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Hydrogène de France entre en phase industrielle grâce à sa nouvelle usine
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Hydrogène de France entre en phase industrielle grâce à sa nouvelle usine

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Le chantier de construction du futur siège d’Hydrogène de France à Blanquefort, en Gironde, sur l’ex-site de Ford, est lancé. D’ici fin 2023, le géant du secteur disposera ainsi de la première usine mondiale de fabrication en série de piles à combustible hydrogène de forte puissance. Les débouchés sont colossaux.

HDF débute la construction de son usine de production de pile et futur siège sur 4 ha de la friche de l’ex-Ford Industrie — Photo : HDF - Patriarche Architecture

Il ambitionne de devenir l’un des leaders mondiaux de la fabrication en série de piles à combustible hydrogène. "Quand nous avons commencé, nous ne savions pas combien de temps cela prendrait", raconte le PDG d’Hydrogène de France (HDF) Damien Havard, en posant fin février la première pierre de sa future usine de production à Blanquefort (Gironde). Il lui a fallu onze ans seulement, depuis le siège actuel de Lormont (Gironde), pour s’implanter dans plus de 20 pays sur les cinq continents, lancer la première centrale électrique à hydrogène de forte puissance au monde qui produit de l’énergie verte 24 heures sur 24 (en Guyane en 2017-2018, 170 M€ d’investissement) - en cours de duplication dans une vingtaine de pays -, et entrer en Bourse en 2021 (levée de fonds de 115 M€), notamment.

HDF (détenu à 61,1 % par ses fondateurs et administrateurs, notamment son PDG à 49,5 %, à 16,8 % par le groupe français indépendant Rubis - distribution d’énergie, production d’énergie renouvelable et stockage de produits liquides - et 16 % public, principalement) avance tambour battant et cumule un portefeuille d’affaires de "plus de 5 milliards d’euros". Son chiffre d’affaires consolidé 2022 dévoilé ce jour (3,5 M€) "n’est pas représentatif, toutes les activités à l’étranger n’étant pas prises en compte", assure son PDG.

Une gigafactory en 2030

"Aujourd’hui, nous entrons dans une deuxième phase, la phase industrielle." C’est ce que va permettre cette nouvelle usine de Blanquefort qui coûte 20 millions d'euros : outre le futur siège, le bâtiment de 7 000 m2 abritera surtout neuf lignes de production capables d’assembler 60 piles par an de forte puissante (1,5 MW pour commencer, 10 MW en 2030), destinées à l’export pour 80 %. "Nous serons le premier client de l’usine pendant les premières années, en direct ou en prescripteur", décrit le PDG, certain de son modèle économique au point de prédire à son usine - pas encore sortie de terre - de devenir en 2030 "la première gigafactory de France" en poussant les murs à 12 000 m2, doublant la capacité de production, générant 500 emplois directs et des centaines de millions d’euros. "Nous sommes sur un secteur où il y a une taille critique, des volumes nécessaires, estime Damien Havard. Nous sommes sur le début d’une technologie, il faut de la R & D et monter en puissance."

La réserve foncière est prête, HDF attend la validation de la Commission européenne concernant son intégration au programme IPCEI (projet important d’intérêt européen commun) - pour lequel l’État a déjà donné son feu vert - et le soutien financier qui l’accompagne.

70 % d’approvisionnement en Nouvelle-Aquitaine

Pour fabriquer ses piles géantes (de la taille d’un conteneur de 40 pieds), l’usine assemblera des piles plus petites, déjà utilisées dans la mobilité légère (voiture et bus), provenant notamment du canadien Ballard Power Systems avec lequel elle a signé un contrat en 2019, en attendant d’autres sources. "Nous sommes à la recherche de fournisseurs supplémentaires", annonce Damien Havard.

HDF prévoit de constituer 70 % de sa chaîne d’approvisionnement en Nouvelle-Aquitaine avec des besoins en composants électroniques, tuyauterie, conteneurs… "Nous allons aussi travailler avec des sous-traitants", précise le PDG qui compte sur le tissu local particulièrement propice. "Nous n’allons pas recréer de l’usinage alors que nous sommes entourés par des entreprises de l’aéronautique !"

Concernant les emplois directs (une centaine à l’ouverture), une campagne de recrutements sera lancée durant l’été : mécaniciens, tuyauteurs, électriciens…

Réseaux électriques, frets maritime et ferroviaire

Quand les lignes de production tourneront, à l’été 2024 selon les prévisions du dirigeant, les piles afficheront une durée de vie de 20 ans et "se recycleront à 98 ou 99 %", affirme Damien Havard. Leur destination : les réseaux électriques et la mobilité lourde, frets maritime et ferroviaire. Des débouchés colossaux en partie made in HDF.

L’entreprise girondine envisage ainsi la mise en service de la première barge zéro émission en 2025 à Rouen, Elementha H2 (avec Sofresid, Amethiste, Cetim, Rubis et le support de l’Ademe, Air Liquid, Eopsa, Gican Haropa Port et Normandie Énergie). Objectif : décarboner les tankers et porte-conteneurs en escale.

Quant au débouché ferroviaire, "le retrofit des locomotives est un énorme marché", reconnaît Damien Havard. Le projet Hyshunt, en partenariat avec Captrain (filiale SNCF pour le fret), devrait ainsi émerger à partir de 2025 sur les premières opérations de manœuvre à Saint-Avold (Moselle). C’est aussi à Saint-Avold - et à Sarrebruck (Allemagne) - que HDF prévoit l’installation en 2027 de deux centrales électriques de piles à combustible de forte puissante (10 MW chacune).

Dans les tuyaux encore, la création des premières stations-service à hydrogène sur la métropole bordelaise. Et tout ce qui pourra émerger de la zone de test de l’usine de Blanquefort, sur site, mise à disposition des chercheurs et universitaires partenaires.

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