Difficile pour l’heure d’estimer les impacts économiques de la guerre en Ukraine sur le territoire girondin. Une chose est sûre pour Patrick Seguin, le président de la CCI Bordeaux Gironde, "si le conflit se poursuit, les semaines qui arrivent vont connaître des grands chambardements". Selon lui, sans attendre, il faut réactiver les liens avec les chefs d’entreprises, ainsi que cela avait été fait au plus fort de la crise Covid. "Face à la gravité de la situation, le gouvernement nous confie le rôle d’intervenant de premier niveau pour recueillir les informations relatives aux impacts. Au cas par cas, entreprise par entreprise, métier pour métier, il s’agit de faire remonter les questions et d’éviter les trous dans la raquette", explique Patrick Seguin.
Mobilisation du monde économique
Pour ce faire, la CCI souhaite pouvoir s’appuyer sur l’ensemble du monde économique local, sur les chambres consulaires, les syndicats patronaux et les fédérations professionnelles. "Si nous n’identifions pas encore d’entreprises mises en péril par le conflit, des effets immédiats nous sont déjà remontés", poursuit-il. Au-delà la flambée des prix des carburants qui fragilisent particulièrement les transporteurs, il est question de problématiques liées à l’approvisionnement en métaux et matières rares, notamment le titane, et transformés, usinés en Russie. "Selon une enquête que nous avons menée du 10 au 16 mars, on estime à 9 % la part des établissements ayant des échanges avec la Russie et ou l’Ukraine. Mais 31 % des entreprises estiment que ce conflit aura un impact à court terme", note Patrick Seguin.
Alerte maximale
Au sujet des pénuries, le secteur de l’aéronautique retient son souffle. "Il se peut qu’il y ait des conséquences sur des programmes de réalisation d’avions : il va falloir trouver des produits de substitution, les tester, les agréer, cela va prendre du temps. Certains métaux sont par ailleurs transformés, certaines pièces usinées en Russie", s’inquiète le président qui rappelle que les carnets de commandes sont pleins.
Côté prévention, la CCI rappelle combien les dispositifs de cybersécurité doivent être renforcés. Côté moral des troupes, Patrick Seguin redoute que ces temps d’incertitudes ne se traduisent rapidement en défection notamment en termes de reprises d’entreprise ou de créations de filiale. Des dossiers seraient déjà gelés, aux dires également du monde bancaire. "Tous les jours nous découvrons des conséquences que nous n’avions pas imaginées. Nous sommes une nouvelle fois en alerte maximale", conclut l’élu consulaire.
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