Pyrénées-Atlantiques
Chloé Salmon-Legagneur : "Produire du textile recyclé pour contribuer à la réindustrialisation"
Interview Pyrénées-Atlantiques # Industrie # Innovation

Chloé Salmon-Legagneur directrice du CETIA "Produire du textile recyclé pour contribuer à la réindustrialisation"

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Le CETIA, à Bidart dans les Pyrénées-Atlantiques, est la première plateforme d’innovation dédiée au tri et au démantèlement automatisés d’articles textiles ou chaussures en fin de vie en France. Le point avec Chloé Salmon-Legagneur, sa directrice.

Chloe Salmon-Legagneur est la directrice du CETIA, fruit d’un partenariat entre l’école d’ingénieurs ESTIA et le CETI (Centre Européen des Textiles Innovants) — Photo : D.R.

L’école d’ingénieurs ESTIA, basée à Bidart (Pyrénées-Atlantiques), et le CETI (Centre Européen des Textiles Innovants), à Tourcoing (Hauts-de-France) ont officiellement créé fin 2021 une structure commune, le CETIA. Quelles sont l’activité et la raison d’être de cette plateforme ?

Aujourd’hui, de plus en plus d’entreprises cherchent à remettre de la matière recyclée dans leurs nouveaux produits. On commence à avoir des technologies pour refaire du fil à partir d’un vieux tee-shirt, mais l’élément bloquant c’est le " délissage ", c’est-à-dire le fait d’enlever les glissières, les boutons, les étiquettes qui viennent perturber le recyclage. Ces opérations-là sont actuellement faites manuellement, mais cela nuit à la compétitivité de la filière, ce sont des opérations qui ont un coût important. C’est un peu le point faible du recyclage. L’ESTIA a donc décidé de s’associer avec le CETI pour développer, grâce aux nouvelles technologies, des systèmes performants afin de préparer la matière en vue de son recyclage : la trier par composition (coton, polyester…), par couleurs et retirer les fameux points durs (boutons, coutures, poches, zips… NDLR). On traite, au CETIA, l’habillement et la chaussure et nous avons quelques lignes exploratoires autour du sac et de la maroquinerie.

Quels sont les enjeux pour les acteurs de la filière ?

Les 200 000 tonnes de déchets textiles émis en France chaque année, c’est vraiment un trésor de guerre. Ils peuvent être transformés en matière recyclée disponible sur notre territoire pour refaire des vêtements, sous réserve que l’on ait mis au point les technologies qui permettent d’être compétitifs et que les marques puissent acheter un fil recyclé au même prix qu’un fil vierge. L’enjeu pour les marques est important. Elles peuvent réduire leur impact environnemental de 30 à 40 % avec de la matière recyclée, faire face à la hausse des prix et à une possible pénurie de matière première. Si on arrive à produire du textile recyclé issu de vêtements qui sont dans nos placards, cela va contribuer à toute la dynamique de la réindustrialisation et de la fabrication locale.

Quels sont les objectifs de développement du CETIA ?

L’objectif n’est pas d’être, demain, un centre de tri et de collecte local. On est une plateforme technologique, pour mettre au point la technologie, la tester puis la transférer soit aux collecteurs-trieurs traditionnels (Le Relais par exemple), soit à de nouveaux acteurs qui voudraient venir sur le marché.

L’investissement initial de 1,5 million d’euros a été financé à hauteur de 50 % par la région Nouvelle-Aquitaine. Quelles sont les autres sources de financement ? Et quels autres investissements sont envisagés ?

La région Nouvelle-Aquitaine a octroyé ce premier financement dès 2019. Le reste du montant est financé grâce à des programmes d’innovation avec des marques (dont Décathlon, Eram, deux acteurs du luxe…). L’investissement initial va permettre de financer l’achat des premiers équipements qui vont arriver en fin d’année.

On a démarré par ailleurs (au mois de mars 2022, NDLR) un nouveau projet d’un million d’euros sur l’arrachage automatique des semelles de chaussures, également cofinancé par la région et mené avec Zalando, Décathlon, le groupe Eram, Revalorem et une entreprise du luxe.

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