unis depuis trois ans, et la France en a créé un en 2019.


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Pour Bordeaux Métropole, où la filière Aéronautique-Spatial-Défense (ASD) représente 20 000 salariés et 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, devenir le visage européen d’Ariane est une récompense. Avec 3 400 emplois et 700 fournisseurs, ArianeGroup est le premier employeur de la filière ASD sur le territoire. L’entreprise regroupe d’ailleurs 40 % de ses effectifs mondiaux autour de Bordeaux.

Pour cette année 2020, une soixantaine d’évènements est à prévoir autour du lanceur Ariane et de l’espace en général dans la métropole bordelaise. Parmi les évènements à venir, un colloque international sur l’aéronautique et la défense le premier avril ou la remise du prix aéronautique et espace Nouvelle Aquitaine le 19 mai. Le Festival Big Bang de Saint-Médard-en-Jalles (9-13 juin) abritera le premier Conseil des Maires Ariane de l’année, avant le vol inaugural d’Ariane 6 prévu pour décembre.

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